Hyères : la fabrique de talents

Le défilé de Botter à Hyères 2018
En couronnant Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh, le jury mode adoube un duo emballant qui pense des vêtements Homme placés sous le signe de l'héritage, de la joie, de l'imagination, de l'engagement green. © Catwalk Pictures

Ils sont venus des Pays-Bas, du Canada, de Belgique, de Finlande, d’Allemagne, de France, de Corée du Sud ou de Russie, convergeant en choeur vers la Villa Noailles (Var). Car en cette fin avril, le Festival international de mode, de photographie et d’accessoires de mode à Hyères, trente-troisième édition, déplace le coeur battant de la mode quittant Paris et ses codes Vieille France pour vivre le temps d’un week-end dans un Sud décidément plus chaleureux.

Chaque année à pareille époque et depuis trois décennies, les jeunes créateurs font donc ce pèlerinage joyeux inventé de toutes pièces par Jean-Pierre Blanc qui l’avait rêvé « éclectique et généreux », il n’a pas failli. Un festival dit toujours quelque chose de son époque et s’il est en outre doté de concours, s’offre le vrai luxe de prendre position. En couronnant Rushemy Botter et Lisi Herrebrugh, le jury mode présidé par Haider Ackermann adoube un duo emballant qui pense des vêtements Homme placés sous le signe de l’héritage, de la joie, de l’imagination, de l’engagement green.

Hyères  : la fabrique de talents
© Catwalk Pictures

Dans un bel élan de poésie décontractée et stylisée, ce tandem basé à Anvers rend hommage à l’élégance innée des Caribéens, celle d’un grand-père pêcheur qui avait le chic malgré lui pour transformer un filet à poissons ou un sac en plastique trouvé sur la plage en accessoire de peu, de rien mais qui fait toute la différence – « Fish or Fight ». Rushemy, formé à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, et Lisi, diplômée de l’Amsterdam Fashion Institute, ont installé leur petit studio sur les rives de l’Escaut pour penser et lancer leur label baptisé Botter désormais auréolé de ce Grand Prix du jury Première Vision.

Hyères  : la fabrique de talents
© Catwalk Pictures

Ce qui leur vaut une bourse de création de 15 000 euros remis par Première Vision, une visibilité dans les salons du même nom à New York et Paris, une collection capsule à créer pour Petit Bateau et un projet de collaboration qui peut s’étaler dans le temps avec les Maisons d’Art de Chanel, à hauteur de 15 000 euros – ils pourront ainsi se laisser entraîner dans les riches méandres des métiers ancestraux sauvés par la maison créée par Mademoiselle.

Nul doute que l’ennoblissement sera de mise, car ce binôme qui vit, travaille et respire en parfaite symbiose vénère la broderie, les réappropriations et les détournements qui permettes à leur amour du classicisme de se muer en ultracontemporaine garde-robe, masculine certes, mais nulle part il n’est dit qu’elle exige de se cantonner aux seuls garçons, ainsi le clame ce XXIe siècle soudain passionnant. Bravo.

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