Haute couture: Cigarettes et tétons libérés chez Jean Paul Gaultier

French fashion designer Jean-Paul Gaultier is seen backstage prior to his 2018-2019 Fall/Winter Haute Couture collection fashion show in Paris, on July 4, 2018. / AFP PHOTO / Alain JOCARD © AFP

« Has been », le tabac? L’anticonformiste Jean Paul Gaultier a fait danser des volutes -virtuelles- de cigarette, dans sa collection de haute couture automne-hiver 2018-2019 qui jouait avec l’idée du smoking, mercredi au dernier jour des défilés parisiens.

Le couturier, qui a bouleversé la mode des années 1980, a toujours aimé la transgression. La cigarette, contre laquelle les autorités de santé mondiales mènent la guerre, lui inspire des bijoux: collier, boucle d’oreille, bracelet.

Haute couture: Cigarettes et tétons libérés chez Jean Paul Gaultier
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Des images de volutes de fumée sont projetées sur le rideau blanc d’où sortent les mannequins et le défilé s’ouvre sur la chanson « Cigarette » de Jacques Higelin, disparu en avril dernier. La robe de mariée finale, vaporeuse en organza vert d’eau, évoque aussi un nuage de tabac évanescent.

D’autres robes sont tout en sinuosités. Les mannequins tiennent ici une pipe, là un fume-cigarette, ou une cigarette électronique. Dans cette collection où les silhouettes masculines étaient nombreuses, les opposants au tabac sont aussi présents, portant un pull de fourrure ou un masque, à message « no smoking ».

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Un jeu de mots avec le smoking, élément central de cette collection essentiellement noire et blanche, décliné à l’infini.

Le couturier a aussi voulu envoyer un message de « liberté »: « la liberté qu’on devrait pouvoir avoir, de fumer ou de ne pas fumer », dit-il à l’AFP. « On est dans un monde assez policé », épingle-t-il.

Ironie du calendrier, la ministre française de la Santé Agnès Buzyn avait qualifié le matin même le tabac de « has been », ajoutant que fumer n’était « plus dans l’air du temps ».

‘Tétons libres »

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La liberté pour Jean Paul Gaultier s’exprime aussi avec le message « tétons libres » ou « free the nipple », inscrits sur des bustiers de plastique transparent, portés à même la peau par un homme et une femme. « Les hommes ont le droit d’être torse nu, pourquoi les femmes n’en auraient-elles pas le droit? », lance-t-il. « Je ne dis pas qu’il le faut, moi qui suis pour les corsets et pour les soutiens-gorge! Mais la femme peut ne pas en porter! », poursuit le couturier, en référence à un incident « assez scandaleux » au cours duquel une jeune fille a été convoquée par la direction de son lycée en Floride pour ne pas avoir porté de soutien-gorge sous son sweat-shirt.

Mais le créateur a prévu des protections de plastique pour « montrer qu’on peut se balader les seins nus sans pour autant vouloir être attaquée et agressée ».

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Autre star de la collection, le fez. Réalisé par le chapelier britannique Stephen Jones, ce traditionnel couvre-chef de feutre rouge en forme de cône tronqué, coiffe de nombreuses têtes. Des silhouettes de cavaliers foulent le podium, avec des pantalons et des bottes d’équitation.

Le couturier, connu pour son art de découper les vêtements, s’amuse à faire d’un pantalon un short, se servant du reste pour en faire des bottes. Un mannequin à la chevelure rousse, portant une tourbillonnante robe de tulle bleue, rappelle Yvette Horner, reine de l’accordéon et des bals populaires, et amie de Jean Paul Gaultier, disparue en juin.

Haute couture: Cigarettes et tétons libérés chez Jean Paul Gaultier
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Parmi les célébrités au premier rang du défilé, figurait le musicien Nile Rodgers, à qui Jean Paul Gaultier a fait appel pour son spectacle « Fashion Freak Show », qui évoque son propre parcours et doit se jouer à partir du 2 octobre aux Folies Bergère à Paris. Etait également présente la cinéaste Tonie Marshall, avec qui le couturier cosigne la mise en scène.

La réalisatrice a confié son « admiration depuis toujours pour la créativité » de Jean Paul Gaultier. Dans ses défilés, « j’ai toujours vu quelque chose qui était au-delà de la mode, une façon de théâtraliser, de penser », a-t-elle dit à l’AFP.

Le spectacle « va raconter sa vie, et la façon dont il a compté dans l’évolution de la mentalité de beaucoup de gens, sur le genre, sur la liberté, sur la transgression ».

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