Fanny Bouvry

S’offrir de l’art à sa mesure, collectionner à sa guise, voilà le vrai luxe

Fanny Bouvry Journaliste

Cette année, le marché de l’art contemporain a connu une petite révolution. Le recordman des ventes que constitue toujours Jean-Michel Basquiat – mort d’une overdose dans les années 80, à 27 ans, rappelons-le, et dont l’une des oeuvres, In This Case, est actuellement la meilleure vente de 2021, avec ses 93,1 millions de dollars au compteur – s’est vu talonner par un artiste… numérique! L’Américain Beeple, alias Mike Winkelmann, a en effet remporté la deuxième meilleure adjudication de l’année pour l’art contemporain avec Everydays: the First 5000 Days, un collage digital hypnotisant qui s’inscrit dans la mouvance actuelle des NFT, ces jetons non fongibles qui rendent le monde virtuel lui aussi commercialisable. Le prix de cet assemblage 2.0 de dessins et animations: 69,3 millions de dollars, les enchères ayant débuté à… 100 dollars.

Ces chiffres donnent le vertige. Mais ils desservent aussi en partie le marché de l’art. Car derrière ces mastodontes fortunés, médiatisés et symboles ostentatoires de l’ultraluxe, se cachent des millions d’artistes, dont la cote est bien moins élevée et qui ne demandent qu’à être découverts… et achetés, pour vivre de leur art.

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Chez nous, acquérir une toile ou une photo signées fait en effet toujours peur et nombreux sont ceux qui aspirent à franchir le pas, mais qui n’osent pas, tant le secteur semble hermétique et inaccessible.

C’est face à cette situation qu’Ohana Nkulufa, une jeune Bruxelloise d’origine congolaise et passionnée d’art africain notamment, a lancé LenArt. Son objectif: « La démocratisation du monde de l’art en facilitant le processus d’acquisition pour donner l’opportunité de commencer une collection. » Elle propose donc des financements pour épauler ceux qui apprécient le travail d’un créateur mais ne peuvent se l’offrir immédiatement. « J’ai remarqué qu’aux Etats-Unis et à Paris, le monde de l’art n’était pas aussi effrayant que chez nous. Je me suis dit qu’il manquait d’un intermédiaire capable de faire le lien entre ce marché intimidant et l’individu lambda qui souhaite mettre le pied à l’étrier des arts plastiques », expliquait-elle dans le magazine Le Vif en 2020, année de son lancement.

Une initiative qui, comme d’autres reprises dans nos pages – à l’instar de Demain Belgium, une plate-forme qui présente le travail de jeunes concepteurs émergents, avant que ceux-ci aient accès à de vraies galeries -, permet de passer du rêve à la réalité. Et ce tant pour les amateurs d’art que pour les artistes qui peinent à sortir de l’ombre.

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« Dans la vie, nous opérons des choix parce que nous croyons qu’ils correspondent à notre réelle volonté, alors que nous ne faisons que copier les gens dont nous envions le statut », explique l’auteur de best-sellers et journaliste Will Storr dans une interview qu’il nous a accordée. Plutôt que de se pâmer devant des oeuvres hors de prix, il est donc plus malin, et galvanisant, de s’offrir de l’art à sa mesure. Un tableau ou une sculpture pour lequel on a ressenti quelque chose, qui nous a appelé du regard, et avec qui l’on a envie d’entamer une histoire, qu’importe que son auteur soit inconnu ou seulement en devenir. En faire à sa guise, voilà le vrai luxe.

Edito du Vif Weekend Black Luxe, en kiosque le 11 novembre 2021

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