La mode en formes

Le 14 janvier, V Magazine sortira son « size issue ». Un numéro où les vraies rondes auront enfin le droit de cité.

Le 14 janvier, V Magazine sortira son « size issue ». Un numéro où les vraies rondes auront enfin le droit de citer. Pour l’occasion, le titre a soigné son teasing: une première série mode shootée par Richardson fut révélée en décembre, et voilà qu’une seconde déferle sur le net. J’avais déjà adoré l’idée, dans la première série, de juxtaposer un mannequin maigrelet (Jacqueline Jablonski) et un modèle aux formes pleines (Crystal Renn) dans les mêmes poses et les mêmes tenues, mais la seconde série m’a carrément bluffée.

Je ne vais pas être hypocrite: j’aime bien voir des filles minces dans les magazines. Le problème, c’est que la mode finit par ne plus montrer que des filles minces, et que bien souvent, elles ne sont même plus minces, elles sont carrément squelettiques.

Ce fameux numéro de V Magazine arrive donc à pic. Enfin la mode accepte de voir que la beauté n’est pas forcément synonyme de minceur. Enfin on nous montre d’autres modèles. Enfin les grosses sont valorisées.

On devine que leurs corps ont été passablement retouchés (toute trace de cellulite a été gommée), mais je m’en fiche complètement: lorsque je regarde une série mode, je n’ai pas envie que l’on me serve de la réalité, j’ai envie qu’on me fasse rêver. Or pour une fois, voilà que des photos m’incitent à rêver d’être plantureuse. J’avoue que ça ne m’arrive pas tous les jours!

Aujourd’hui, je vois toutes ces histoires de poids avec un certain recul. J’ai fait la paix avec mon corps (qui n’a rien de gros, certes, mais qui n’est pas non plus celui d’un mannequin). Je n’ai toutefois pas toujours été aussi apaisée face à mon reflet dans le miroir. A 18 ans, je faisais le même poids, et je me détestais. Les magazines de mode n’étaient sûrement pas responsables de mon mal-être, mais disons qu’ils n’ont rien arrangé.

Quand je vois les filles de cette série, aux poses si assurées, aux regards si fiers, je ne peux pas m’empêcher de me demander quel impact leur vue aurait eu sur l’adolescente que j’étais alors. Je n’ai pas de réponse. Tout ce que je sais, c’est que je veux qu’on m’en montre plus souvent, des belles filles comme ça. Vivement l’arrivée de ce fameux numéro en France, que l’on découvre les autres séries (dont une d’Inez et Vinoodh, et une autre de cette girouette de Karl Lagerfeld, qui crachait sur les grosses pas plus tard qu’en octobre dernier!).

Géraldine Dormoy

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