Le joaillier Tiffany, une icône de l’Amérique
Tiffany, le plus grand joailler américain tombé dans l’escarcelle du géant français du luxe LVMH, est « une icône de l’Amérique à l’histoire incroyable », selon le mot de Bernard Arnault, son nouveau propriétaire.
Bijoux et Art Nouveau
L’épopée de la marque à la boîte bleue a commencé en 1837 lorsque Charles Lewis Tiffany ouvre un magasin d’articles de fantaisie sur Broadway à Manhattan où l’on peut trouver papeterie, mouchoirs et boîtes à gants.
Dix ans plus tard, la compagnie se spécialise dans la bijouterie, Charles Lewis Tiffany acquérant à partir de 1848 des collections de bijoux européens, notamment des diamants portés par Marie-Antoinette.
Dès 1850, Tiffany ouvre un magasin à Paris, rue de Richelieu, puis une branche à Londres en 1868 et une grande fabrique de montres à Genève.
Mais c’est avec le fils du fondateur, Louis Comfort Tiffany (1848-1933), un peintre et designer d’arts décoratifs, que la marque fait flores, alors que l’art verrier est en pleine renaissance en France, en Angleterre et à Venise.
Louis C. Tiffany, admirateur du céramiste et verrier de l’école de Nancy Emile Gallé, devient un héraut de l’Art Nouveau aux Etats-Unis. Ses lampes, panneaux et vitraux ornent les bâtisses des industriels du « Gilded Age », l’Age d’or industriel américain.
Tiffany décorera aussi l’intérieur de la Maison Blanche en 1882. « C’est une marque emblématique, une icône de l’Amérique qui devient ainsi un peu française. Elle a beaucoup de potentiel et une histoire incroyable », a résumé M. Arnault.
Un fleuron de la Ve avenue
Tiffany a su associer son image et son développement au rayonnement de New York en ouvrant en 1940 un magasin luxueux sur la prestigieuse cinquième avenue.
L’immeuble porte-drapeaux sur plusieurs étages, avec un fameux salon de thé bleu turquoise comme ses boîtes à bijoux à son sommet, attire touristes et clients de monde entier.
Parmi cette clientèle célèbre ont figuré les Kennedy, Richard Nixon, Elizabeth Taylor et Richard Burton.
Un unique diamant jaune à 90 facettes découvert en 1878 –que Tiffany n’a jamais cédé– y est exposé en permanence.
Le magasin a été immortalisé dans le film « Breakfast at Tiffany’s » (« Diamants sur Canapé »), adapté d’un roman de Truman Capote. La comédie romantique, qui s’ouvre sur une scène d’Audrey Hepburn en petite robe noire, des rangs de perles autour du cou, dégustant un café devant la vitrine du diamantaire, a inscrit encore davantage la marque dans l’imaginaire des Américains.
300 magasins dans le monde
Si l’enseigne de la Ve avenue, qui maintenant jouxte la Tour Trump, réalise près de 10% des ventes de la marque à elle toute seule, Tiffany exploite plus de 300 magasins dans le monde.
Le marché américain au sens large, y compris le Mexique et le Brésil, compte pour 44% des ventes, suivi par l’Asie (hors Japon) pour 28%, le Japon pour 15% et l’Europe pour 11%, selon les chiffres de Tiffany and Co.
Le joailler, pour l’acquisition duquel LVMH va débourser cash plus de 16 milliards de dollars, a réalisé un bénéfice de 586 millions de dollars pour un chiffre d’affaires de 4,4 milliards de dollars en 2018.
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