Le dernier défilé de Maria Grazia Chiuri chez Dior en 5 moments forts

Pendant neuf ans, Maria Grazia Chiuri a façonné l’identité de Dior à travers des collections mettant en dialogue féminisme, artisanat et art. Le 27 mai dernier, elle a fait ses adieux à la maison de couture avec un défilé croisière organisé dans sa ville natale, Rome. Ambiance, émotions et créations : récit en cinq moments-clés.

Le lieu

Le défilé s’est tenu en plein air, tard dans la soirée, dans les somptueux jardins de la Villa Albani Torlonia, un joyau du XVIIIe siècle niché au cœur de Rome. Un lieu habituellement fermé au public, où galeries de sculptures antiques, fontaines et fresques rappellent les fastes d’une élite romaine disparue.

Douze danseurs nous ont accueillis sur le site avec une chorégraphie signée du duo néerlandais Imre et Marne van Opstal. Le podium, installé en large cercle autour des jardins, garantissait à chacun – célébrités comme journalistes – une place au premier rang, avec vue panoramique sur le domaine.

Les invités

Quelques centaines d’invités venus du monde entier étaient présents, parmi lesquels des journalistes de mode, des clientes fidèles, des influenceurs et des stars issues du cercle restreint de la maison, telles que les actrices Natalie Portman, Rosamund Pike ou encore Ashley Park. Le Vif Weekend était le seul média du Benelux à couvrir l’événement.

Un strict dress code s’imposait, respecté par tous : les femmes en blanc, les hommes en noir. Un clin d’œil au célèbre Bal Blanc, le bal masqué orchestré au début du XXe siècle par la mondaine Mimi Pecci-Blunt. Ce bal, tout comme l’influence culturelle exercée par Pecci-Blunt sur la vie romaine, a inspiré en profondeur cette collection.

L’ambiance

C’est la hantise absolue pour toute maison de mode : faire venir des centaines d’invités du monde entier pour un défilé en plein air dans un pays du Sud… et voir la pluie s’inviter juste avant l’entrée du premier mannequin sur le podium. Et pourtant, hier soir, à part quelques influenceurs bougons, personne ne semblait vraiment s’en formaliser.

Des tentes ont été montées à la hâte pour abriter l’orchestre, des parapluies ont été distribués aux invités, et avec seulement un quart d’heure de retard, le show a pu débuter. L’orage menaçant ajoutait même une tension dramatique qui épousait parfaitement le décor… et la symbolique du départ de Chiuri chez Dior. Elle a reçu – bien sûr – une standing ovation, et c’est précisément à ce moment-là que le ciel s’est dégagé et que la pluie s’est arrêtée. On notait cependant encore quelques larmes – non météorologiques celles-là – sur les joues de spectateurs émus.

La collection

« Je veux montrer ce que j’aime voir, ce que j’aime vraiment voir », confiait Maria Grazia Chiuri juste avant le défilé. Une déclaration en ligne directe avec son travail chez Dior, qu’elle a orienté depuis neuf ans autour de la féminité, de collaborations avec des artisans locaux et d’un dialogue entre passé et présent. Ce manifeste a pris forme ici dans une série de longues robes blanches en velours et en dentelle, parfois associées à des vestes de smoking ou des corsets, clins d’œil assumés aux costumes historiques qu’elle affectionne tant. Elle a collaboré à cet effet avec Tirelli, le prestigieux atelier de costumes romain où elle aime puiser son inspiration.

On a également vu défiler des robes courtes et structurées en noir et bordeaux – références claires aux tenues portées par Anita Ekberg dans La Dolce Vita – mais aussi de longues tuniques dorées, à la fois futuristes et archaïques. Nombre de créations de Chiuri évoquent une esthétique presque médiévale, tout en restant pensées pour des femmes bien ancrées dans le réel. Première femme à occuper le poste de directrice artistique chez Dior, elle a su mieux que quiconque saisir ce que les femmes veulent porter aujourd’hui – et surtout, comment elles veulent le porter. C’est là, incontestablement, l’une de ses plus grandes forces.

Ce n’était sans doute pas sa collection croisière la plus audacieuse, mais assurément la plus personnelle. Et comme Dior n’organise pas de défilé haute couture cet été, elle a exceptionnellement fusionné des pièces de croisière et de couture. Des créations plus commerciales en soie et coton côtoyaient des broderies complexes, des textiles ajourés et des robes du soir aux finitions d’une minutie rare pour une croisière. Elle s’est manifestement offert – ainsi qu’à son équipe d’artisans et d’ateliers – un dernier hommage à la virtuosité et à la beauté. Même si les chaussures et quelques sacs portés par les mannequins promettent, eux, un succès commercial assuré : sous sa direction, les ventes d’accessoires chez Dior ont été multipliées par trois.

L’afterparty

Un défilé croisière ne saurait s’achever sans une afterparty décadente : musique live à fond, bars débordant de negronis, champagne et spritz, et donc une horde de fashionistas joyeusement éméchés. La fête s’est tenue entre les colonnes baignées de clair de lune d’un pavillon annexe de la villa. Sur la piste de danse, une foule compacte se déchaînait, avec au centre : Maria Grazia Chiuri, entourée de ses proches et de sa famille. Un peu plus loin, la légendaire journaliste de mode Suzy Menkes – tout comme votre humble serviteur – cherchait désespérément quelque chose à grignoter (les amuse-bouches qui faisaient office de dîner étaient microscopiques).

Une soirée inoubliable, en somme, et une magnifique conclusion pour un chapitre de mode majeur. Arrivederci !

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