Voici le sixième tome d’une collection documentant les créateurs qui se succédèrent aux commandes de Dior depuis sa création. De 2012 à 2015, un Belge y fit merveille.
«Je voulais insuffler une dynamique à la haute couture. Cette dernière s’était comme figée, telle une chose que l’on contemple de loin ou sur du papier glacé.» Tel était alors le vœu de Raf Simons, né à Neerpelt, en 1968. A l’époque, il a 44 ans et vient de succéder à John Galliano à la tête de la maison Dior, comme directeur artistique de la haute couture, du prêt-à-porter et des accessoires féminins et présente sa première collection haute couture pour l’automne-hiver 12.
Dès ses débuts, il réinterprète la silhouette New Look qu’avait dessinée Christian Dior après-guerre: il en fait un tailleur-pantalon au cordeau, qui lui servira de manifeste architectural.
Trois ans et vingt collections plus tard, quand il rend son tablier, le créateur belge a réussi à explorer le passé et le futur en répétant: «Je ne suis pas romantique à propos du passé, je suis romantique à propos du futur.» Faisant le pari de l’hybridation, il a honoré l’union étroite, parfois étrange, entre la tradition et la modernité, le luxe et son atavique ascétisme, le savoir-faire d’une ancestrale couture parisienne, ses réminiscences d’adolescence et son goût prononcé pour les sous-cultures. Pour documenter ces années qui font date, il fallait un photographe d’une grande délicatesse.
Laziz Hamani donne à voir au plus près, à caresser presque la somptuosité des matières, la créativité des artisans, l’ingéniosité des petites mains, la recherche exigeante de Raf Simons et d’une équipe qui n’hésitent pas à repousser les limites – la définition essentialiste de la haute couture.
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Ses portraits de robes sont comme autant de paysages qui invitent au voyage et à l’émerveillement. En vis-à-vis, le texte de Tim Blanks, journaliste mode pour le site The Business of Fashion qui connaît ce monde depuis le mitan des années 80. Il y analyse la modernité de cet homme, réfute à juste titre sa réputation de minimaliste et fin psychologue, prévient dès l’entame que «la malédiction – ou la bénédiction… – des Capricornes serait de vivre leur vie à rebours: ils naissent sérieux et se détendent en vieillissant». On est tous d’accord, même Raf Simons, désormais au côté de Miuccia Prada, avec succès.
Dior, Raf Simons 2012-2015, Assouline, 195 euros.
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