Hedi Slimane, portrait
En imaginant une nouvelle silhouette masculine, il a donné vie à la génération slim(ane). Adulé de tous, le créateur français, également reconnu pour son oeil de photographe, revient sur le devant de la scène, en tant que directeur de la création et de l’image d’Yves Saint Laurent.
La sphère fashion trépigne. Plus que quelques jours avant le retour de son enfant chéri sur le devant de la scène. Ce 1er octobre, tous les regards seront braqués sur Hedi Slimane et sa première collection Femme en tant que directeur de la création et de l’image d’Yves Saint Laurent.
A priori, l’exercice sera réalisé avec brio. De l’avis de tous, le créateur français est l’un des plus visionnaires de sa génération : alors qu’il officiait triomphalement à la tête de Dior Homme – une marque créée pour lui par Bernard Arnault, patron du groupe de luxe LVMH -, Hedi Slimane bouscule les codes du vestiaire masculin, au début des années 2000. Il imagine une silhouette androgyne et filiforme, composée d’un pantalon étroit, d’une veste affûtée et d’une fine cravate noire.
Outre Vincent Cassel, Patrick Bruel, Jamel Debbouze et Karl Lagerfeld, c’est surtout la jeune génération qui est séduite par cette esthétique moderne. Un pari réussi pour Hedi Slimane, qui confiait en 2008 à Elle France : « Il s’agissait depuis le départ de réconcilier la tradition du tailleur masculin avec une génération hermétique aux notions de statuts et de pouvoir. » Le créateur fait mouche et connecte à nouveau la mode masculine à son époque. Son style finit même par tomber dans le domaine public, puisqu’il est désormais dupliqué à l’infini, sur les podiums comme dans la rue.
La jeunesse, un objet de fascination pour cet homme de 44 ans. C’est elle qu’il photographie inlassablement depuis cinq ans, depuis qu’il a décidé de quitter son poste de directeur créatif chez Dior Homme, à défaut d’avoir pu trouver un arrangement pour dessiner une collection Femme. Ses clichés, principalement en noir et blanc, sont tirés au cordeau, une marque de fabrique qu’il impose sur son site Web, ainsi qu’à travers plusieurs ouvrages et expositions – notamment à la prestigieuse galerie Almine Rech, à Paris. Sa passion pour la prise de vue/vie remonte à ses 11 ans, lorsque ce fils d’un boxeur tunisien reconverti en comptable et d’une couturière italienne acquiert son premier appareil photo. Il se rêve alors reporter ; la mode ne s’imposera à lui que par hasard, une sorte d’échec transfiguré, dit-il – quel bel échec.
L’artiste, fan de David Bowie depuis ses 6 ans, voue également une fascination sans borne à la musique. Au début des années 2000 (encore), il accompagne l’émergence de la nouvelle scène rock. Il habille ainsi les Strokes, les Whites Stripes ou les Libertines. Il les suit durant leurs concerts et les immortalise, eux et leur public de jeunes enthousiastes, on y revient.
On le dit rigoureux et intègre. Ce timide romantique est aussi et surtout sans concession. En témoignent les trois conditions qu’il a mises, en acceptant de revenir travailler pour Yves Saint Laurent, chez qui il a commencé sa carrière, de 1996 à 2000. Primo, le créateur poursuivra ses activités de photographe en parallèle. Deuxio, son studio de création sera installé à Los Angeles, là où il mène une vie discrète, presque monacale – il ne fume pas, ne boit pas. Enfin, et tertio, il sera en charge de l’image de marque dans sa globalité et de toutes ses collections. Quatre mois à peine après son arrivée, Hedi Slimane a d’ailleurs déjà mis « Yves » aux oubliettes, le prêt-à-porter étant dorénavant baptisé Saint Laurent. Tout simplement.
Énorme enjeu, sa collection printemps-été 2013 sera en fait la première que le directeur de la création consacrera véritablement à la Femme. Quelle sera-t-elle ? Dans une interview accordée à Libération en 2007, il livrait peut-être une clé. « Je ne vais sans doute pas me lancer dans une cascade de volants. Je ne ferai pas quelque chose de plus ou de moins « féminin », mais d’autrement féminin. » Confirmation, ce lundi.
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