S’habiller au rayon enfant, la tendance qui rajeunit les garde-robes et l’allure

vêtements adultes enfant
Les collections pour adultes lorgnent du côté du rayon enfant - DR Caroline Bosmans
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Si pour vous, un père ou une mère qui s’habille comme son (jeune) enfant est gauche et ringard, revoyez votre copie, car c’est désormais le comble de la tendance. Tant et si bien que des marques réservées aux petits se lancent désormais dans des collections pour grand·e·s.

À commencer par notre compatriote Caroline Bosmans, qui fait une percée remarquée dans la mode pour femmes. C’est que ses robes aussi punk que précieuses, digne d’une flamboyante mini Miss sous acide, donnaient déjà envie de tenter de se saucissonner dans une taille 12 ans rien que pour avoir le droit d’arborer ces créations follement audacieuses.

Et ainsi que le confie Caroline, l’idée d’agrandir sa gamme, ou plutôt ses tailles germait en elle depuis un moment déjà, d’autant que la demande au sein de sa clientèle se faisait toujours plus insistante.

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« Dans les collections précédentes, je proposais déjà des tailles 16-18 ans, et ma fille aînée, désormais adulte, était invariablement complimentée sur ses vêtements lorsqu’elle portait une pièce de mes collections. Cela a finalement pris un peu de temps avant que je ne propose des vêtements pour adultes aussi, mais c’est désormais chose faite, et je suis ravie de m’être lancée » sourit celle qui a eu l’intelligence de ne pas simplement proposer des tailles plus grandes, mais bien, aussi, des modèles adaptés aux femmes comme aux petites filles.

Car s’il est désormais possible pour mères et filles de s’habiller chez elle, Caroline Bosmans n’encourage pas la propension de certaines mamans à se la jouer copie conforme de leur progéniture pour autant. Au contraire, même, la créatrice avouant trouver le principe « plutôt cringe » et soulignant l’importance pour les vêtements de mettre en valeur la personnalité de la personne qui les porte, quel que soit son âge.

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Et d’assurer que si sa première collection pour adultes arrive pile au moment où toujours plus de marques diversifient leur gamme pour proposer des déclinaisons pour petits et grands enfants, il ne s’agit que d’une coïncidence.

Des pièces à l’identité assumée

« Honnêtement, je ne suis pas vraiment ce qui se passe dans le monde de la mode. J’essaie toujours de faire ce que je veux, et ce depuis le premier jour », assure Caroline Bosmans. « Quand je me suis lancée il y a dix ans, la fluidité de l’âge était une évidence pour moi. D’emblée, j’ai créé des vêtements pour des filles de 2 à 18 ans, avec la volonté de penser des collections qui soient à la fois mignonnes (même si je ne supporte pas ce mot) et cool (pareil). Il n’y a rien que je déteste plus que les vêtements « pour enfants »: je préfère des pièces qui ont une identité assumée, mais qui peuvent être portées tous les jours tout de même, tant par des fillettes que par de jeunes adultes. Inconsciemment, j’ai toujours créé mes collections en pensant à mes filles, et vu leur différence d’âge, proposer des pièces pour les petites filles et les jeunes femmes faisait sens. »

Et pas qu’au sein de sa propre famille, s’il faut en croire les réactions enthousiastes qui ont accueilli l’annonce de l’élargissement de sa gamme sur les réseaux.

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Un accueil ibère joyeux réservé également à la dernière collection du label espagnol Bobo Choses. Spécialisée dans les vêtements cool et colorés pour enfants, la marque vient juste de dévoiler une gamme faisant écho au folklore traditionnel d’Espagne et d’ailleurs. Inspirée par les festivals où les rues se remplissent de danseurs, de musiciens et d’autres artistes, la ligne regorge de tenues colorées et d’imprimés ludiques pour les enfants… Et parce que le folklore peut séduire petits et grands, une collection pour adultes est également proposée en parallèle.

Un jeu d’enfant

Des vêtements qu’on s’offre pour s’assortir à sa progéniture, ou qu’on porte avec ou sans enfants, car plus qu’une volonté de jouer les copies carbone, le rajeunissement actuel des collections dénote surtout d’une envie de légèreté après des années complexes, rythmées tant par les problèmes de société que par le sérieux parfois quelque peu emprunté du quiet luxury et autre allure old money.

D’ailleurs, les stylistes de Tinycottons ne s’y sont pas trompés. Dès le lancement de leur marque en 2012, Barb Bruno et Gerard Lazcano ont voulu se démarquer en proposant une marque pour enfants aussi intentionnelle qu’une marque pour adultes.

Soit des produits de qualité, principalement fabriqués en Europe, élégants mais audacieux. Basé à Barcelone, le label propose aujourd’hui des vêtements pour toute la famille, avec une gamme pour bébés, une autre pour enfants et une sélection pour adultes, le tout dans des teintes similaires et avec une espièglerie qui transcende les âges et les collections.

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Et offre tant la possibilité de faire honneur à l’enfant qui sommeille en soi que de s’habiller comme son propre enfant, voire les deux en même temps. Une tendance qui, si elle gagne à nouveau en popularité, ne date toutefois pas d’hier. Au début des années 80, déjà, la Princesse Diana choisissait pour une sortie officielle d’arborer un manteau coquille d’oeuf identique à celui de son aîné, le Prince William, alors haut comme trois pommes, tandis que plus récemment, Beyoncé et sa fille Blue Ivy (en maxi robes fleuries Dolce & Gabbana) ou Kim Kardashian et North West (en robes à sequins argentés Vetements) ont également rappelé qu’en matière de mode, mères et filles font la paire.

Et si vous n’y voyez qu’une tentative désespérée de la part de parents de s’accrocher à ce qu’il leur reste de jeunesse, détrompez-vous: s’il faut en croire TikTok, et l’engouement récent pour les vidéos estampillées « turning my mom into me », la jeune génération n’aime rien tant que de relooker l’autorité parentale à son image. Et celle-ci en redemande: selon une étude réalisée en 2022 par Ayalla Ruvio, professeure de business au sein de la Temple University, si toujours plus d’adultes choisissent de s’habiller au rayon ado (à défaut de rentrer dans des vêtements d’enfants) ce n’est pas tant pour avoir l’air plus jeune que parce qu’ils se sentent réellement plus jeunes que l’âge indiqués sur leur carte d’identité.

« À quoi ça sert d’avoir des vêtements si l’on ne peut rien faire dedans » interrogeait le célèbre slogan de la marque Petit Bateau. Et pour un nombre croissant de personnes, qui choisissent d’insuffler de la joie dans leur garde-robe une pièce colorée et joliment enfantine à la fois, la question mérite visiblement d’être posée.

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