Rencontres du troisième type à Paris

Alors que Raf Simons imprime ses souvenirs intimes sur les pièces phares de sa collection, les dandys d’Haider Ackermann cultive la nonchalance sublime.

L’attaché de presse avait déjà annoncé la couleur :  » vous ne serez pas à l’aise « . Une mise en garde confirmée par l’absence de  » seating  » comme on dit dans le milieu. Autrement dit, tout le monde serait debout pour le défilé-performance de Raf Simons. Parce que, assure-t-il, on n’a pas la même perception des choses à la verticale qu’assis. Le Belge avait déjà mis la barre très haut ces deux dernières saisons en emmenant toute la fashion week jusqu’au Bourget au milieu des mobiles de Calder dans la galerie Gagosian – on n’a pas cessé de croiser hier des jeunes gens vêtus des robes tee-shirt imprimées de cette collection – d’abord et en signant pour l’hiver à venir une capsule avec le plasticien américain Sterling Ruby. Une expérience qui l’aurait poussé à entreprendre une véritable introspection, une plongée dans ses souvenirs intimes éparpillés sur les vêtements qu’il présentait hier soir sur un catwalk simplement dessiné au ruban tape sur le sol dans une lumière blafarde rappelant celle des films d’horreur de série B. Les mannequins défilaient le long de cet étrange catwalk non linéaire, ne cessant de se mélanger repassant plusieurs fois devant vous dans un sens puis dans l’autre comme pour mieux vous faire perdre le fil de cet inventaire des moments forts de la vie de Raf Simons. Patchés sur tout le vestiaire, on apercevait ainsi tour à tour des photos de famille ou d’amis, des paysages de vacances – le mont Fuji, un bassin rempli de carpes koï, un requin, parfois même un portrait de Raf Simons lui-même, le genre de photo un peu vieillotte que l’on trouve encore sur les vieux permis de conduire.

Un peu plus tôt dans la journée, c’était au tour d’Haider Ackermann de convier un tout petit comité d’acheteurs et de journalistes à découvrir les silhouettes de dandys sublimes dont il a le secret dans un esprit un rien plus rock que les deux premières éditions. L’ambiance était à la fête car la première collection homme d’Haider Ackermann en boutique cette saison a remporté un franc succès – la boutique Stijl à Bruxelles qui vend la marque en exclusivité a été littéralement dévalisée. Le créateur sait recevoir – en guise de rafraichissement en cette belle soirée d’été, l’une des plus longues de l’année, on servait des  » piscines  » de champagne très frais allongé de glaçons – et convie toujours ses modèles – au milieu des jeunes gens racés on pouvait voir aussi la top et actrice éthiopienne Liya Kebede – à se mêler aux invités. Cette fois les retrouvailles avaient lieu dans un jardin sauvage et mystérieux. Une métaphore de plus de l’homme Ackermann, en somme.

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