Meryll Roge, Designer de l’année au Belgian Fashion Awards: « la mode belge offre une grande liberté »

Meryll Rogge

Les Belgian Fashion Awards ont célébré la mode belge, le 28 novembre dernier, à Bruxelles. Depuis 2017, ils couronnent la créativité noir-jaune-rouge. Co-organisés par Le Vif Weekend, Knack Weekend, Flanders DC, MAD Brussels et Wallonie Bruxelles Design Mode, ces awards mettent en lumière les talents d’aujourd’hui et de demain. Meryll Rogge s’est vue être désignée Designer de l’année 2024. Une récompense qui a un joli parfum de victoire.

2024 est une grande année pour Meryll Rogge. Elle s’est mariée en mai, a fêté ses 40 ans et les 5 ans de son label. Elle a défilé à Paris en février dernier et en septembre, elle montrait sa collection dans la résidence de l’ambassadeur belge. Nominée au prix de l’Andam, elle fait aussi partie des finalistes de l’international Woolmark Prize. Et pour couronner le tout, les Belgian Fashion Awards lui décernent aujourd’hui le prix de créateur de l’année. Depuis son studio près de Deinze, entourée de sa petite équipe et parfois de ses deux très jeunes enfants, Meryll est aux anges.  

Vous êtes la première femme à être couronnée Designer of the Year depuis le début des BFA en 2017. Quel sentiment? 

Meryll Rogge: C’est un honneur énorme! Les lauréats des années précédentes sont des noms iconiques dont je suis fan depuis toujours et même amie avec certains, comme Glenn Martens. C’est assez incroyable de pouvoir rejoindre cette petite liste. Et dans le contexte sociétal dans lequel on vit aujourd’hui, cela me fait tellement plaisir que le jury ait choisi une femme. Je trouve que c’est un très beau message, très encourageant pour nous toutes et pour la génération suivante… On va continuer à se battre pour se faire entendre! 

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Avant de créer votre maison, vous avez étudié à l’Académie des beaux-arts, travaillé pour Marc Jacobs à New York pendant sept ans puis vous avez rejoint Dries Van Noten à Anvers. Vos rêves se sont accomplis? 

Meryll Rogge: Oui. Mais cela s’est fait très naturellement… Je suis arrivée à New York à 23 ans, j’y suis restée jusqu’à mes 30 ans… Cela correspond à ces années de construction de l’être adulte, et pour moi, ce fut une période cruciale qui m’a permis de construire ma personnalité sans être influencée par tout ce que je connaissais. J’aurais pu encore rester dix ans chez Marc Jacobs, j’y étais heureuse mais aller chez Dries Van Noten, c’était une façon de grandir. Et c’était un désir qui datait d’avant même mes années à l’Académie, c’était très clair pour qui je voulais travailler.

Marc Jacobs a été mon premier job et mon premier rêve devenu réalité et Dries, c’était le deuxième. J’ai eu énormément de chance que l’univers m’ait emmené là. Je suis ravie de mes années passées là-bas. Et je collabore d’ailleurs toujours avec l’équipe Beauty & fragrance, je fais du consulting pour les parfums et les rouges à lèvres. J’ai ainsi accumulé un savoir-faire à travailler sur d’autres produits que les vêtements, et j’aime ça. 

Votre spécificité était-elle définie dès le départ ? 

Meryll Rogge: C’est compliqué d’avoir une vue objective sur son propre travail… Faire une carrière dans la mode, c’est une accumulation de toutes petites décisions qui se prennent tous les jours. Je n’avais pas défini de plan, quand on regarde le trajet d’un Raf Simons, aurait-il imaginé tout jeune qu’il allait un jour créer sa marque à lui, travailler chez Jil Sander puis chez Dior, Calvin Klein et Prada aujourd’hui? Cela arrive au fur à mesure que la vie avance et que l’on se donne à 100%.

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La mode belge, une définition ? 

Meryll Rogge: La singularité, l’individualisme, dans le sens positif. On est un petit pays coincé entre de grands pays, on est influencé par toutes ces cultures voisines, on est comme des éponges qui absorbons beaucoup de choses, on n’a pas non plus une identité très ferme. Si on verse dans les stéréotypes, on pourrait dire que la mode parisienne est glamour et sexy, en tout cas qu’il y a des injonctions pour s’y conformer et adhérer à cette vision, comme pour la mode italienne ou new-yorkaise.

En revanche, la mode belge offre une grande liberté… On peut faire ce que l’on veut. Les Six d’Anvers n’avaient rien à voir l’un avec l’autre, ils ont tous construit leur carrière en créant des collections très différentes et ils sont respectés pour cette raison. Tout cela nous donne une liberté énorme. Il faut dès lors faire ce que l’on aime et ce qui est juste pour soi.

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