Paris Fashion Week, le deuxième jour: chez Dries van Noten et Alexander Wang

Et Dieu créa le monde: un jardin d’Eden pour Dries van Noten, une tente noire avec vapeur blanche pour Alexander Wang chez Balenciaga.

Et Dieu créa le monde au Grand Palais. Dans son jardin d’Eden, Dries van Noten a fait poser au sol un tapis tufté comme une oeuvre d’art, un heureux dégradé de verts, couleur lichen, herbe et mousse. Les oiseaux chantent, les merles sifflent, les colombes roucoulent puis Oscar And The Wolf prend le relais sur la bande-son. Hanne Gaby ouvre le show, dans un mélange de matières qui fait feu d’artifice. C’est bien là le grand art du créateur anversois qui n’hésite pas non plus à composer des silhouettes en mariant toutes les formes d’un vestiaire nourri de références, sans que ce ne soit jamais pesant. Il mêle joyeusement et sans cacophonie un caftan sur une paire de jeans avec coat métallisé ou de la maille arc-en-ciel avec du shantung. Il ne s’interdit rien, ni les plumes, ni les riches broderies, ni les imprimés seventies, ni les kimono, ni les sarouel, ni les rayures tennis, ni un bomber luxueux. Plus fort encore, il ose ralentir le temps, ce n’est pas la première fois, à la fin du show qui avait déjà un autre rythme, ses jeunes filles ophéliennes s’asseyent voire se couchent sur cette terre-mère accueillante, languides, offrant ainsi un spectacle si doux, lumineux contrecarrant soudain les bruits de bottes et les horreurs du monde extérieur.

Comment se défaire du poids du passé ? Changer d’heure, d’endroit et de décor pour convier ses invités à découvrir son printemps-été 2015. C’est exactement ce qu’a fait Alexander Wang pour Balenciaga. C’est le soir, il pleuvine sur Paris, il est 20 heures, une tente noire dressée au bout du Palais de Tokyo joue son rôle de pôle d’attraction, au fronton, les lettres noires de la maison, éclairées de blanc, trouent la nuit. Dedans, nuit noire aussi jusqu’à ce que le show débute, le catwalk soudain transparent, illuminé par-dessous, donnant à voir un flot de vapeur blanche un peu fantomatique. Mais les filles qui déboulent au pas martial ne le sont pas. Elles portent leur sac à l’envers, à la main, chaîne ver le bas, des lunettes miroir retenues derrière la tête par un élastique-bijou, une garde-robe qui suit la ligne du corps en noir, blanc, rose poudré et lilas. Parfois, un trench extra-long, extra large, vient envelopper la silhouette, sans rien lui enlever de son allant. Un jeu de résille réveille une poche, une épaule, le côté d’une tunique à bords côtes – le sportswear laisse toujours son empreinte quelque part. On est XXIeme siècle et le jeune créateur venu d’Outre-Atlantique ne s’embarrasse plus guère des archives laissées par monsieur Cristobal, mis à part peut-être un travail sur certains cols qui donnent soudain du volume et ce top au décolleté bateau qui, de loin, pourrait peut-être bien faire penser à celui de la robe de mariée de la reine Fabiola, le jour où elle dit  » oui  » à Baudouin 1er.

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