La fausse fourrure est-elle vraiment une alternative raisonnable?

. © Getty Images
Stagiaire Le Vif

L’utilisation de la fourrure dans l’industrie de la mode a toujours soulevé un vrai débat. Pour les défenseurs des animaux, elle manque cruellement d’éthique, et pour les environnementalistes, la fausse fourrure – omniprésente dans nos garde-robes depuis la saison dernière – est une vraie source de pollution. Quelle est donc la meilleure solution ?

Depuis quelques années, de plus en plus de grandes marques comme Gucci, Burberry, Michael Kors ou Versace ont décidé de suivre l’Anti Fur Movement et ont dès lors banni les fourrures animales de leurs collections. Toutes les polémiques autour de cette tendance ont fait l’objet d’enquêtes rondement menées : ce qui était vu auparavant comme une pièce de mode incontournable, soulève désormais le mépris. Et quiconque déroge à la règle prend le risque de se faire lancer un seau de faux sang à travers la figure. La fausse fourrure s’impose donc sur les podiums comme le nouvel incontournable, à la fois tendance et éthique.

Mais, une ombre apparait au tableau : les matières synthétiques utilisées. Les scientifiques affirment que ces substituts éthiques d’un point de vue du bien-être animal, sont entièrement fabriqués en plastique, avec l’impact sur la planète qui va avec, à savoir, important.

Les clients potentiels se retrouvent donc coincés dans une position embarrassante et la question se pose : l’impact écologique de la fausse fourrure surpasse-t-il les problèmes d’éthiques liés à la fourrure animale ? Il temps pour les fashionistas d’abandonner leurs fourrures tant adorées et de se tourner vers d’autres matériaux moins sujets à polémiques ?

En Wallonie, la production de fourrure est interdite depuis janvier 2015 et depuis 2017 dans la région Bruxelles-Capitale grâce à l’agence GAIA. La Flandre prévoit de stopper toutes les activités d’ici 2023. Il existe encore 17 élevages dans la région. Chaque année, plus de 200.000 animaux y sont ainsi transformés en vêtements ou en accessoires.

Pour Mark Oaten, PDG de la Fédération internationale de la fourrure (FIF), le débat n’a pas lieu d’être. Selon lui, la fourrure animale est beaucoup plus écologique que la fausse fourrure, confectionnée à base de plastique. Il mentionne notamment l’exemple de la marque Coach : «  La marque Coach a déclaré qu’elle supporterait le développement durable en supprimant tous les vêtements à base de fourrures et je trouve cela ridicule. Elle supprime un produit entièrement écologique. En quoi est-ce que c’est durable ? Soit les directeurs ne comprennent pas le sens du mot durable, soit ils ont juste peur d’une minorité de militants anti-fourrures. »

Dans une vidéo présente sur le site, le PDG de la Fédération internationale de la fourrure (FIF) promet cependant de mettre tout en oeuvre pour rendre le commerce de fourrure animale plus éthique et assurer le bien-être de ces animaux.

Pour les groupes de défenses des animaux, ce genre de discours soulèvent la polémique. Ils avancent que ce revirement de l’industrie de la mode fait preuve de « greenwashing » alors que la tendance des fausses fourrures bat son plein.

« La fourrure est uniquement « naturelle » à partir du moment où elle se trouve sur un animal » rétorque Claire Bass, directrice exécutive à la Humane Society International.

Elle affirme que la fourrure animale est elle-aussi une vraie ennemie de l’environnement.

« Les déchets animaliers polluent l’eau via des produits comme le nitrogène ou le phosphore » explique-t-elle à The Independant. « Il y a une pollution de l’air causée par l’incinération des carcasses et l’évaporation d’agents polluants comme le monoxyde de carbone, l’oxyde de nitrogène, le sulfure de dioxyde et l’acide hydrochlorique. Ajoutez cela au cocktail de produits chimiques toxiques destinés au tannage et à la transformation en vêtements. » explique Claire Bass.

« La fourrure animale est bonne pour l’environnement » Cet argument n’est pas nouveau et ne fait l’unanimité. En 2012 , une publicité de l’Association européenne Fur Breeders (EFBA) s’est fait bannir parce qu’elle prétendait que « porter de la vraie fourrure était bon pour l’environnement » parce qu’elle « est éternelle » et « aide à la préservation ».

Mais la fausse fourrure s’impose-t-elle dès lors donc comme une alternative durable et éthique ? Malheureusement pas. Le site Madehow , explique que la fausse fourrure est généralement fabriquée à partir de fibres polymériques synthétiques telles que l’acrylique, le modacrylique ou le polyester, des formes différentes du plastique. La fabrication de ces fibres demande l’intervention de produits chimiques dérivés du pétrole, du charbon, du calcaire, de l’eau et de l’air.

« Le monde de la mode nous dit que nous pouvons avoir ce que nous désirons, que nous n’avons pas à tuer des animaux pour porter de la fourrure, mais ils ne nous dévoilent pas les quantités de carbone nécessaires à l’extraction des matériaux pour créer les fausses fourrures » explique Mary Creagh, membre du Parti travailliste anglais.

Elle ajoute même que ce produit alternatif est « impossible à recycler » et finit souvent à la poubelle, conséquence du phénomène fast fashion.

Malgré tout, Claire Bass affirme que de plus en plus de grandes marques commencent à prendre conscience du problème et à se tourner vers des méthodes de fabrication plus durable, afin de réduire leur empreinte écologique.

Parmi elles, on peut citer Calcaterra. En collaboration avec le fabricant Ecopel, cette marque a réussi à développer des manteaux en fourrure entièrement créé à partir de bouteilles de plastiques.

Le créateur de la marque Guardini, Tiziano Guardini se sert lui aussi de matériaux complètement inédits comme des pailles, des aiguilles de pin ou du chanvre pour créer des pièces remarquables aussi vraisemblables que de la vraie fourrure.

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La marque new-yorkaise House of Fluff se veut elle aussi entièrement eco-friendly. Le magazine Vogue l’a dit lui-même « Vous avez surement vu beaucoup de vêtements en fausse fourrure. Mais aucun d’entre eux ne sera aussi luxurieux, fabriqué avec attention, soucieux de l’environnement que ceux fabriqués chez House of Fluff. »

« Malheureusement, encore de nombreux produits de prêt-à-porter sont encore fabriqués à partir de fibres synthétiques dangereuses pour la planète » explique Kym Canter, PDG de House of Fluff à The Independant. « Il faudra tous s’unir pour endiguer le problème et avancer. Il ne faut pas utiliser cette problématique pour faire oublier la problématique autour du bien-être animalier. »

Selon la styliste Anna Berkeley, toutes ces critiques envers la fausse fourrure ne reflètent qu’un problème récurrent dans l’industrie de la mode.

« Elever des animaux pour ensuite les tuer au nom de la mode ne me convient pas du tout, mais l’industrie doit absolument trouver une solution pour diminuer l’impact environnemental des vêtements. Dans le secteur de la fast fashion, les produits sont rapidement délaissés et prennent des années pour se biodégrader » explique-t-elle.

Comme vous pouvez le voir, le débat fait toujours rage et la meilleure solution est encore loin d’avoir été trouvée. Néanmoins, une chose est sûre : la fourrure animale disparait de plus en plus des défilés. Dans ce domaine en tout cas, l’industrie de la mode semble donc sur la bonne voix

Thomas Bagnoli

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