Delphine Kindermans
Simone, reviens !
C’est une réalité : dans la sphère politique ou les studios de Hollywood, aux postes de direction comme dans les conseils d’administration, les femmes restent considérablement sous-représentées.
De façon générale, dans le monde professionnel, et malgré des mesures visant à rectifier le tir, elles sont toujours moins payées que leurs confrères, pénalisées en fin de carrière par l’emploi à temps partiel et les congés parentaux trop souvent pris par les mamans. Sans parler de la seconde journée, celle qui les attend à la maison après leur job « officiel »…
Plus alarmante peut-être, car moins médiatisée, est leur crainte de porter plainte en cas de harcèlement sexuel vécu sur leur lieu de travail. Ce serait « dangereux », à en croire 37 % de celles qui ont participé à l’enquête exclusive que nous avons réalisée auprès de 2 500 personnes. A noter que les hommes vont dans le même sens, pour 34 % d’entre eux. Ce n’est donc pas là la polarisation la plus flagrante qui ressort de nos investigations. En revanche, que penser de ces 64% de sondés qui estiment qu’insister pour obtenir un rendez-vous amoureux n’est « pas grave », alors qu’une majorité de leurs homologues féminines trouvent au contraire cela « très dérangeant » ? Des chiffres révélateurs : l’idée que l’on a d’un comportement inapproprié dépend en grande partie du fait qu’on le subit ou qu’on l’inflige. D’où cette autre interrogation, qui divise les féministes au masculin rencontrés lors de la réalisation de ce numéro spécial : est-il judicieux qu’ils prennent la parole au nom de leurs compagnes pour étayer leur combat et en renforcer la visibilité ou préférable de les laisser monter seules aux barricades, tout en leur assurant un soutien et éventuellement une base arrière ?
A entendre ce sexisme quotidien fait de réflexions sur les « sports de mecs » ou « les gonzesses au volant », on se dit que Simone de Beauvoir aurait encore bien du boulot
S’il n’était évidemment pas question de faire de l’inégalitarisme à l’envers dans les pages qui suivent, c’est toutefois sur les femmes que nous avons voulu donner un coup de projecteur à travers une bonne vingtaine de portraits. Notre manière de montrer que, de Beyoncé à Ovidie en passant par la photographe Annie Leibovitz ou la sénatrice Olga Zrihen, les filles spirituelles de Simone de Beauvoir, décédée il y a tout juste trente ans, adoptent aujourd’hui des visages différents.
A entendre ce sexisme au quotidien fait de réflexions sur les « sports de mecs » ou sur « les gonzesses au volant », contre lequel Vie Féminine appelait d’ailleurs à se mobiliser le 23 avril dernier, ou à voir certaines pubs, dont celle de Playmobil qui, sous la pression, a fini par être retirée avec les excuses de la marque, on se dit que l’auteure du Deuxième sexe aurait encore bien du boulot. Rémunéré à sa juste valeur, sans distinction de genre, cela va de soi.
Merci à Mirion Malle, auteure de la BD et du blog féministes Commando Culotte, qui illustre notre enquête.
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