Gwyneth Paltrow, la star de mompreneuses
A 41 ans, l’égérie du nouveau parfum Boss se voit davantage comme une mompreneuse à plein temps que comme une actrice. Son statut de gourou du lifestyle en irrite plus d’un(e). Elle assume.
Qui n’en a pas rêvé ? De se mettre en mode pause, même un instant. De goûter pleinement le moment, hors champ. Et de ne se soucier soudain de rien ni personne sauf de soi. Pour une fois. Ces instants « feel good » capables d’illuminer, l’air de rien, le quotidien, ont servi de mood board à la création de Ma Vie, troisième volet de la saga des parfums Boss, incarnés depuis 2012 par Gwyneth Paltrow. Après la belle séductrice de Boss Nuit et la sylphide solaire de Boss Jour, c’est une facette plus zen et plus hédoniste de la féminité que la marque a choisi d’explorer. Le jus frais, généreux, aussi doux sur la peau que la caresse indulgente du soleil au petit matin, enveloppe celle qui le porte d’une force tranquille.
Un pitch qui colle bien finalement à une certaine idée que l’on se fait de celle qui n’a pas hésité à mettre sa carrière cinématographique en pointillé depuis la naissance de ses deux enfants. Biberonnée au cinéma – son père, Bruce Paltrow, était producteur, sa mère, Blythe Danner, est toujours actrice -, elle démarre dans le métier à 16 ans pour mieux décrocher un Oscar, dix ans plus tard, dans le Shakespeare in Love de John Madden. Et si, à 41 ans, elle se limite volontairement à un tournage par an, c’est bien sûr pour se consacrer à sa vie de famille mais surtout pour développer Goop, un blog de lifestyle lancé en 2008, couplé à une plate-forme de vente en ligne. Contrairement à la majorité de ses » collègues » plutôt avares en confidences, l’ex-femme du leader de Coldplay ne craint pas d’exposer ses bons plans mais aussi ses joies et ses peines à la terre entière. Une » générosité » qui ne lui vaut pas que des amis sur la toile, ses » haters » lui reprochant surtout de prôner un style de vie qui ne sera jamais à la portée du plus grand nombre…
Pourtant, lorsqu’elle pénètre tout sourire dans la suite du Trump Soho où se déroule l’interview, elle ne donne pas vraiment l’impression de vouloir à tout prix s’imposer comme maîtresse à penser du bien-vivre universel. En total look Boss signé Jason Wu – quelques heures plus tôt, elle assistait d’ailleurs au premier défilé du nouveau directeur artistique de la griffe allemande -, elle sirote une tasse de thé que l’on imagine vert, le dos tourné au scintillement des lumières du Manhattan by night comme pour mieux conjurer la menace de tempête de neige qui plane ce soir-là sur New York. Le froid, pourtant, elle connaît, et avec lui l’art de s’emmitoufler au coin du feu avec attitude, après dix hivers consécutifs passés à Londres avant de se décider finalement à remettre les voiles vers sa Californie natale.
Un changement de taille, un de plus, venu émailler le début du reste de sa vie, qu’elle entend mener à bien du mieux possible. » En tant que femme, j’ai vécu ce passage de la quarantaine comme un vrai cadeau, assure-t-elle. J’ai pris conscience de ce que j’avais été jusqu’ici et de ce que je voulais devenir pour le temps qu’il me reste. La vraie question qui se pose alors, c’est de savoir si l’on a ou non l’audace de changer certaines choses. » Car dans son bilan, tout n’est pas à jeter.
Gwyneth assume plutôt bien sa célébrité. Elle l’admet. Lorsqu’on a été ce que l’on appelle un people plus de la moitié de son existence, l’idée de se réveiller un matin sans paparazzi le téléobjectif coincé dans la grille du jardin a de quoi faire rêver. » En même temps, comme cela fait tellement partie de mon quotidien depuis si longtemps, j’ai presque du mal à m’imaginer comment je pourrais vivre autrement, reconnaît-elle. Je pense surtout à tous les liens extraordinaires que j’ai eu la chance de tisser. C’est grâce à cela que j’ai pu lancer Goop, parce que j’avais accès à des gens formidables qui ont accepté de partager avec moi leur talent. Et je ne vous parle même pas des petits privilèges de la célébrité, comme de pouvoir appeler votre resto préféré et de savoir que vous aurez neuf chances sur dix de décrocher une table même s’il est officiellement complet ! Et ça, pour quelqu’un qui adore manger comme moi, ça vaut de l’or. «
Gwyneth ne cherche plus à plaire à tout le monde. A ceux qui l’accusent de ne pas supporter la critique, elle répond que finalement seul compte pour elle l’avis de ses proches. Et les résultats tangibles de ses efforts – les ventes de ses livres, les entrées de ses films, le succès de son site… » Ce que des inconnus écrivent sur moi sur le Net ne m’intéresse pas, justifie-t-elle. Ils s’attaquent à une projection qu’ils se font de moi. » Son seul regret ? » Ne pas avoir accepté de m’écouter plus tôt. L’honnêteté, la vraie, demande du courage. Pas celui de balancer des choses méchantes à la figure de son voisin, non, celui de s’accepter telle que l’on est avec ses limites et ses faiblesses. Aujourd’hui, j’ose exprimer ce qui me paraît vrai à voix haute. » Au risque de déraper parfois et d’être mal comprise, comme lorsqu’elle lâche au détour d’une interview que les mères de famille fonctionnaires ont la vie plus facile qu’elle. Taclée par Angelina Jolie, Gwyneth s’est depuis lors excusée.
Gwyneth est plutôt du genre à balancer. Mais pour la bonne cause. Car à ses yeux, il y a dans le monde deux types de femmes, peu importe qu’elles soient célèbres ou pas. » Celles qui, lorsque vous leur faites un compliment sur les fleurs qui décorent la table ou leur chemisier, ne se » souviennent » jamais du nom de leur fleuriste ni de la marque de leur vêtement, soi-disant. Et puis les autres. Moi, j’adore faire partager à mes amis les choses que j’aime, rassembler les gens, créer des ponts. C’est ce qui m’a amenée à créer Goop, en fait. C’est le prolongement naturel de ce que je suis. » Le site d’abord dédié à ses recettes bio préférées – rassemblées depuis dans des livres, le deuxième, intitulé C’est vraiment bon, sortira en français chez Marabout mi-septembre – a très vite traité de bien-être au sens large – c’est d’ailleurs dans la rubrique » be « , pour » être » en anglais, que l’actrice a annoncé officiellement sa » séparation responsable » avec Chris Martin -, de mode bien sûr mais aussi de voyage. Un business modèle qui semble faire école : en juillet dernier, Blake Lively s’est à son tour décidée à lancer un concept copié-collé baptisé Preserve.
Gwyneth a osé le grand saut. Il y a des disparitions qui vous marquent. A jamais. Bouleversée par la mort de son père, son mentor, atteint d’un cancer de la gorge, elle accepte d’écouter les signaux de détresse que lui envoie son propre corps. Et change radicalement de style de vie. Contrairement à ce qu’on dit, elle n’est pas végétarienne. Ne s’affame pas à plein temps. Les fameuses détox tant décriées qu’elle s’impose l’aident, plaide-t-elle, à retrouver la forme. » Lorsque l’on réalise que l’on est arrivé à la moitié de sa vie, on a la choix. Soit on décide de faire comme si de rien n’était, on boit, on mange, on fume encore plus qu’avant, soit on accepte l’idée que la manière dont on a vécu jusque-là ne vous faisait pas que du bien. J’ai choisi cette option-là. Comme j’aime trop manger, je fais une heure et demie de sport par jour, cinq jours par semaine. J’ai la chance d’être très disciplinée. Alors bien sûr, j’essaie au maximum de manger des choses saines et équilibrées, mais je fume une cigarette à l’occasion et je ne dis pas non à un verre de vin rouge… ou un bol de frites de temps à autre ! » Humaine quoi !
Gwyneth ne se met plus la pression. Décider de ne plus tourner qu’un film par an, cela implique forcément d’apprendre à dire non. Une résolution plus facile à prendre sans doute lorsque l’on a déjà un Oscar qui trône sur la cheminée. » C’est très libérateur finalement de ne plus avoir à penser à » ça « . C’est un signe de reconnaissance… mais au bout du compte, ce que vous avez en main, c’est une statuette dorée en toc ! Ne plus devoir courir derrière ce rêve m’a permis de gérer ma carrière comme je le voulais. D’être mère à plein temps un moment et de retravailler davantage maintenant. » Dans les mois à venir, on la verra plutôt en mode comédie – elle a accepté de rempiler dans le rôle de Holly Holliday dans Glee – et aux côtés de Johnny Depp aussi. On demande à voir.
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