Louis-Gabriel Nouchi, étoile montante de la mode: « Vivre en Belgique a été une vraie libération »
Louis-Gabriel Nouchi explore le vestiaire masculin avec bonheur. Formé à La Cambre, il signe une mode sensuelle et cérébrale «dans le bon sens du terme», où il est question de littérature et d’érotisme joyeux. Fraîchement couronné par le Grand Prix de l’Andam 2023, il répond à nos questions sur le vif.
La question qu’on vous pose le plus souvent?
«Votre marque existe depuis combien de temps?» Elle a 5 ans, c’est beaucoup et peu à la fois, le temps a passé tellement vite, j’ai la chance de faire de ma passion mon travail.
Le défilé qui vous a marqué à tout jamais?
En termes de collection, le show de Yohji Yamamoto avec les monocles, c’était le printemps 2007, les filles étaient sublimes, elles portaient des costumes noirs et des chemises, ça avait un côté très dandy. C’était tellement radical, tellement beau. En termes de défilé pur, celui d’Alexander McQueen, avec un échiquier géant, pour le printemps 2005, j’étais du genre en fusion nucléaire.
Et en termes d’émotion, le show de Raf Simons, c’était l’automne 2014, la collection avec Sterling Ruby. C’est le seul défilé où j’ai pleuré en backstage, j’avais travaillé dessus, le processus était génial, l’énergie de cette boîte était absolument merveilleuse. Bizarrement, je n’ai jamais pleuré à un de mes shows…
C’est plus dur à exprimer, la sensualité.
La mode homme sera sexy ou ne sera pas?
Elle sera sensuelle. Parce qu’alors on ne parle plus de genre ni de sexe. C’est plus dur à exprimer, la sensualité, et c’est donc plus intéressant.
Le sport que vous pratiquez… en pensée?
Le surf. Pour cette sensation exceptionnelle d’être en communion avec la nature. C’est sublime, je trouve. Je rêverais d’avoir la chance et le temps de m’y mettre un jour.
L’endroit dont vous n’êtes jamais revenu?
La Belgique. J’ai beaucoup d’amour pour ce pays et pour les Belges! J’y ai étudié à La Cambre mode(s) de 2009 à 2014. J’y ai rencontré des amis. Et y vivre était génial. C’est là que j’ai pu me révéler à tous les niveaux, de mon homosexualité à la mode, c’était un vraie libération.
Le plat qui vous ramène en enfance?
Le lapin à la moutarde de ma grand-mère.
La chose la plus folle que vous ayez faite?
Monter ma marque. Oui, ça faisait peur mais j’étais en mode «On essaie, si ça passe, c’est cool, si pas, je l’aurai fait, no regrets.»
C’était en 2018. Et puis on a ouvert notre boutique à Paris, en plein Covid, on aime les challenges!
Un vêtement pour sauver les jours tristes?
Un bon gros jogging, en molleton gris ou noir.
Un métier que vous auriez pu exercer?
Cuisinier. Je trouve que c’est un métier très proche du mien. C’est à la fois manuel et en même temps très mental. Il faut penser à la présentation, gérer des temporalités et des saisonnalités, c’est très hiérarchisé, en cuisine comme en maison, et tout le monde a autant besoin de manger que de s’acheter des vêtements. Et j’adore faire à manger, je suis obsédé par Top Chef.
Ce qui vous saoule vraiment?
Le cognac. Je ne supporte pas. Un verre et je suis par terre. Et au figuré, la mollesse, l’indécision, cela me rend hystérique.
Un seul mot pour vous décrire?
Impatient.
Votre achat le plus bizarre?
Une roulette pour faire des pompes. Je m’en suis servi une fois et je me suis fait un mal de dos de ouf. Et puis ce mouvement qui veut que tu te fasses rouler par terre, c’est complètement débile.
Une idée concrète pour un monde meilleur?
Que les gens arrivent vraiment à se parler, je sais, on est en plein Barbie… Et si c’est con à dire, c’est en réalité très dur à faire.
Ce que vous aimeriez faire, là, tout de suite?
Partir en vacances au soleil, au bord de la mer. J’en ai tellement peu qu’il faut qu’elles soient «efficaces» c’est-à-dire nager, dormir, bien manger, se déplacer très peu, lire à fond, passer du temps avec mon mari, ne rien faire.
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