Hermès et Sonia Rykiel: Certaines maisons ont le chic pour recevoir avec élégance

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Certaines maisons ont le chic pour recevoir avec élégance. Et générosité. Welcome chez Hermès et Sonia Rykiel.

Hermès invite ses hôtes au Lycée Victor Duruy, rue de Babylone, Paris 7ème. Le proviseur, visiblement charmé par cette concentration de beautiful people dans la cour de son école, n’en revenait pourtant pas – s’il avait été millénial, il aurait osé faire un selfie avec Anna Wintour, sûr que ses élèves auraient kiffé. En lieu et place, il se fait un plaisir de parler de Victor Duruy, ministre de l’Instruction publique sous Napoléon III, qui encouragea la gratuité de l’éducation et lutta pour promouvoir l’enseignement féminin – respect. Le sellier du 24 de la rue du Faubourg Saint-Honoré a « légèrement » ripoliné le lycée.

Au sol, un chemin de graviers rouges, des spots fumants qui semblent doucement enflammer les arbres tandis que le chant printanier des oiseaux s’échappe de quelques baffles habilement dissimulés. Impression d’irréalité magique, quel enchantement. La terre s’est arrêtée de tourner, nous sommes dans un autre monde. Normal quand il s’agit d’artisanat de haut vol, de savoir-faire précieux, de temps suspendu. En 54 silhouettes, Nadège Vanhee-Cybulski, la création qui oeuvre pour Hermès au féminin, dresse le portrait de femmes qui affichent « cette intime assurance d’être soi et de ne le devoir à personne ». Elle s’est rapprochée du corps, et c’est tant mieux, avec des robes qui épousent la taille pour mieux la souligner.

Les matières ont la fougue et la beauté de la nature, le veau déperlant, le cerf léger, le vison souple côtelé rappellent s’il le fallait les métiers ancestraux de la maison. Tout ici est référencé, même le clou Médor qui mute en bouton de manteau canadienne. Ce n’est pas un détail, mais ses Hermessences vont bottées, leurs cuissardes ont de l’audace et du chien, on les dirait trempées dans un même bain de vert andalousite, d’ultra-marine ou d’orange sur semelle en gomme dans le même ton. Dans le scénario de ce défilé qui annonce l’automne et prévient que l’hiver arrive, il est mystérieusement écrit ceci : « Dans la pénombre électronique, quelqu’un joue du Debussy. Je vous attendrai pour l’eau, la glace et le feu ».

Sonia Rykiel convie ses invités à l’Ecole nationale supérieur des Beaux-Arts, rue Bonaparte, Paris 6ème. Sur le carton, les éclats rouges d’un feu d’artifices, la maison est à la fête, c’est anniversaire. Un demi-siècle de liberté, de maille, de sexe et de plage sous les pavés, cinquante ans de Saint-Germain-des-Prés, de dictionnaire déglingué, d’éclats de rire, de démode et de rykielisme, un manifeste. Julie de Libran, directrice artistique de la maison depuis 2014, connaît ses classiques. Et les mêle à ses influences de teenager, l’esprit du Post-punk, la New Wave et la Pop music.

Du coup, tout est soudain joyeux dans ce monde réel où les femmes sourient, dansent, chantent et n’ont pas peur de leur ombre. Il y a de l’anticonformisme dans l’air, avec des chapkas oversize, de la dentelle plus qu’ajourée, du masculin contrasté au féminin, un petit pull vert pomme assorti à sa mini en cuir et des tailleurs-pantalons en velours. Et quand au final, les Bananaramas déboulent le temps d’un mini-concert sous serpentins, on sait que nous sommes toutes des Vénus, des « Goddess on a mountain top/Burning like a silver flame/Summit of beauty and love ». Et que la grande Sonia y est pour quelque chose.

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