Les Belgian Fashion Awards ont célébré la mode belge, le 28 novembre dernier, à Bruxelles. Depuis 2017, ils couronnent la créativité noir-jaune-rouge. Co-organisés par Le Vif Weekend, Knack Weekend, Flanders DC, MAD Brussels et Wallonie Bruxelles Design Mode, ces awards mettent en lumière les talents d’aujourd’hui et de demain. Le jury international était présidé cette année par Lidewij Edelkoort & Philip Fimmano, duo renommé d’observateurs des tendances. Dans un même élan, ils ont souligné la singularité et la créativité de la mode belge, de ses écoles, de son terroir.
Jury Prize of the Year: Marine Yee
«Slow, low profile and silent», telle est sa devise. Marina Yee a emprunté la voie royale pour ne pas perdre son âme dans l’univers de la mode. Elle a toujours préféré les détails subtils, les limites à outrepasser, les matières qui ont vécu, le lent et minutieux travail de couture, le geste de la main. Forte de ses plus de quarante ans de mode et d’un come-back qui débuta tout doucement en 2017, elle est lauréate du Jury Prize of the Year.
«Ce prix honore une femme, et une femme qui a la soixantaine, se félicitent le duo de présidents du jury, Lidewij Edelkoort et Philip Fimmano. Nous ne l’avons pas fait «exprès» mais nous tenons à le souligner, c’est exceptionnel. Marina a débuté sa carrière comme pilier des Six d’Anvers, elle s’est ensuite retirée du monde de la mode. Elle est restée dans l’ombre pour différentes raisons, tout en traçant son chemin. Et elle nous revient aujourd’hui, et cela sonne comme une revanche. Elle travaille notamment des vêtements usités qu’elle repositionne, retaille, recoupe, réanime…
Son projet est résolument contemporain, elle s’aligne avec notre époque. Et elle peut servir de modèle: voilà une créatrice qui a engrangé des connaissances et la sagesse de la vie et qui crée de la nouveauté, avec un esprit jeune et créatif – ce qui prouve que cela n’a rien à voir avec l’âge. Cela donne de la joie et de l’espoir, c’est tout ce que nous préconisons comme antidote à la terreur.»
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Découvrez notre interview exclusive avec Marina Yee, juste ici
Designer of the Year: Meryll Rogge
2024 est une grande année pour Meryll Rogge. Elle s’est mariée en mai, a fêté ses 40 ans et les 5 ans de son label. Elle a défilé à Paris en février dernier et en septembre, elle montrait sa collection dans la résidence de l’ambassadeur belge. Nominée au prix de l’Andam, elle fait aussi partie des finalistes de l’international Woolmark Prize. Et pour couronner le tout, les Belgian Fashion Awards lui décernent aujourd’hui le prix de créateur de l’année. Depuis son studio près de Deinze, entourée de sa petite équipe et parfois de ses deux très jeunes enfants, Meryll est aux anges.
Le mot des présidents du Jury
«Meryll s’inscrit dans la lignée des créateurs qui ont posé les bases de la mode belge. Et elle poursuit cette belle exploration, avec un travail textile recherché, utilisant différentes techniques et inspirations, venues du folklore notamment. Elle a lancé sa marque et a deux enfants, c’est exemplaire, on peut donc être mère et designer. On peut également percer sur le plan international et rester soi-même, en ce sens, Meryll est vraiment très belge. Elle répond aussi subtilement au désir symptomatique d’une génération inspirée par la nostalgie pour une époque qu’elle n’a pas vécu – cette appétence pour la nostalgie est le signe de la recherche de réconfort dans une société éperdue. Meryll Rogge crée des «vêtements amis», de ceux qui comptent et que l’on garde.»
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Changemaker of the Year: REantwerp
«Le projet de REantwerp coche toutes les cases, précisent les deux présidents du jury. C’est exactement ce genre d’initiative que l’on aimerait voir révolutionner le monde de la mode aujourd’hui. C’est un projet collectif, qui entend repenser le système: il travaille avec des jeunes venus d’ailleurs pour leur permettre de s’intégrer autrement, grâce à leur savoir-faire, à leurs connaissances, à leurs compétences. REantwerp est un refuge pour les réfugiés, permettant une forme de continuité, de pérennisation qui leur offre ainsi la sécurité. Au-delà de l’aspect humain, il faut aussi souligner combien les vêtements sont remarquables, avec un point de vue sociétal et une recherche stylistique extrêmement intéressants.
Ce label n’est pas seulement un projet militant et humanitaire mais aussi une proposition de vestiaire désirable dans sa simplicité. De plus, l’équipe mixte qui a fondé ce projet comprend un duo formé par le créateur Tim Van Steenbergen et la journaliste Ruth Goossens, épaulés par le styliste Benoît Bethume. Ruth Goossens a senti qu’il était temps de devenir militante, il en faut du courage, elle montre l’exemple, alors que beaucoup de gens se sentent aujourd’hui paralysés.»
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Emerging Talent of the Year: Marie Adam-Leenaerdt
«Malgré sa jeunesse, elle a eu l’audace de créer sa marque, applaudissent Lidewij Edelkoort et Philip Fimmano. Marie est diplômée de La Cambre mode(s), la preuve que les écoles belges prodiguent une excellente formation. On aime la fluidité de ses vêtements, c’est d’ailleurs l’une des grandes tendances à long termes. Elle réussit à faire du tailoring tout en restant fluide, et c’est remarquable. Sa mode est noble, simple, très essentielle. C’est exactement ce que beaucoup de femmes désirent à l’heure actuelle et cela correspond à l’idée de s’habiller plus formellement après les années de confinement. Enfin, malgré sa jeunesse, elle a eu l’audace de créer sa marque.»
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Professional of the Year: Daniel Henry
«C’est un artiste, un artiste qui travaille dans l’ombre, s’émerveille le duo à la tête du jury. Il manipule les fibres de tous types, les ennoblit, crée des textiles, qu’il met ainsi en valeur d’un point de vue culturel, historique, tactile, visuel, sensuel. Il travaille non seulement dans la mode mais aussi dans le design. Cette année, il a notamment collaboré avec John Galliano pour Maison Margiela pour le défilé Haute Couture de janvier dernier, que l’on retiendra comme iconique. Il a également créé le dais Velum Magneticus pour la salle des mariages de l’Hôtel de Ville de Bruxelles.
Malgré le fait qu’il œuvre dans l’ombre, nous avions envie de le mettre en lumière parce que nous pensons que couronner ce genre de personne montre à tous, et aux jeunes surtout, que la mode ne se résume pas uniquement aux défilés, que la création de tissus, la recherche et le développement sont la base de tout et que l’industrie a davantage besoin de matières intéressantes et éthiques.»
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Accessory Designer of the Year: Stephanie D’heygere
«Elle a un talent fou, signe des collaborations incroyables et des collections extraordinaires, s’enthousiasment Lidewij Edelkoort et Philip Fimmano. Elle a de l’humour et le ton juste. Stephanie sort du lot, sa créativité et son sourire n’y sont pas pour rien. C’est sa force de caractère et sa force de travail qui font d’elle une créatrice méritante. D’autant plus dans un monde où l’accessoire est désormais un véhicule de la pensée: avec une paire de chaussures ou un bijou, le consommateur s’exprime, et plus encore aujourd’hui où l’on constate que l’accessoire ne se plie plus au vêtement, au contraire, le vêtement est désormais passe-partout et chacun peut jouer sa petite musique singulière grâce aux accessoires.»
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Most promising graduate of the Year: Célestin Verheyden
«Le nouveau Montana, c’est ainsi que nous avons surnommé Célestin, se réjouit le tandem présidentiel de nos BFA. C’est évident qu’il a un grand talent. Il a été formé à la Cambre mode(s), cela prouve l’excellence de la pédagogie des écoles belges. Célestin taille et crée des formes inhabituelles qui ont de l’ampleur, ses choix de matières obéissent parfaitement à ses exigences de volumes, ses finitions sont jolies, sa présentation archi-complète. Il a un bel avenir devant lui. Il est tellement créatif que chaque silhouette est un concept en soi. Et nous aimons son romantisme, mais un romantisme bien dosé. Il est très touchant et sa collection aussi.»
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Notre rencontre avec Célestin est à découvrir juste ici
Fashion Brand of the Year: Four Roses
Cette huitième et dernière catégorie est entre les mains du public qui a eu la possibilité de voter online. La marque gantoise est donc arrivée en tête des voix de préférence. Le public félicite ainsi le couple formé par Lien De Vroe et Miguel Uytterhaegen, qui s’est lancé dans l’aventure en 2015 en rachetant ce label belge. Ils ont relevé le défi du rebranding, de la définition d’un ADN maison et d’une collection plus contemporaine, pour toutes les femmes « quel que soit leur âge ». On peut les retrouver sur leur Webshop et surtout dans leurs quatre boutiques, à Gand, Hasselt, Alost et Anvers. Une success story.
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Un jury international
Le jury des Belgian Fashion Awards 2024 était présidé par Lidewij Edelkoort et Philip Fimmano, respectivement prévisionniste de tendances, éditrice et curatrice d’exposition et analyste des tendances et consultant chez Trend Union. Ce jury rassemblait des professionnels du secteur: Serge Carreira, Directeur Initiative Marques Emergeantes à la Fédération de la Haute Couture et de la Mode; Eva Demoen, curatrice au ModeMuseum (Hasselt); Elise De Wyngaert, curatrice au MoMu (Anvers); Alexander Fury, fashion director pour Another Magazine et critique au Financial Times; Sarah Levy, designer d’accessoires et lauréate des Belgian Fashion Awards 2023; Nicolas Lor, curateur au Musée Mode&Dentelle (Bruxelles) ; Elodie Ouedraogo, co-fondatrice de UNRUN et fashion director au Elle Belgique; Raïssa Verhaeghe, fondatrice et CEO de l’agence RAVER; Lena-Sophie Röper, general manager designer & Luxury Zalando; Daniel Rodgers, auteur au Vogue British; Marie-Hélène Vanderborght, journaliste-éditrice à C’est du Belge, RTBF et Martine Zerneri, communication specialist & brand image manager.
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