La garde rapprochée de Karl Lagerfeld
Des soeurs Fendi à Choupette, en passant par Penélope Cruz et Peter Philips, zoom sur l’entourage du pape de la mode décédé ce 19 février.
Virginie Viard
Si, de son vivant, on surnommait Lagerfeld l’empereur de la mode, sa directrice de studio se tenait sans aucun doute à la droite de son trône, place revenant traditionnellement au plus fidèle partisan. En 1987, elle pousse les portes de la célèbre maison pour y effectuer un stage; ils ne se quitteront jamais. Le 19 février dernier, jour de la disparition du créateur, elle est désignée pour « continuer de faire vivre l’héritage de Gabrielle Chanel et de Karl Lagerfeld » et succède à celui qu’elle aura accompagné durant trois décennies.
Gabrielle Chanel
Il aura fallu moins d’un siècle à celle que l’on surnomme Coco (1883 – 1971) pour révolutionner le milieu de la mode, mélangeant pour la première fois les codes masculins et féminins. En 1983, Karl Lagerfeld devient le directeur artistique de la maison Chanel, qui incarne communément l’élégance française. Il envisage rapidement d’en revoir le style, qu’il juge poussiéreux, en poussant et exagérant les traits qui ont pourtant fait la renommée de la maison. « Il ne valait mieux pas qu’on se croise, elle m’aurait détesté », déclarait-il en 2013 à l’Huffington Post.
Choupette
Un fard en hommage à ses yeux, un shooting avec Kendall Jenner pour Vogue, une ligne de sacs à son nom, près de 200.000 abonnés sur Instagram… voilà le palmarès étonnant de Choupette, la chatte du créateur. Initialement propriété du mannequin Baptiste Giabiconi, elle s’est fait « cat-nappée » en 2011 après que le couturier, chargé de s’en occuper quelques jours, se soit pris d’affection pour elle. Si Karl Lagerfeld parlait d’elle comme d’une héritière, ce qui n’est pas envisageable légalement, une chose est sûre: le nouveau tuteur de la petite « orpheline » sera sans aucun doute à l’abri du besoin.
Peter Philips
Une collaboration de plus de vingt ans, cela laisse des souvenirs. « On a travaillé à deux pour Fendi, puis chez Chanel quand j’y étais, et par la suite pour des projets personnels, se rappelle Peter Philips, aujourd’hui directeur du maquillage Dior. Je lui dois énormément. Il était loyal et vous laissait libre dans votre création. » Des journées intenses, vu l’emploi du temps surchargé de celui que le Belge installé à Paris définit comme « drôle, humain… et persifleur ». Mais ce qui lui manquera le plus, c’est la manière dont il l’accueillait toujours d’un « Mister Philips, so happy to see you ».
Michel Gaubert
C’est au Palace, club parisien très prisé des personnalités de la mode à la fin des années 70, que se rencontrent par hasard le styliste allemand et Michel Gaubert. A l’époque DJ pour la boîte du moment, il est sollicité par le Kaiser qui lui demande de réaliser l’habillage sonore de ses défilés, les transformant ainsi en véritables shows. Une idée qui mettra du temps à germer dans l’esprit du musicien, mais qui débouchera finalement sur une collaboration, dès les années 90. Devenu le premier « couturier du son », il signait il y a peu 30 ans de cocréation sonore, aux côtés du designer.
Amanda Harlech
Si elle a régulièrement été désignée comme la muse du kaiser, la Britannique dénonce cette appellation, précisant au quotidien Libération: « Karl a bien d’autres femmes que moi qui l’inspirent. » Celui-ci lui préférait d’ailleurs le terme de collaboratrice. Après une douzaine d’années de cocréation, elle décide de le rejoindre officiellement en 2007. Des visions souvent abstraites du directeur artistique, elle ressortait des mots et des idées qu’elle transmettait au studio, tout en apportant sa touche personnelle. Toujours avec humilité.
Les soeurs Fendi
Quand les cinq soeurs à la tête de la griffe romaine viennent le chercher, il y a cinquante ans, Karl Lagerfeld accepte à une seule condition: s’amuser, pour tout révolutionner. En 1977, le directeur artistique lance une collection de prêt-à-porter, à côté des fourrures et accessoires phares de Fendi. S’ensuit un succès retentissant. « Immensément affectée par sa disparition », la maison italienne n’a pas encore dévoilé le nom de son remplaçant. Silvia Fendi a rendu, elle, hommage à « son mentor et son point de référence. Un regard suffisait pour se comprendre… »
Hudson Kroenig
Avec pour marque de fabrique ses boucles blondes et son sourire malicieux, le fils du mannequin américain Brad Kroenig est devenu, au fil des années, le petit protégé de l’illustre couturier. Dans la galaxie du créateur, le garçonnet de 9 ans occupe une place à part puisqu’il est aussi son filleul. Outre les shows auxquels il a l’habitude de participer, l’enfant a également pris la pose pour des campagnes de la griffe, dont celle de la collection Métiers d’Art Paris-Salzbourg.
Penélope Cruz
Nommée ambassadrice de la marque en juillet dernier, l’actrice madrilène oscarisée met sa beauté au service de la griffe aux deux C entremêlés et prête ses traits à la collection Croisière 18-19. Une réussite selon les dires du label, « le regard franc, les cheveux libres, l’élégance innée de Penélope Cruz est mise en lumière. Par son attitude déterminée, au travers de l’esquisse d’un sourire, elle incarne totalement l’allure de Chanel ».
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