Rencontre avec la bande extra-ordinaire de Jean-Paul Lespagnard

© Ari Versluis

Il est à lui tout seul le plus bel agent fédérateur de notre Etat fédéral surréaliste. Jean-Paul Lespagnard, pas uniquement créateur de mode, a réuni autour de lui des talents venus du plat pays et d’ailleurs en un projet extraordinaire, une boutique bruxelloise ouverte sur le monde, « worldly belgian ». Inauguration.

Il le mature depuis deux ans déjà, son projet Extra-Ordinaire. Qui n’a rien du nom de code mais tout de l’enseigne flamboyante pour cette boutique bientôt inaugurée, le 22 octobre prochain, rue des Bouchers, au coeur de l’Ilot sacré bruxellois, là où précisément les moules-frites côtoient les gaufres chaudes, la dentelle de pierre de la Grand-Place et le bras de T’Serclaes poli par excès de superstitieuses caresses. A l’origine, un désaccord profond avec les rythmes de la mode, des saisons, des défilés toujours plus chrono- et anthropophages.

Je m’étais rendu compte que j’étais très malheureux à gérer essentiellement des fichiers Excell pour tenter de maîtriser la production et les ventes, c’était un enfer.

« J’ai décidé d’arrêter ma collection fin 2016 parce que je ne voulais plus suivre tout cela comme un mouton. Je m’étais rendu compte que j’étais très malheureux à gérer essentiellement des fichiers Excell pour tenter de maîtriser la production et les ventes, c’était un enfer. Je ne passais presque plus de temps dans l’atelier des confectionneurs, or, c’est l’une des raisons pour lesquelles je fais ce métier. Et dans mes show-rooms, je ne montrais qu’une infime partie de ma collection, mon univers n’était pas représenté, pourtant je pense qu’il a sa place. »

L’Art Populaire caractérise la culture d’une civilisation, d’une communauté. Il est l’art d’un groupe de personnes, par opposition aux autres groupes qui l’entourent. Il reflète l’identité sociale et culturelle de chacun. Son activité n’est pas juste liée à la survie mais aussi à une épiphanie esthétique. Selon cette définition, toute forme créative peut être traitée comme Art Populaire.

Extra-Ordinaire pense qu’il est temps d’ajouter une nouvelle dénomination au regard de son évolution aux XXe et XXIe siècle. L’Art populaire est mort! Vive l’Art populaire contemporain!

Son univers, depuis toujours, se concentre sur l’Art Populaire que Jean-Paul Lespagnard a ainsi théorisé en amont dans son manifeste titré Manifesto: « L’Art Populaire caractérise la culture d’une civilisation, d’une communauté. Il est l’art d’un groupe de personnes, par opposition aux autres groupes qui l’entourent. Il reflète l’identité sociale et culturelle de chacun. Son activité n’est pas juste liée à la survie mais aussi à une épiphanie esthétique. Selon cette définition, toute forme créative peut être traitée comme Art Populaire. » Et emporté par son enthousiasme contagieux, le créateur né à Harzé, mais bruxellois d’adoption, conclut en forme de cri de ralliement: « Extra-Ordinaire pense qu’il est temps d’ajouter une nouvelle dénomination au regard de son évolution aux XXe et XXIe siècle. L’Art populaire est mort! Vive l’Art populaire contemporain! »

On trouvera donc chez lui des vêtements, des accessoires, du design, des ready-made, des cadeaux venus d’ici et d’ailleurs. De vrais basiques siglés Jean-Paul Lespagnard qui n’ont évidemment rien de banal, des objets pas tout à fait ordinaires qu’il a dégotés lors de ses voyages curieux et qu’il contemple amoureusement, leur adjoignant ainsi le préfixe extra – tout est dans le regard. Des convergences et des collaborations signées par de grands noms, qu’il invite à se surpasser. Des savoir-faire revisités, accolés, détournés, accouplés, joyeusement. Et comme seul, on n’est franchement rien, Jean-Paul Lespagnard se plaît à réunir les talents qu’il ne cesse de découvrir avec cet émerveillement venu de l’enfance qui ne l’a pas quitté. Voilà pourquoi cette photo de groupe vaut tous les manifestes – de même les objets coups de coeur choisis par chacun. Concentrée en un studio immaculé, sa bande de 22 extra-ordinairiens, les absents n’ont pas toujours tort, parlent d’eux, de lui, de cette tribu bigarrée inspirante que rien ne vous interdit de rejoindre.

  • Extra-Ordinaire, 37a, rue des Bouchers, à 1000 Bruxelles. Inauguration le 22 octobre 2019. www.extrao-ordinaire.co
  • Inscrivez-vous sur le www.extra-ordinaire.co pour connaître l’agenda des événements organisés du 22 octobre 2019 au 27 octobre 2019 pour la première semaine d’ouverture du « shop » extra-ordinaire »
Valérie Bach, galeriste

Rencontre avec la bande extra-ordinaire de Jean-Paul Lespagnard

Il est entré dans sa vie, ne lui demandez plus comment, via un artiste? Et la voici qui lui dit oui. Parce que « son univers n’est pas loin de l’art contemporain », parce qu’elle porte depuis longtemps déjà son vestiaire inspirant – « il y a toujours un truc en plus chez Jean-Paul », parce qu’elle collectionne ses foulards, parce qu’elle souscrit à son projet et qu’elle s’y est embarquée avec l’acuité qui la caractérise. Laquelle pour l’heure lui fait exposer dans sa galerie bruxelloise en un doublé culotté le sculpteur belge Jan Dries et un panorama de la peinture abstraite belge de 1945 à 1975, soit 44 artistes réunis ainsi sous un « Painting Belgium » qui peut sans conteste prétendre faire oeuvre muséale. Dans le petit musée d’Extra-Ordinaire, elle a jeté son dévolu sur ce « sushiman » japonais par amour du pays et de la clairvoyance non dénuée d’humour de Jean-Paul, qui « ramène toujours de ses voyages l’objet qui tue ».

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© Thomas Purcaro
Theodora Adekunle, fonctionnaire

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© Ari Versluis

Il lui a suffi de pénétrer dans le cerveau de Jean-Paul via son exposition au Musée Mode et Dentelle pour tenter l’aventure de la rencontre. Depuis, devenue partenaire d’Extra-Ordinaire, elle gravite dans son univers, y injectant son expertise, ses origines britanniques et nigérianes, sa façon de porter son vestiaire, avec joie et vivacité, et son sens de l’humour qu’elle concentre aujourd’hui dans cette radio-seins avec antenne qui la fait rire, tout bonnement.

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© Thomas Purcaro
Céline De Schepper, créatrice, professeur en master Accessoires à La Cambre

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© Ari Versluis

Elle venait de remporter le Weekend Fashion Award 2011, il en était le président du jury, ils s’étaient promis de travailler ensemble. C’est fait. Après un passage chez Ann Demeulemeester puis Wouters & Hendrix, elle a accompagné Jean-Paul en Inde pour, à ses côtés, donner un workshop aux étudiants du New Institute of Fashion and Technology de Mumbai. C’était en 2018, l’intitulé disait « Copy bug Paste », une histoire d’hybridation, tout se tient. Dans la même lignée, sans hésiter, elle est tombée en amour devant ce masque de parade mexicain, « magnifique » par sa technique artisanale et cette idée de double porté – au mur ou au visage.

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© Thomas Purcaro
Patrick Croes, peintre, illustrateur, graphiste

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© Ari Versluis

C’est l’homme de l’ombre, cela lui convient bien. Et de la fidélité. Depuis 2008, soit la collection lauréate du Festival d’Hyères, il soigne l’image de la griffe et créé avec Jean-Paul tous les prints qui peuplent son macrocosme, foulards en tête. Ils ont en commun de ne pas être indifférents à l’Art Populaire, voilà pourquoi son choix d’objet extraordinaire et forcément « aliéné » s’est porté sur cet improbable 33-tours qui met en chanson le carnaval de Malmedy, la typographie référencée de cette admirable pochette n’y est pas pour rien.

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© Thomas Purcaro
Richaad Kindts, responsable des opérations et de la communication d’Extra-Ordinaire

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© Ari Versluis

Il ne connaissait rien à la mode mais cela lui « parlait de participer à un projet qui faisait sens » – il pouvait ainsi se couler aisément dans ce manifeste et cette idée de « créer des ponts entre créateurs et artisans qui ont une façon extraordinaire ». A lui, cette paire d’yeux en émail et laiton, parce que « eyes don’t lie ».

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© Thomas Purcaro
Joseph Taibi, patronnier et chargé de production

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© Ari Versluis

Il était le seul à pouvoir utiliser la vieille Singer de sa grand-mère, pensez si cela laisse des traces. Formé au dessin industriel, fier d’avoir été le premier chef d’atelier d’Elvis Pompilio et d’avoir dirigé le département costumes de Franco Dragone, il ne s’est jamais interdit ni de patronner ni de rester dans « les chiffons ». S’il est aux côtés de Jean-Paul Lespagnard depuis 2011, c’est parce qu’il partage les mêmes racines liégeoises – mais pas seulement. « Je crois en lui tout simplement », professe-t-il. A lui, la gaufre des bords de Meuse, pour la gourmandise sucrée et le joyeux détournement.

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© Thomas Purcaro
Ana Diaz, chanteuse

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© Ari Versluis

Septembre l’a vue au Beurschouwburg en « release » pour fêter la sortie de son EP avant qu’elle ne monte sur scène pour une série de concerts qui gardent les traces de son enfance. Et l’empreinte d’un grand-père désireux que la famille n’oublie pas ses racines espagnoles, invitant les unes et les autres à se réunir pour chanter ensemble, voix et tambourins mêlés. Elle a découvert le jazz ensuite, à l’école, section Kunst Humanioria, puis le rap grâce à des « beat makers » qui l’inspirent. Aujourd’hui, Ana Diaz se lance seule, en français dans le texte, avec un REC Final prometteur. Si elle a adopté cette tête d’iguane avec cristal de roche, c’est parce qu’elle lui fait penser à « un truc de sorcière pour contrer le mauvais oei ».

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© Thomas Purcaro
Zéphir Moreels, étudiant en Master 2 à l’ERG

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© Ari Versluis

Rien ne lui résiste, ni le graphisme, ni l’illustration, ni la vidéo. De retour de Lituanie où il a travaillé sur le paganisme, il signe son premier court-métrage, La drève des brûlés, et peuple son univers de masques de démons. Y voir une évidence s’il s’est saisi de cette figure luciférienne qui dit aussi son trait. Lequel se retrouve sur la pochette d’Ana Diaz et de son REC Final. Lequel trouvera aussi sa concrétisation l’année prochaine dans une monographie sur l’artiste Michèle De Ridder, un livre-objet designé par lui pour celle qui lui transmit le goût du faire et des masques, tout est dans tout.

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© Thomas Purcaro
Aurore Delbeuck, coordinatrice de projet chez Formation et Aides aux Entreprises (FAE)

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Elle connaît Jean-Paul à l’envers et à l’endroit, tout au moins ses vêtements puisqu’elle coordonne l’atelier qui les confectionne depuis sa collection Maatjes en 2013, soit une trentaine de machines à coudre et 21 stagiaires qui se forment sous sa férule au sein de ce centre de formation pour « demandeurs d’emploi inoccupés de longue date ». Pour l’ouverture imminente d’Extra-Ordinaire, ils ont coupé cousu une centaine de pièces, dont cette chemise unique, dans un tissu chiné à Malmedy qui a vraiment vécu, défraîchi à un point tel que ce fut pour elle un vrai casse-tête. « Jean-Paul nous pousse à aller plus loin ». Just do it.

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© Thomas Purcaro
Franc’ Pairon, fondatrice de La Cambre mode(s), « energizer »

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© Ari Versluis

Entre eux, un « capital sympathie » au premier regard, sur une plage d’Hyères, en 2008, alors qu’il participait et gagnait son premier Festival. Elle sait reconnaître le talent et la folie contagieuse, elle a aimé d’emblée qu’il sorte du lot. « Chez lui, tout est capital à détournement ». Elle embraye avec enthousiasme et glisse ce noeud de foulard/boulon à son doigt. Une origine industrielle, un certain poids, une taille oversized, « cet objet a tout pour plaire ».

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© Thomas Purcaro
Linda Van Waesberge, styliste

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© Ari Versluis

Attraction fatale: un coussin de sol comme premier choix. Pour la combinaison des tissus indiens, pour leurs couleurs et « parce que cela brille », elle a gardé quelque chose de l’enfance, comme ce créateur qui, pour elle, « sort de l’ordinaire ». « J’ai toujours aimé son envie de ne pas suivre les règles de la mode, de mettre son talent dans des expos et de faire des vêtements haut de gamme qui, dans le choix des tissus, de la coupe et de la finition touchent à la perfection. »

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© Thomas Purcaro
Pierre Colaiacovo, directeur d’Extra-Ordinaire

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© Ari Versluis

Il a choisi un tee-shirt noir avec logo maison, ne lui demandez pas de renier son style « sobre ». Monsieur le directeur veille au grain, épaulant Jean-Paul depuis qu’ils se sont rencontrés il y a cinq ans maintenant via Bruno Pani, directeur de Profirst International, où il oeuvre également en tant que Chief Operating Officer. Il cadre Extra-Ordinaire, réfléchit à sa faisabilité, pense la boutique de 100 m², « dans l’hyper centre de Bruxelles » – histoire de mettre en avant la créativité belge et de représenter l’art de vivre de Jean-Paul. Ce sera, promet-il, un réel lieu de vie pour les Bruxellois et tous ceux qui passeront par la rue des Bouchers. Mieux qu’un challenge.

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© Thomas Purcaro
Barbara Ferret, « fashion representative »

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© Ari Versluis

C’est chez elle une belle déformation professionnelle – elle a l’oeil. Voilà pourquoi elle a stylisé chacun de ces extraordinairiens ainsi photographiés et parés en Jean-Paul Lespagnard. « S’il y a une chose que je sais unilatéralement, c’est que c’est un designer qui a un projet de vêtement confortable, pas comme un geste graphique auquel on doit s’accommoder ensuite. Il est également culotté dans ses imprimés et ses couleurs, il n’a pas peur. » Pour honorer cette exubérance et le fait qu’il ne soit pas « constipé », elle a fait sienne cette représentation stylisée et franchement dorée d’une petite crotte parfaite.

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© Thomas Purcaro
Isabelle Lhoas, modéliste

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© Ari Versluis

Elle a beau avoir fui les berges mosanes, elle a immédiatement reconnu en Jean-Paul une fantaisie du cru qui n’est pas pour lui déplaire. Alors forcément qu’elle lui a répondu positivement quand il lui a demandé de créer les patrons de sa collection lauréate du Festival d’Hyères. « Il a continué à me le demander ensuite et finalement, j’ai patronné toutes ses collections ». La fidélité, comme atout coeur. Entre ses cours à La Cambre mode(s) et la création de costumes pour la danse, de Marc Ribot à Wim Vandekeybus, elle prend le temps de modéliser encore la mode de Jean-Paul Lespagnard, « toujours loin du corps, très agréable à porter et contemporaine, en tout cas qui ne correspond pas à de vieilles maisons ». Elle ne penchera pas pour un vêtement, trop facile, elle a pointé ce masque de lucha libre mexicain, par passion pour le pays qu’elle a découvert il y a 25 ans, en grande prédécesseuse.

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© Thomas Purcaro
Gina, étudiante en arts à Sint Lukas

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© Ari Versluis

Elle l’a connu alors qu’elle était encore une enfant, être la fille de la modéliste de Jean-Paul vous confère génétiquement un goût pour le vêtement, et s’il est issu de la collection Maatjes 2008, c’est encore mieux. Alors quand il s’est agi de laisser son coeur parler, Gina n’a pas hésité: voici une broche millésimée, qu’elle aime, un point c’est tout.

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© Thomas Purcaro
Dimitri Jeurissen, co-fondateur de l’agence Base Design

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© Ari Versluis

Le projet n’en était encore qu’à ses premiers balbutiements, il avait diligemment fait le premier exercice stratégique de verbalisation et de conception – qui mieux que lui pour théoriser et cadrer les envies foisonnantes de Jean-Paul, qui a « mille idées à la seconde ». « J’ai essayé d’être un espace de miroir et de dialogue. » Ajouté à cela la dimension bruxelloise d’Extra-Ordinaire comme tentative de redorer le blason d’un centre-ville malmené, il avait déjà fait ce pari-là, réussi, pour Dandoy, et l’envie de lier d’un nouveau geste la mode et le tourisme. Il est évidemment question de joie, à l’instar de ce Joy comme un logo parfaitement marqueté sur une boîte en bois ramenée d’Inde.

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© Thomas Purcaro
Laetitia Van Hove, attachée de presse Fifty PR et organisatrice d’événements dont les FiftyFifty sessions

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© Ari Versluis

Une première rencontre à l’occasion d’un concert de Yelle, que Jean-Paul vêt en total look Lespagnard, la musique comme point d’ancrage. Logique dès lors qu’elle choisisse le casque coquillage, si « joli » pour le porter comme un bijou et parce que le bruit des vagues et du ressac de la mer est tout de même « le plus beau son du monde ». « Il transforme un geste de gosse en quelque chose de sublime et de portable. » Sûr qu’elle l’affichera lors de ses événements et autres FiftyFifty Sessions qui, comme Extra-Ordinaire, caressent le rêve de se réapproprier amoureusement Bruxelles pour la faire (re)vivre.

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© Thomas Purcaro
Mathieu Fonsny, programmateur du Festival de Dour et de MarsAtac à Marseille

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© Ari Versluis

Il partage avec Jean-Paul un même passé de clubbeur et une même adoration pour Madame Patate. « J’ai toujours vu chez Jean-Paul un truc qui me rappelle un peu mon enfance dans ces contrées wallonnes où rien ne vient à vous. Son parcours n’est pas tellement éloigné du mien finalement, nous avons dû composer nous-mêmes, un peu comme la bouche, le nez et les oreilles qu’il faut mettre soi-même à Madame et à Monsieur Patate que je collectionne par ailleurs. » Ce grand art de l’assemblage qui permet au programmateur galvanisé de créer en sus un festival de showcases qui débute le 7 novembre à Bruxelles, un FiftyFifty Lab qui entend « mettre à l’honneur l’émergence et faire découvrir les jeunes groupes en grande partie belges, mais pas que. »

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© Thomas Purcaro
Marc Muhorakeye, étudiant en sciences politiques à l’ULB

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© Ari Versluis

« Dans ses vêtements, on se sent léger et libre. Il n’obéit à aucun code. Je trouve cela cool, d’autant qu’on est beaucoup à ne pas forcément aimer s’habiller en costard cravate. J’ai choisi une boîte recouverte de timbres – quand on la regarde on ne devine pas ce qui se trouve à l’intérieur, en réalité quand on l’ouvre, elle est vide, cela laisse de la place pour tout imaginer… »

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© Thomas Purcaro
Germaine Kruip, artiste hollandaise basée à Bruxelles

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© Ari Versluis

Ils sont voisins de studio, tandis qu’il pense Extra-Ordinaire, de retour d’Art Basel, elle archive ses oeuvres et se lance dans un travail de recherche, autre, elle ne sait encore où cela la mènera. Ils ont en commun une certaine intuition, une fascination pour le geste et un goût pour la mode, elle posa pour le duo de photographes Inez et Vinoodh. Puisqu’elle s’intéresse de très près aux animaux-artistes par essence, elle s’est arrêtée sur ce nid à la construction savante et délicate à la fois – ou comment isoler une merveille de la nature, ne rien y changer surtout, la poser sur un piédestal et l’admirer sans fin.

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© Thomas Purcaro
Florence Samain, maquilleuse et scénographe

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© Ari Versluis

Il l’avait prise pour une mannequin, le malentendu était drôle, ils avaient évidemment eu un fou rire, leur amitié était scellée, c’était il y a quinze ans. Depuis, elle maquille ceux et celles qui entrent dans l’univers de Jean-Paul. Sans jamais les dénaturer. Tout ceci ne l’empêche nullement de scénographier de la danse pour la compagnie d’Hedi et Ali Thabet. Et puisqu’elle est désormais athénienne, elle sourit de ce souvenir kitsch venu du pays du Mont Olympe où crèchent les dieux.

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© Thomas Purcaro

Portraits et photo groupe: Ari Versluis

Make-up et coiffure: Florence Samain

Packshots: Thomas Purcaro

Jean-Paul Lespagnard
Jean-Paul Lespagnard© Ari Versluis

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