Matthieu Blazy s’est rendu à New York pour son premier défilé Métiers d’art pour Chanel. Dans une station de métro abandonnée, il a rendu hommage à Coco Chanel, qui avait autrefois conçu des costumes de cinéma aux États-Unis. Mais aussi à son propre temps passé dans la Grosse Pomme.
Depuis que Chanel a acheté en 2002 plusieurs ateliers artisanaux parisiens, les sauvant ainsi de la disparition, les métiers d’art sont honorés chaque année à travers une collection spécifique. Sous la supervision du directeur créatif — d’abord Karl Lagerfeld, puis Virginie Viard et désormais Matthieu Blazy —, les plumassiers, ateliers de broderie et bottiers jouent toujours le rôle principal.
Et chaque collection Métiers d’art est liée à une ville ayant inspiré Coco Chanel.
Cette fois, le choix s’est porté sur New York. Ce n’est pas un hasard: ce sont surtout les Américains qui ont compris Chanel après la Seconde Guerre mondiale. Quand après quinze ans de silence, elle a relancé sa maison de couture. Elle a également travaillé un temps aux États-Unis sur des costumes de cinéma.
De plus, Matthieu Blazy lui-même a vécu plusieurs années dans la ville lorsqu’il était bras droit de Raf Simons chez Calvin Klein.
Chanel Métiers d’art 2026 à New York
Le 2 décembre, Chanel a donc posé ses valises dans la Grosse Pomme pour le défilé Métiers d’art 2026. Plus de cinq cents invités — journalistes, acheteurs, clients et célébrités telles que A$AP Rocky, Teyana Taylor, Tilda Swinton et Margaret Qualley — se sont rassemblés dans l’abandonné Bowery Metro Station pour s’immerger pendant une demi-heure dans l’atmosphère d’un univers presque poétique et cinématographique.
Sur le plateau, des mondaines des années vingt en franges de Lemarié défilaient aux côtés de jeunes working girls en denim, se précipitant de rendez-vous en rendez-vous. Des femmes d’affaires en tailleurs coquets croisaient des gangsters robustes en trench-coats en cuir et des fêtards en robes de soirée. On y a même aperçu un Clark Kent, complet avec son pull Superman arborant le logo Chanel.
Mais aussi un touriste portant un t-shirt « I Love New York » sous un tailleur en tweed. L’ensemble ressemblait à une scène de film, avec des figurants néanmoins beaucoup mieux habillés que d’ordinaire.
« Quand je vivais ici, je prenais constamment le métro et je voyais les scènes les plus incroyables », a raconté Blazy après le défilé. « À Times Square, Spiderman est un jour monté soudainement dans ma rame.
Et après une soirée à l’opéra, je me suis retrouvé entouré de femmes en robes de soirée.
Le métro new-yorkais ne connaît aucune hiérarchie. Étudiants et dirigeants mondiaux y voyagent ensemble. Tout le monde est en chemin et chacun a son propre style. Comme dans un film, ils sont tous le héros de leur propre histoire. Et c’est exactement ce que j’ai voulu retranscrire dans cette collection ».
Humour de circonstance(s)
Le fait que Blazy sache intégrer à la perfection les savoir-faire de la maison dans ses collections, il l’avait déjà prouvé à Paris. À New York, il est allé encore plus loin en y ajoutant également de l’humour. Le tweed était tissé de petits motifs de chiens sur un tailleur coloré. Des panneaux de tissus formaient ingénieusement la skyline de Manhattan sur une jupe. Sur l’iconique sac 2.55, quatre petites pattes dorées ont été ajoutées, donnant à l’accessoire la silhouette d’un fidèle compagnon à quatre pattes.
Autre point remarquable, et typique du jeune créateur, la combinaison d’éléments proches de la haute couture avec des pièces du quotidien. Un simple pull à col roulé porté sur une jupe dramatique brodée de paillettes, cristaux et perles par Lesage. Un trompe-l’œil de jean en soie ou des bottes en cuir robustes associés à un tailleur en imprimé tigre, agrémenté de petites plumes le long des coutures.
Cette tension entre luxe et quotidien caractérise la signature de Blazy, mais s’inscrit également parfaitement dans l’héritage de Coco Chanel. Elle estimait que les femmes, tout comme les hommes, avaient droit à des vêtements confortables. Elle portait souvent des vêtements de ses partenaire. Et avait découvert combien il était agréable de porter des pulls en jersey, des cardigans et des pantalons amples.
Bien entendu, toujours combinés à des touches plus élégantes, car le chic devait rester de mise. C’est précisément pour cela que cette collection Métiers d’art donnait l’impression de rentrer chez soi. Contemporaine, ludique et raffinée, tout en restant solidement ancrée dans l’histoire de la maison.
Nos looks favoris de la collection Métiers d’art 2026 de Chanel présentée à New York
