Tout ce qu’il faut retenir des derniers défilés croisière
De Max Mara dans la cité des Doges à Louis Vuitton sur les hauteurs de Barcelone, les maisons de couture ont, une fois encore, dévoilé leurs nouvelles collections croisière avec ravissement.
De Londres à Marseille en passant par Venise, découvrez les défilés croisière comme si vous y aviez été invités grâce au compte-rendu pointu de nos journalistes qui ont eu la chance d’y assister.
Sur les traces de Marco Polo avec Max Mara
«Venise est une ville magique, déclarait Ian Griffiths, directeur de la création de Max Mara, à quelques heures du défilé. Elle se trouve au carrefour de l’Orient et de l’Occident. Il y a sept siècles, Marco Polo a fait se rencontrer la culture occidentale et l’opulence de l’Extrême-Orient à travers la route de la soie. C’est ici que le luxe est né.» L’explorateur vénitien a passé vingt ans à la cour de Kublai Khan en Mongolie, où l’on produit encore aujourd’hui de la laine de chameau et de cachemire, matière à partir de laquelle la maison italienne confectionne ses manteaux emblématiques.
Le show, qui s’est déroulé dans la loggia du palais gothique des Doges, s’est donc ouvert – comment pourrait-il en être autrement – avec des manteaux camel aux silhouettes variées, des robes de chambre voluptueuses aux capes et trenchs pourvus de ceintures à glands oversized. Les manches, elles, s’affichaient tantôt amples et bouffantes, tantôt étroites avec des poignets contrastés.
Le défilé s’est achevé sur quatre looks époustouflants inspirés de la collection de fin d’études du créateur à l’université de Manchester, voici quarante ans. «Les échantillons étaient encore en parfait état, nous avons donc décidé de les reproduire, explique-t-il. Ils donnent le ton à toute la collection.» Les tenues, dont une veste d’opéra spectaculaire et une robe licou en soie superposée, étaient assorties d’imposants turbans conçus par le modiste britannique Stephen Jones.
Mise au vert pour Gucci
Pour présenter sa première collection croisière pour Gucci, Sabato de Sarno a convié ses hôtes à la Tate Modern de Londres. Histoire d’adoucir l’aspect brut et industriel de l’endroit, il a fait remplir l’espace de 10.000 plantes, en clin d’œil aux luxuriants jardins anglais.
«Londres m’a toujours accueilli à bras ouverts, tout comme elle a inspiré Guccio Gucci», a-t-il confié, en référence au fondateur de la maison de couture, qui était autrefois portier à l’hôtel Savoy.
A l’instar du lieu, la collection était tout en contrastes. Ainsi des blouses romantiques associées à des jeans amples, et des broderies florales combinées à des creepers robustes. L’artisanat était aussi à l’honneur, avec des fleurs découpées au laser et des milliers de perles tintant doucement sur les vestes et les jupes. «C’est une autre facette de moi, plus romantique, plus contradictoire», a encore ajouté le créateur.
La légende d’Ecosse de Dior
Dior n’avait plus organisé de défilé en Ecosse depuis 1955 déjà. La directrice de la création, Maria Grazia Chiuri, avait donc décidé d’employer les grands moyens. Cornemuses, somptueux tartans, capes et kilts en tweed en collaboration avec la marque Le Kilt… Même l’emblème de Mary Stuart, l’ancienne reine d’Ecosse, ne manquait à l’appel.
Le défilé s’est tenu dans les jardins du château de Drummond, dans le Perthshire, surnommé le «jardin de Versailles» dans la série télévisée Outlander. Les mannequins y déambulaient de l’édifice jusqu’aux terrasses, où le public a pu apprécier le show à l’abri des intempéries.
L’élégance phocéenne de Chanel
Pour son tout dernier défilé Chanel, Virginie Viard a mis le cap sur Marseille et a choisi pour décor le toit-terrasse de la Cité Radieuse. Sur ce complexe résidentiel en béton de Le Corbusier, la directrice artistique a dévoilé une collection décontractée et jeune composée de minirobes, de cardigans colorés en crochet, de chemisiers en broderie anglaise, de tongs compensées et de ceintures ornées de coquillages.
Le tweed était bien entendu incontournable, cette fois dans des couleurs primaires rappelant les balcons du bâtiment. «J’ai voulu capter le charme de la ville et le vent de fraîcheur qui y souffle», a résumé la créatrice.
Viva Barcelona pour Vuitton
Sur les hauteurs d’El Carmel avec vue sur tout Barcelone, Louis Vuitton a invité 600 hôtes dans le Parc Güell afin d’y assister à la présentation de sa collection croisière 25. Nicolas Ghesquière, le directeur artistique de la ligne Femme, a choisi de faire défiler ses mannequins dans la salle Hypostyle, sous le plafond de mosaïques, entre les 86 colonnes si légères qui semblent vouloir faire décoller ce temple et ses trois nefs. Sa garde-robe complète fait référence aux codes vestimentaires de l’Espagne, sans jamais verser dans les clichés. On reconnaît la trace d’une mantille, d’une guipure, de pois, de volants, de chapeau… La géométrie des silhouettes s’adoucit des sinuosités qu’aimait tant Gaudí.
La «pureté opulente» de son modernisme trouve un écho dans la palette de couleurs – du beige, du gris, du bleu saphir, un éclair de rouge et de pourpre cardinal. L’allure a quelque chose d’énergique, de juvénile. La longueur mini, les robes et jupes boules, le jodhpur ou la salopette n’y sont pas étrangères, de même ce serre-tête zig-zag, clin d’œil aux années 2000. Tout cela n’interdit pas l’élégance rigoureuse d’une silhouette en noir et blanc longiligne à peine assortie de deux poches ceinturées. C’est sans conteste l’une des meilleures collections du créateur français, comme s’il avait atteint l’acmé. N’y est sans doute pas pour rien son contrat renouvelé pour cinq ans au sein de la maison en novembre dernier, comme un pari pour l’avenir.
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