Sam Taylor-Johnson, l’homme qui aimait les femmes

Sam Taylor-Johnson pour givenchy parfums © DR
Mathieu Nguyen

Nouveau visage du Gentleman de Givenchy, l’acteur a déserté les pages people pour s’installer durablement dans la rubrique ciné. Il nous révèle sa personnalité d’ardent féministe, aux antipodes du beau gosse macho.

Je ne me sens jamais plus fort que lorsque je soutiens ma femme.

Flash-back. En 2009, Aaron Johnson n’est encore qu’un gamin de 19 ans, qui a vaguement tâté de la célébrité en apparaissant dans des séries télévisées et des films comme L’Illusionniste ou Shanghai Kid 2.  » Un peu autodestructeur  » de son propre aveu, il picole sec, grille trente clopes par jour et écume les pubs. Quand il se présente au casting de Nowhere Boy, peut-être pressent-il que son profil d’ado rebelle et sa petite moue arrogante l’aideront à s’y démarquer, parmi quelque trois cents candidats au rôle du jeune et turbulent John Lennon. Ce qu’il ignore certainement, c’est que sa rencontre avec la réalisatrice, Sam Taylor-Wood, changera le reste de son existence. Le biopic sort le 29 octobre. Le lendemain, Aaron et Sam, vingt-trois ans de différence, annoncent leurs fiançailles.

Huit ans plus tard, Aaron et Sam Taylor-Johnson coulent des jours heureux à L.A., loin des tabloïds, qui à l’époque ne misèrent pas un penny sur la longévité de leur union. Entre-temps, Sam aura connu polémiques et succès en tournant Fifty Shades of Grey, tandis qu’Aaron aura grandi en tant qu’acteur, croisé la route de réalisateurs cultes comme Oliver Stone ou Hideo Nakata, et enchaîné blockbusters (Kick-Ass, Godzilla, Avengers) et film en costumes (Anna Karenine).

Cette année, il s’est offert un sacré contre-emploi –  » un roller coaster émotionnel  » dira-t-il – avec Nocturnal Animals de Tom Ford. Sa prestation, malsaine jusqu’à l’insoutenable, lui vaudra un Golden Globe.

Sam Taylor-Johnson
Sam Taylor-Johnson © DR

Quand nous le rencontrons cet été, ce n’est toutefois pas pour parler ciné, et encore moins pour évoquer son mariage hors normes – l’effet Macron, sans doute -, mais parce qu’Aaron a été choisi pour relancer l’emblématique parfum Gentleman de Givenchy.  » Souvent, en entendant ce mot, on pense au type à la Humphrey Bogart, à l’imagerie fifties de l’homme qui tient la porte mais n’hésite pas à se montrer misogyne. Ce n’est pas le monde dans lequel j’ai grandi, ni celui dans lequel nous vivons aujourd’hui « , déclare-t-il sans ménagement. Que signifie alors être un gentleman en 2017 ?  » Pour moi, être passionné et féministe, avoir l’esprit ouvert et des qualités qui rassemblent les gens. Ce que cette campagne essaye d’exprimer : de la liberté, de la joie et de l’optimisme, des sentiments que les hommes veulent parfois cacher, et que nous entendons au contraire célébrer, avec un certain sens du mouvement.  » Et ce pour le plus grand plaisir de ce danseur émérite, qui rythma à lui seul un clip du groupe REM, et adore se trémousser avec ses filles avant de les conduire à l’école.  » La pub ne montre pas un mec réprimé, mais heureux, limite clownesque, qui évite de se prendre au sérieux.  »

Interrogé dans la foulée sur son idée du féminisme, Aaron semble intarissable.  » C’est simple, c’est l’égalité. Traiter et respecter hommes et femmes comme égaux, résume-t-il. Bien sûr, il peut y avoir des actes de galanterie, mais pas de misogynie. Pour moi, ça ne devrait même pas devoir se discuter, c’est triste qu’on en soit encore là. J’ai été élevé par des femmes, à mon tour j’élève des filles et je refuse qu’elles grandissent dans une société où des choses à leur portée leur sont refusées à cause d’une question de genre. Je suis marié à une personne courageuse, libre et indépendante, et je ne me sens jamais plus fort dans ma masculinité que lorsque je la soutiens dans ses passions et ambitions, et que je veille sur les enfants pendant qu’elle fait ce qu’elle a à faire. Beaucoup pensent que c’est indigne d’un vrai mec ; moi, j’adore ça.  » Avec une carrière prometteuse, un Golden Globe en poche et un contrat tout neuf signé avec une prestigieuse maison de luxe, mais aussi une famille épanouie et un discours engagé qu’on aimerait entendre plus souvent, à seulement 27 ans, Aaron a déjà tout d’un grand.

BIO EXPRESS

1990. Naissance à High Wycombe, au nord de Londres.

1996. Débuts au théâtre.

2002. Premiers pas au cinéma dans Tom & Thomas.

2009. Rencontre et fiançailles avec Sam Taylor-Wood. Ils se marient trois ans plus tard.

2014. Première apparition dans la série Avengers.

2017. Il remporte un Golden Globe pour Nocturnal Animals.

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