Un vent du Sud a ouvert la Fashion Week de Buenos Aires

Notre blogeusse venue du sud nous fait découvrir une toute autre fashion week que celle qui se déroule actuellement à Milan. La capitale argentine semble offrir un défilé haut en couleurs.

Il est 20h10, le vent est tombé sur la capitale argentine tout comme sur le toit du shopping center du quartier de Palermo où je me trouve pour assister au défilé d’ouverture de la Fashion week de Buenos Aires. Le soleil joue à cache-cache derrière les immeubles avant de disparaître laissant sa place à d’autres « étoiles ». Je veux parler de tous ces famosos argentinos (people) qui ne pouvaient rater ce rendez-vous.

Soudain je me dis qu’ils sont bien insignifiants mes cinq ans d’Argentine, quand, face à ce dédale de « stars » je ne reconnais quasi personne… Heureusement, grâce à un rapide debrief de mon confrère assis à ma gauche, me voilà tout d’un coup revenue dans la partie ! Quand soudain les lumières s’éteignent, le tonnerre gronde et le vent se met à souffler. En tout cas dans les haut-parleurs, ça y est le défilé du génial Martin Churba et de sa marque Tramando commence.

Un vent du Sud comme le nom de sa collection « Sur » qui évoque notre sud à nous : la Patagonie. La présentation démarre très fort, alors que nous sommes plongés dans l’obscurité, trois mannequins font une entrée spectaculaire, vêtues de collants imprimés de formes géométriques et d’une veste ultra courte aux épaulettes et col comme enguirlandés d’un textile lumineux. Tout simplement étonnant !

Martin Churba, déjà connu et reconnu au Japon, offre ici une collection d’art-couture, comme il l’appelle lui-même, totalement ethnique. Les collants imprimés aux couleurs minérales tels que le gris, le noir, ou encore le marron rappellent les peintures corporelles pratiquées par ces fameuses tribus du Sud de la Patagonie. Le génie du créateur s’exprime, selon moi, plus clairement sur le haut des corps où la brillance et l’éclat deviennent un leitmotiv avec des tons or, argent mais aussi rouge ou bleu lapis-lazuli. Un magnifique travail a été réalisé sur les matières qui, tressées, nouées, donnent à ses veste-corsets un style ultra chic et en même temps presque…organique. Je m’explique : c’est un peu comme si la matière prenait vie au contact du corps en l’épousant parfaitement, n’en laissant apparaître qu’un décolleté ou un dos nu. Une sorte d’hymne à la féminité dans son aspect naturel et sublimé grâce à des couleurs éclatantes.

Connu pour son approche des textiles comme étant quasi des matières vivantes, Martin Churba et toute l’équipe de Tramando confectionnent ces pièces uniques dans leur « laboratoire », comme ils le nomment eux-mêmes, situé au 1er étage de la Casa Matriz (maison mère) dans le quartier de Recoleta (Rodriguez Peña 1973). Ici, tout laisse à rêver : la boutique d’abord, petit hôtel particulier de style Haussmannien, mais aussi les quas-oeuvres d’art qui se trouvent sur les portants ou encore les objets de décoration.

Car le designer argentin est complet et propose aussi tout une ligne de décoration d’intérieur depuis qu’on lui a demandé de penser et créer l’intérieur d’un hôtel en Patagonie justement ! Une partie du monde qui semble être une grande source d’inspiration. Quand on lui demande de résumer son activité, il répond qu’il prétend donner de la personnalité aux tissus grâce à son intervention artisanale. Il affirme aussi leur redonner, par cette transformation, une présence et une énergie.

Connu pour son excentricité, le designer, qui a présenté une collection structurée quoiqu’audacieuse, a fermé le défilé d’une façon digne de sa réputation. Aux côtés de l’actrice argentine qui présentait la dernière robe de son répertoire, il y mettait la touche finale par quelques jets de peinture. Bienvenus dans l’univers décalé de la mode selon Martin Churba, Made in Argentina!

Maité Celayeta

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