Paris Fashion Week: des femmes avec un F comme Féministe

Dior © Dior

Penser des vêtements, c’est fatalement penser en amont à ceux qui vont les porter. En l’occurrence, à celles qui vont s’en parer, s’en emparer, puisque Paris vit pour l’heure une Fashion Week dédiée au prêt-à-porter Femme saison printemps-été 2018.

Chez Dior, Maria Grazia Chiuri pense aux femmes avec un F comme Féministe. Et plus militante que jamais, sur le catwalk, elle poursuit son combat en déposant sur les gradins où poser son séant l’essai de Linda Nochlin, « Why have there been no great women artists ? ». Le texte publié en 1971 est réimprimé sur 38 pages serrées à l’occasion de ce défilé placé du même coup sous l’influence de Niki de Saint Phalle. Un décor réminiscence (L’improbable Jardin des Tarots en Toscane), un hommage aux Nanas (dans l’esprit, pas les formes) et une phrase de l’artiste en guise de mantra (« Comme dans tous les contes de fées, avant de trouver le trésor, j’ai rencontré sur mon chemin des dragons, des sorcières, des magiciens et l’ange de la tempérance »). Et pour ouvrir le bal, un tee-shirt à message qui reprend les mots de l’historienne de l’art qui eut le culot de poser la question qui fâcha. On connait le pouvoir des slogans affichés sur les seins.

Koché
Koché © AFP

Chez Koché, Christelle Kocher pense aux humains avant tout. Elle accueille ses invités à l’église Saint-Merry, « à la croisée des chemins de la vieille route romane nord sud ». Si elle a choisi ce lieu, c’est pour sa beauté mais surtout parce qu’ici, les droits humains priment, que l’on y travaille à l’unité, que l’on y défend les droits des homosexuels, que les autres religions viennent y chanter ensemble, qu’on peut aussi y écouter un concert punk expérimental à la nuit tombée et que les gens ici savent qu’ils peuvent s’y reposer sans crainte. Sa collection ressemble en tout point à ce manifeste. Auquel elle rajoute ces vers du Velvet Underground, fort à propos : « I’ll be your mirror /Reflect what you are/in case you don’t know/I’ll be the wind, the rain/and the sunset/the light on your door to show/that you ‘re home. » Respect.

Olivier Theyskens lui pense à celle qui marche en beauté – « She walks in beauty », c’est le titre de sa prochaine exposition au MoMu à Anvers à voir dès le 12 octobre. Avec une délicatesse toute particulière, le créateur offre sa main, son exigence, son romantisme exacerbé, sa pureté, sa fascination à celles, uniques, qui lui emboîtent le pas dans cette déambulation langoureuse. Rendez-vous en Flandre pour explorer ses 20 ans d’évolution créative. Rendez-vous ici dans le Marais ou ailleurs pour approcher ce sublime mystère.

Olivier Theyskens
Olivier Theyskens© AFP

Chez Saint Laurent, Anthony Vaccarello pense aux femmes qu’Yves aimait, à celles qu’il chérit lui depuis si longtemps et aussi à quelques garçons avec cheveux longs.

Saint Laurent
Saint Laurent© AFP

Le créateur belge s’est installé au pied de la Tour Eiffel, juste à côté de la fontaine du Trocadéro pour montrer son été 18, en plein air, entre chien et loup. Le catwalk immense fait la nique à la nuit qui s’étend, la Dame de fer se met à briller tandis que le gang des mannequins préférés du jeune homme trace sur le catwalk immense. Rien ici n’est lisse, ce n’est ni le genre de la maison, ni celui d’Anthony. La rue est à elles, et l’avenir. Quant au passé, il en reste des embruns, sous forme de cette petite phrase signée Pierre Bergé : « C’est peut-être cela l’amour fou. L’amour de deux fous. » La flamboyance comme étendard.

Saint Laurent
Saint Laurent© AFP
Y/Project
Y/Project© DR

Chez Y/Project, Glenn Martens pense à celle qui imposera sa versatilité selon ses envies, ses humeurs, ses projets. Minimale, baroque, façon Bruges la morte et/ou teenager des années 90, imprégnée de culture tribale et/ou d’esprit sportswear, amoureuse de la Belle époque et/ou de cette belle contemporanéité. Le créateur belge, lauréat de l’ANDAM, respecte au plus haut point celles qui acceptent de le suivre dans l’aventure. A coups de liens coulissants, de boutons à déboutonner ou à reboutonner, de manches à dérouler, des cols à enfiler, de maille, de tulle et de lin belge plissé, il propose un vestiaire qu’il est chaleureusement recommandé de s’approprier, la plus belle preuve de révérence.

A.-F.M.

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