Une Belge chez Marc Jacobs

En trois ans, Meryll Rogge a été catapultée au firmament de la mode américaine, chez Marc Jacobs. Une ascension « magique » pour la jeune styliste belge.

Quand elle était petite, Meryll Rogge se voyait créer les dessins animés de Walt Disney. « Toy Story a tué mon rêve car je voulais dessiner à la main et par sur ordinateur ». La jeune Belge, chevelure lisse naturellement dorée et regard bleu profond à peine fardé, n’en vit pas moins un autre conte de fée. A 26 ans, cette ancienne étudiante de l’Académie Royale des Beaux Arts d’Anvers fait partie de l’équipe rapprochée de Marc Jacobs, à New York. Un petit noyau de créatifs qui gravite autour du plus fou des designers américains pour mettre en oeuvre sa vision. De l’atelier de Soho au backstage des défilés, notre compatriote veille sur les accessoires, les petites pièces et met la dernière touche aux finitions, jusqu’au choix de la couleur du fil à coudre. Une exécution minutieuse où il faut manier les épingles de sûreté, enfiler des perles et coudre des paillettes à la main. La ceinture de cuir en forme d’orchidée, un accessoire phare de la collection printemps-été 2011, a été réalisée par ses mains expertes, de même que le modèle de pastilles de caoutchouc en forme de coquille St Jacques qui fera vibrer les matières hivernales de la prochaine saison. Même quand elle s’use les doigts jusqu’au sang, Meryll n’en revient toujours pas de sa chance. Tout s’est passé très vite pour cette native de Sint Martin Leerne, près de Gand. A sa grande surprise, elle décroche un stage chez Marc Jacobs en 2008, au bout de sa troisième année à l’Académie. S’en suit une offre d’emploi immédiate, très difficile à refuser. « J’ai appelé mes professeurs qui m’ont dit que je pourrais faire ma quatrième année plus tard », raconte-t-elle à Weekend, attablée dans un petit café dans son quartier Soho où elle a ses habitudes et connaît le nom des serveurs. Trois ans plus tard, la Belge poursuit sa route et a gravi les échelons, passant du rôle d’assistante à celui de créatrice associée. Une aubaine pour la jeune designer qui s’imprègne de tous ses pores de cette expérience inouïe dans une grande maison de couture. Avec une grâce et une simplicité qui contrastent avec l’idée que l’on se fait de l’univers fermé de la mode, Meryll Rogge savoure chaque instant, les plus durs comme les plus gratifiants. Le rythme est sans pitié : « Un mois et demi avant le défilé, on travaille non-stop, week-ends et soirées comprises, jusqu’à deux heures du matin. C’est comme ça que j’ai raté le mariage de ma meilleure amie dont j’avais créé la robe. C’était horrible. Et j’en raterai encore, je le sais déjà ». Apprendre directement sous l’oeil exigent de Marc Jacobs, un de ses créateurs favoris avec Dries Van Noten, Prada et Phoebe Philo, n’a pas de prix. « Parfois, quand il me fait une critique ou me donne un conseil, je me dis, « Ah oui il a raison ».

Sa plus grande surprise depuis son arrivée : une atmosphère de travail sympathique et très internationale, dans laquelle la Belge s’intègre parfaitement. « Mes collègues sont relax, très posés » confie-t-elle. Marc Jacobs, le designer tout feu tout flamme, cherche-t-il un équilibre en s’entourant d’une équipe qui a les pieds sur terre ? « Il est très expansif c’est vrai, il parle beaucoup et fait des blagues. Nous sommes une drôle de famille, mais on se comprend bien », raconte Meryll, qui cache sous une douceur toute naturelle un caractère bien trempé. Au monde des célébrités qu’elle côtoie lors des after-parties, elle préfère les sorties cinéma, les concerts et ne dit jamais non à un bon burger américain. Plus Nolita que Meatpacking au rayon shopping, elle aime dénicher la perle rare dans les magasins de seconde main comme INA. Elle a choisi le jour de notre rencontre une jupe et la ceinture Marc Jacobs réalisée par ses soins assorties d’un top et d’une veste GAP. « Je n’ai pas besoin de m’habiller comme tout le monde, en jean skinny, bottes et T-Shirt. J’apprécie les belles pièces, tout simplement ». Meryll Rogge aime les contes de fée, mais sans la poudre aux yeux.

Elodie Perrodil

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