Madeleine Vionnet aux Arts décoratifs

Le musée des Arts décoratifs, à Paris, célèbre l’une des couturières les plus talentueuses et les plus méconnues du xxe siècle.

Le musée des Arts décoratifs, à Paris, célèbre l’une des couturières les plus talentueuses et les plus méconnues du xxe siècle.

Elle avait appris la couture chez la femme du garde-champêtre, à Aubervilliers, puis l’anglais outre-Manche, où elle fut lingère dans un asile d’aliénés. Elle avait ensuite fait ses débuts dans une maison de mode londonienne et de retour à Paris, avait tout appris chez les soeurs Callot, l’une des plus prestigieuses enseignes de ce début de siècle, le xxe. Jacques Doucet l’avait alors appelée à la rescousse pour rajeunir sa griffe. Elle avait eu le génie de demander à ses mannequins de marcher pieds nus, dans des robes portées à même la peau, sans corset ni baleines qu’elle avait envoyés valdinguer. Las, personne n’avait compris, on était en 1906. Alors, elle était partie, la belle idée. Et elle avait ouvert sa maison à elle, en 1912, la mit entre parenthèses durant la guerre, la rouvrit en 1918 pour déménager en 1923 au 50, avenue Montaigne dans ce qui deviendra un temple de la mode et de l’avant-gardisme social.

Puis la Seconde Guerre mondiale avait éclaté, elle avait fermé boutique, définitivement, ce que d’autres ne firent pas. Madeleine Vionnet était une vraie grande dame. Doublée d’un génie. Ses 130 modèles, mis en scène par Andrée Putman, aux Arts décoratifs, à Paris, disent son talent, son exigence, son apostolat. Ses drapés, son exploitation révolutionnaire du biais, ses coupes raisonnées non à plat mais dans l’espace, sa palette chromatique, son amour des tissus racontent une carrière inspirante, sans tache aucune, qui laisse pantois. Et qui influence encore les créateurs d’aujourd’hui. C’est tout cela que l’on comprendra dès le 24 juin en découvrant l’exposition Madeleine Vionnet, puriste de la mode. Aura-t-on le bonheur de voir cela aussi sur podium en octobre prochain, lors de la fashion week parisienne ? Car la maison Vionnet, acquise récemment par l’homme d’affaires italien Matteo Marzotto, renaît de ses cendres, avec à la création Rodolfo Paglialunga, ex-Prada, ex-Romeo Gigli. Puisse-t-il faire sien l’idéal de Madeleine Vionnet : « magnifier la femme et composer avec chacun de ses vêtements une sorte de poème achevé ».

Madeleine Vionnet, puriste de la mode, du 24 juin au 31 janvier prochain, aux Arts décoratifs, 107, rue de Rivoli, à 75001 Paris. Tél. : + 33 1 44 55 57 50

Anne-Françoise Moyson


Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content