Rencontre avec Valentina Sampaio, mannequin transgenre pudique devenu emblème des LGBT
Le premier mannequin transgenre à avoir fait la couverture du numéro français du magazine Vogue, Valentina Sampaio, se prépare avec « fierté » à défiler sur les podiums de la semaine de la mode à Milan. Rencontre.
La jeune brésilienne, interrogée par l’AFP avant le début mercredi des collections automne-hiver à Milan, se dit « fière » d’être devenue une icône du mouvement LGBT (Lesbiennnes, Gays, Bi et Trans).
Yeux verts, sans maquillage, chevelure châtain et peau diaphane, la top model est surtout une jeune femme timide qui n’aime guère parler d’elle-même. Loin du calvaire souvent enduré par les transexuelles pour être acceptées, Valentina Sampaio, 22 ans, rêve seulement de défiler avec les plus grands de la mode, comme Giorgio Armani.
Et quand on évoque une possible intervention chirurgicale relative à son changement de sexe, elle refuse tout net d’en parler.
Mais cela ne l’empêche pas d’être également très fière d’avoir fait la couverture de Vogue. « C’est important parce que la mode est un instrument pour qu’à l’avenir on ne parle plus de nous avec des préjugés », a-t-elle estimé dans cet entretien.
Valentina Sampaio a débuté sa carrière de top model au Brésil, son pays de naissance, il y a près de quatre ans, jusqu’à devenir « ambassadrice de L’Oréal », et star de la semaine de la mode en octobre à Sao Paulo. Elle avait alors défilé pour les créateurs Agua de Coco et Vitorino Campos. « Je veux continuer à me battre pour un monde meilleur » qui voit les transexuels comme quelque chose de « normal », dit-elle, d’une voix douce et androgyne.
« Je ne considère pas cela comme un défaut ou une anomalie », assure Valentina, qui pendant tout l’entretien, a soigneusement évité, par pudeur, d’utiliser le mot transexuel, transgenre ou le sigle LGBT.
« Valentina est Valentina »
« Chacun est comme il est. Juan est Juan, Maria est Maria et Valentina est Valentina », dit-elle en riant. « Je ne veux pas mettre d’étiquette ou de titres », ajoute la jeune femme, qui raconte avoir commencé des études d’architecture à Fortaleza dans le nord du Brésil, avant de suivre des cours de mode. « C’est pour cela que j’ai toujours voulu aller en Italie », ajoute-t-elle, assise sur un banc, en plein air et sous le soleil, dans un parc de la capitale lombarde.
Elle explique aussi avoir grandi sans heurts et bien acceptée par ses parents. « Dès mon enfance, je me suis sentie petite fille, petit garçon, je me sentais petite fille », assure-t-elle.
« Je suis née dans l’intérieur du nord-est, dans le Ceara, et dans cette petite localité, je me sentais protégée, car tout le monde se connaît et se respecte », explique encore Valentina. « Je ne nie pas qu’au début de ma carrière certaines choses sont arrivées », comme le refus d’une marque d’avoir recours à elle pour une campagne publicitaire. « Je me suis sentie très mal, j’ai voulu arrêter de travailler » comme mannequin, « mais à la fin j’ai réalisé que j’aimais ce travail et ça ne m’a pas arrêté », a-t-elle ajouté.
Valentina, qui n’utilise pas son vrai nom, fait partie d’un groupe de mannequins brésiliens qui lutte contre les préjugés et contre la violence faite aux transexuelles. « Le conseil que je peux leur donner est qu’elles croient en elles-mêmes et qu’elles ne se découragent pas devant les difficultés », assure la jeune femme, suivie par quelque 35.000 personnes sur Instagram.
Le magazine de mode Vogue Paris a fait sa une du mois de mars avec une photo glamour de Valentina, une première pour un magazine français, la qualifiant d' »étendard glam d’une cause en marche ».
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