Delphine Kindermans

Haute couture: focus sur les talents aiguilles

Delphine Kindermans Secrétaire de rédaction au Vif

Ceux qui tiennent la mode pour une inanité tout juste bonne à dicter la taille d’un ourlet ne se sont sans doute jamais donné la peine d’analyser les changements sociétaux par le chas de l’aiguille. Ils se seraient alors rendu compte qu’elle en dit plus long qu’on ne pense sur le monde tel qu’il est…

Ceux qui tiennent la mode pour une inanité tout juste bonne à dicter la taille d’un ourlet ne se sont sans doute jamais donné la peine d’analyser les changements sociétaux par le chas de l’aiguille. Ils se seraient alors rendu compte qu’elle en dit plus long qu’on ne pense sur le monde tel qu’il est. Un rôle de baromètre de l’époque qui la rapproche de l’art, et quiconque a un jour poussé la porte de ces ateliers où des petites mains coupent, perlent, ornent, brodent pour créer les collections féériques de la haute couture confirmera que l’analogie ne s’arrête pas là.

Ces anonymes-lu0026#xE0; ont de l’or au bout des doigts

Fort heureusement, le luxe a aujourd’hui compris tout l’intérêt de valoriser ces savoirs sublimes mais fragiles, confrontés à des difficultés de rémunérations ou de travail aléatoire et, peut-être plus encore, de transmission de compétences pointues et de manque de main d’oeuvre qualifiée. Pour pallier cela, en septembre dernier LVMH a inauguré l’Institut des métiers d’excellence, proposant des formations en alternance auprès des pros. Depuis deux ans, le groupe de Bernard Arnault ouvre aussi une quarantaine de ses manufactures au grand public lors des Journées particulières. En 2011, Hermès avait déjà pris l’initiative du Festival des métiers, une expo itinérante qui depuis lors parcourt la planète, faisant escale dans ses boutiques, de San Fransisco à Pékin, Londres ou Sidney pour y donner à voir la maîtrise de ses artisans.

Chez Chanel, on s’est soucié dès 1985 de la menace qui pesait sur ces professions sans lesquelles les dessins de Karl Lagerfeld ne pourraient être traduits en robes, bijoux de tête, chaussures, éventails et autres accessoires d’exception. Pour les sauver de la faillite, la griffe a dès lors racheté le parurier Desrues. Une dizaine d’années plus tard, le fleuriste et plumassier Lemarié le rejoint, rapidement suivi par le bottier Massaro, le brodeur Lesage, l’orfèvre Goossens… Désormais, onze de ces maisons forment une constellation appelée Métiers d’art, dont le talent est mis en avant chaque année au travers d’un défilé inspiré par une ville faisant écho à l’histoire de Coco. Après Dallas l’an dernier, Bombay, Byzance ou Moscou, l’édition 2014 a eu lieu le 2 décembre à Salzbourg. C’est, paraît-il, en Autriche que la créatrice avait rencontré un garçon d’ascenseur dont la veste inspira son modèle devenu culte…

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