Ces croqueuses d’hommes qui aiment la chair fraîche

Mrs Robinson a fait des petites ! Plus de quarante ans après Le Lauréat, les femmes mûres n’ont jamais eu autant d’appétit pour les jouvenceaux. Et leurs griffes manucurées se plantent aussi en France…

Gare aux cougars! Comme souvent, le pli a d’abord pris chez les pipoles, à l’image de Demi Moore, mariée depuis quatre ans à Ashton Kutcher, son cadet de quinze ans, ou encore de Madonna, inséparable depuis son divorce de Jesus Luz, un mannequin brésilien tatoué, âgé de 23 ans.

Comme toujours, c’est l’écran, ce miroir déformant de la société, qui a consacré le phénomène. Cougar Town, la nouvelle sitcom produite et interprétée par Courteney Cox, bat ainsi des records de popularité sur ABC depuis son lancement, fin septembre. Autre série, sur CBS cette fois, Accidentally on Purpose, avec Jenna Elfman, évoque les déboires d’une plus que trentenaire enceinte d’un gamin de 20 ans. Le cinéma n’est pas en reste avec Cougar Club, de Christopher Duddy, Toy Boy, avec un Ashton Kutcher pas vraiment dans un rôle de composition, et bientôt Pumas, où Jennifer Aniston tient le rôle principal.

Mrs Robinson du troisième millénaire

Et dire qu’on le pensait en voie d’extinction, promis à ne plus figurer qu’au générique d’Histoires naturelles ou dans les vitrines des magasins de peluches… Voilà pourtant qu’on signale sa présence du côté des collines de Hollywood, en Europe aussi, avec cette démarche souple et cet instinct chasseur qui font sa griffe. Le « cougar » est revenu! Précision d’importance: les spécimens repérés appartiennent tous au genre féminin. Et leur appétit pour la chair fraîche semble insatiable… Aux Etats-Unis, on désigne ainsi les femmes de plus de 40 ans s’affichant au bras de godelureaux de l’âge de leur fiston. Version en hauts talons des plus fieffés machos pour certains, icônes de la libération sexuelle pour d’autres, ces Mrs Robinson du troisième millénaire (l’indépendance financière et quelques piqûres de botox en plus) ont conquis tous les territoires de la culture américaine: sites de rencontres, concours de beauté, tee-shirts ou livres chantent leur gloire.

La cougar fait l’objet de débats enfiévrés chez les éditorialistes comme lors de soirées à thème torrides dans les clubs branchés. En décembre prochain, grâce à l’agence Carnival Cruise Lines, elle partira même en vacances, pour une croisière de trois jours entre San Diego et le Mexique. Gloria, Miss Cougar Amérique, joyeuse et sexy divorcée de 42 ans, jouera les mascottes. Et peu importe si elle n’a rien en commun avec les tendres moussaillons présents à bord. Sa satisfaction se trouve ailleurs: dans le relief impeccable de leur paroi abdominale, dans le regard plein d’envie de ses copines de bureau (voire de ses propres filles), dans l’exquise légèreté d’une relation débarrassée de corvée de popote ou de repassage.

Elles intriguent ou agaçent
Vu de France, où la cougar plante peu à peu ses griffes, le phénomène intrigue, amuse, agace parfois. « Le caractère incestueux de ce genre de relation me gêne. Et culturellement, le hiatus est énorme. Je ne crois pas qu’il s’agisse d’une solution harmonieuse à long terme », juge Marie-Laure Colonna, psychiatre, auteure de L’Aventure du couple aujourd’hui (Dervy). Le terme même de cougar peut offenser. Julia, 48 ans, compagne d’un homme de dix ans son cadet, se défend ainsi d’être une collectionneuse. Mais elle reconnaît une approche instinctive et décomplexée de sa sexualité : « Les femmes sont de plus en plus belles, de plus en plus longtemps. Pourquoi se priveraient-elles? Un corps jeune, c’est beau et troublant, témoigne-t-elle. Je suis entrée dans ma sexualité avec la pilule et avant le sida, dans une joie de vivre que n’ont connue ni la génération précédente ni celle qui a suivi. Peut-être que cet apprentissage m’a donné le goût de l’hédonisme. »

« Tout le monde y trouve son compte »

Même tonalité chez Tove, Franco-Danoise de 72 ans, qui vit depuis six ans avec un homme de trente ans son cadet. « Pour moi, une relation improbable ne signifie pas qu’elle est sans avenir. J’ai vécu dix ans avec un homme de vingt ans mon cadet dont je suis restée très proche. Certains hommes refusent les responsabilités et aiment être maternés. Moi, je trouve ceux de mon âge peu sexy et souvent figés dans leurs convictions. Tout le monde y trouve son compte », affirme-t-elle. Les cinéastes français aussi.

Dans Bazar (sortie le 2 décembre), de Patricia Plattner, Bernadette Lafont incarne une sexagénaire bouleversée par sa rencontre avec un jeune ouvrier d’origine portugaise. Chirurgienne du couple et du désir amoureux, Anne Fontaine, de son côté, travaille à l’adaptation des Grand-mères, court roman de Doris Lessing mettant en scène deux quinquagénaires ayant chacune une relation avec le fils de l’autre. Deux films tournés par et pour des femmes, diront certains. Deux films sur notre époque, diront les autres. Les cougars, elles, se fichent comme de leur premier toy boy de ce qu’on pense et courront découvrir leurs aventures sur grand écran. Bien accompagnées, cela va sans dire.

Géraldine Catalano, Lexpress Styles

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