La lampe d’Alain Gilles par Lespagnard: bling bling ou éthique?

Le créateur de mode belge Jean-Paul Lespagnard transforme une lampe portative du designer Alain Gilles, à destination de l’Afrique, en accessoire phosphorent de sa collection hiver 2013/14. Charity bling bling superficiel pour fashionistas chauvines ou un acte sensé et hautement éthique?

Cette semaine, le jeune créateur de mode bruxellois au succès international, a organisé une fête belge à l’occasion de son défilé pour l’hiver prochain. Au menu, croquettes aux crevettes, mais surtout ses mannequins défilant, accessoirisés d’une fameuse lampe signée du designer belge Alain Gilles.

La lampe Nomad O’Sun a été imaginée l’année passée par Alain Gilles, notre designer de l’année 2012. C’est une lampe portative à 12 leds, qui fonctionne grâce à un panneau solaire. Si elle est bien chargée, la lampe reste allumée à pleine puissance. Mais il y a également moyen de baisser l’intensité de la lumière.

La lampe, élue favorite par les visiteurs de l’exposition consacrée aux awards Henry van de Velde au Parlement flamand, a été conçue pour être vendue autant ici qu’en Afrique. « Près de 600 millions d’Africains vivent sans électricité. Pour leur éclairage, ils dépendent de lampes de kérosène ou de bougies, ce qui est dangereux et mauvais pour la santé ».

Le modèle business d’O’Sun? Le prix de vente ici (112 euros sur le site web O’Sun) sera à peu près le double du prix en Afrique, puisqu’en plus d’être vendues en vrac, les ONG seront responsable de la vente et non les agents et les commerçants. En ce moment les lampes sont testées en Afrique et les négociations avec les ONG locales sont en cours, déclare Xavier Baudoux, administrateur d’O’Sun. Plus près d’ici, des associations de scouts testent la lampe.

La version de base se vend déjà en ligne ici, et sera disponible dans les boutiques d’éclairage à partir du mois de mars. La version de Lespagnard constellée de pierres précieuses se vend déjà en ligne au prix de 548 euros. « Je trouve fantastique que la lampe soit présente au défilé » déclare Alain Gilles avec enthousiasme. « C’est en effet un produit universel utile partout. Pourquoi les produits en Afrique devraient-ils être inférieurs à ce qu’on trouve en Europe ? »

Les fans de design belge applaudiront cette collaboration entre un créateur de mode et un designer. En effet, pour beaucoup de consommateurs, le soutien des talents locaux est un aspect important de leurs achats. Mais, se demanderont d’autres consommateurs, ce genre de projet est-il vraiment rentable ? Ou s’agit-il de marketing intelligent de Lespagnard et O’ Sun ? Difficile à estimer sans avoir vu de chiffres et de contrats concrets.

Cependant, Gie Goris, rédacteur en chef du magazine mondial Mo*, véhicule une opinion assez positive : « Je n’éprouve pas de problèmes à m’adresser au consommateur disposant de moyens financiers conséquents pour le financement de projets sensés auprès de communautés pauvres. Seulement, je n’ai pas de vue sur les marges bénéficiaires et les réels transferts de moyens. Parce que disons tout le net : ceux qui achètent une telle lampe ici, réalisent surtout un acte fashion au contenu hautement éthique. »

Leen Creve

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