Des créateurs belges à petits prix: rencontre avec Valérie Berckmans, organisatrice des Brussels Fashion Sales
Valérie Berckmans prône depuis toujours la mode locale et durable dans sa boutique-atelier de Dansaert. Ces 16, 17 et 18 novembre, elle organise les Brussels Fashion Sales aux Halles Saint-Géry, avec les collections déstockées d’une vingtaine de créateurs bruxellois. Elle répond à nos questions sur le vif.
C’est un rendez-vous qu’on ne manque plus: deux fois par an depuis plus de 20 ans, les Brussels Fashion Sales rassemblent, le temps d’un week-end, stylistes bruxellois, débutants ou chevronnés, passionnés de mode ou simples curieux. Ces ventes éphémères sont devenues une institution en matière de mode bruxelloise. Cette année, c’est aux Halles Saint-Géry que se jouera l’édition de l’automne 2023. Une belle occasion de soutenir jeunes (et moins jeunes) créateurs locaux tout en se faisant plaisir, en s’offrant des pièces originales et durables à prix avantageux.
La question qu’on vous pose le plus souvent ?
« Vous cousez tout toute seule ? » Je réponds : « Non, sinon je serais enchaînée à ma machine ! » En général, les gens ne savent pas ce que je fais et ce que je ne fais pas. Certains pensent qu’une pièce se crée en dix minutes, d’autres en deux jours…
Le sport que vous pratiquez… en pensée ?
Le parapente, le deltaplane et la pole dance pour ce rapport à l’air et à la légèreté. Je viens juste de commencer les cours de pole dance, j’ai de grands espoirs de m’envoler.
L‘endroit dont vous n’êtes jamais revenue ?
La vallée de la Clarée, près de Briançon. Ce n’est pas la haute montagne, c’est très vert, il y a plein de petits torrents, des vaches, des bouquetins et des fleurs. On y campe, en famille, c’est la vie super simple, on s’y débarrasse de tout ce qui est en trop.
La personne qui vous influence le plus ?
Côté stylisme, c’est certainement Vivienne Westwood, parce que c’est la combinaison de la folie créatrice et d’une profonde éthique.
Le plat qui vous ramène en enfance ?
Les lasagnes bien grasses avec plein de sauce roborative. Pour le côté régressif et familial, parce qu’il se partage.
La chose la plus folle que vous ayez faite ?
Des enfants. Je n’avais jamais ressenti le besoin d’en avoir, je me posais des questions sur ce que cela risquait de signifier pour moi en tant que femme et pour mon indépendance. Et j’ai été bouleversée.
Un métier que vous auriez pu exercer ?
Créatrice de costumes historiques pour le cinéma. Parce qu’il y a toute la recherche, la connaissance de l’époque et sa réinterprétation. Quand on regarde le film Cabaret, c’est de l’époque de la Seconde Guerre mondiale mais on sent que ça a été fait dans les années 70, avec des esthétiques qui se brouillent. Parfois j’y pense mais je n’ai pas le courage de recommencer une carrière.
Ce qui vous saoule vraiment ?
L’agressivité des gens en ville. Dans un immense effort, j’essaie de prendre le pas inverse et d’être extrêmement polie.
Un (seul) mot pour vous décrire ?
Je ne trouve pas le mot, mais je n’ai pas envie que les choses se figent ni que je sois sclérosée par de vieilles idées. Alors je continue à vouloir ouvrir mon univers et ne jamais rien prendre pour acquis.
Votre achat le plus bizarre ?
Une robe blanche en satin blanc créée par Jan Fabre pour l’opéra Tannhaüser en 2004 et achetée au printemps passé lors de la vente des archives de La Monnaie. Elle vient s’ajouter à ma collection de vêtements que je ne mettrai pas mais qui ont un intérêt pour moi. Elle est extrêmement longue, elle prend dans ma penderie une place déraisonnable mais je n’ai pas l’intention de m’en débarrasser.
Lire aussi: Une pionnière de la mode durable belge sonne l’alerte sur les modes de production de l’industrie fashion
Une idée concrète pour un monde meilleur ?
Si on avait à cœur d’élever les enfants dans un amour universel pour les gens… Tout est cloisonné, catégorisé et j’ai l’impression que cela s’empire. Je trouve inquiétant le repli sur soi, favorisé par les réseaux sociaux.
Ce que vous aimeriez faire, là, tout de suite ?
Dans ce genre de fin de journée de novembre, aller aux thermes et ne réfléchir à rien.
Brussels Fashion Sales, 1, Halles Saint-Géry, à 1000 Bruxelles, les 16, 17 et 18 novembre. valerieberckmans.be
Lire aussi: Mentorat prolifique: portrait de trois duos de créateurs belges qui ont su montrer/suivre la voie
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici