Karl m’a dit…: les confidences de Lagerfeld

© Reuters

De Karl Lagerfeld, on connaît les lunettes noires, les cheveux poudrés de blanc et les sorties au vitriol. En vrai, il était bien plus grand. Et plus corrosif encore. Anne-Françoise Moyson l’avait rencontré. Nous republions cette interview exclusive du directeur artistique de Chanel, entre autres, parue dans le Black Mode du Vif Weekend, du 24 février 2012. Voici le off.

Robes et musées

« J’ai horreur des vieilles robes, je ne vais pas dans les musées. D’ailleurs, une robe, ce n’est pas de l’art, c’est fait pour être porté. Mademoiselle Chanel, Madame Vionnet, Worth ou Poiret n’ont jamais pensé qu’ils faisaient de l’art, et que cela devait finir dans un musée, ça, ce sont des soldes recyclées. »

Danse

« Je ne danse plus le chachacha. Parce que personne ne sait le danser. Et puis chaque chose à son époque. J’ai eu pendant longtemps, jusqu’il y a quatre ans, une maison avec une salle de bal et un parquet pour la danse, j’adore danser mais je n’ai plus envie »

Lady Gaga, bis

« Lady Gaga est un monstre comme moi. »

Agoraphobie

« J’ai horreur du ballet moyen, j’ai horreur de l’opéra moyen, j’ai horreur des interprétations horribles, dans des décors horribles et j’ai un autre problème, je ne vais plus jamais au théâtre ni rien, parce que j’ai horreur d’être assis parmi des étrangers, c’est une phobie. »

Bains

« Je n’ai aucune voix, je ne chante pas sous la douche, j’ai horreur de ça, d’ailleurs je prends des bains. »

Faire avaler pour génial ce qui n’était que de l’amateurisme branché, c’est une sorte de génie

Lady Gaga

« Une certaine tenue physique a une bonne influence sur le côté moral. Voyez Lady Gaga, elle fait des efforts énormes. C’est beaucoup moins facile que de raser les murs pas lavée, pas maquillée, dans une espèce de saloperie grisouille. Moi j’admire les gens qui font un effort et qui amusent un peu la galerie. Et même sans aller jusque-là, j’aime que les gens soient impec. »

Travail

« Est-ce que je considère que ce que je fais c’est travailler ? Non, pour moi, c’est comme manger ou boire… Cela dit, toute chose exploitée commercialement, c’est du travail, cela s’appelle comme ça, ce n’est pas une charity. »

Andy Warhol

« Il n’y a pas beaucoup de copies du film « L’Amour » d’Andy Warhol, à part la fameuse scène dans laquelle je joue. Je l’ai revue lors d’une soirée chez une amie. Je ne peux pas croire que cette créature était moi. Il y avait deux messieurs à côté de moi qui s’extasiaient : « Ah, la lumière, c’est admirable », ils discutaient de toutes les intentions de Warhol. Je me suis excusé d’interrompre leur conversation et je leur ai expliqué qu’en réalité, il y avait une lampe là et Andy Warhol qui nous disait : « Faites ce que vous voulez » et après, on jouait vingt fois n¹importe quelle scène et il prenait ce qu’il voulait. C’était une fumisterie. Mais il avait la chance que tout ce qu’il faisait était considéré, surtout après coup, comme génial. Et dans un sens c’était génial, parce que faire avaler pour génial ce qui n’était que de l’amateurisme branché, c’est une sorte de génie. »

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iPad

« J’ai cru longtemps que je n’étais pas geek, mais j’ai fini par apprendre tout seul, j’ai passé une matinée sur cette tablette et j’ai compris. »

Ecole

« Je voulais devenir caricaturiste, portraitiste, illustrateur. J’étudiais ce qu’on étudie avant de passer le bac, à Paris, dans une école privée, place Champerret. Mais je n’allais presque jamais à l’école. Ni en France ni en Allemagne d’ailleurs – la concurrence n’était pas rude, c’étaient tous des imbéciles. »

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