Badrutt’s Palace: pionnier du tourisme d’hiver

© Paul Thuysbaert / Badrutt's Palace Hotel AG
Nicolas Balmet
Nicolas Balmet Journaliste

Pendant tout l’été, Le Vif Weekend visite les coulisses des palaces mythiques du Vieux Continent. Cette semaine, en route pour les cimes de l’enchantement, avec une pépite hôtelière des Alpes suisses qui, à la fin du XIXe siècle, vit apparaître les pionniers du tourisme d’hiver.

Badrutt's Palace: pionnier du tourisme d'hiver
© Paul Thuysbaert / Badrutt’s Palace Hotel AG

Le nom de Badrutt, à Saint-Moritz, mériterait d’être gravé en lettres immenses sur le flanc d’une montagne. L’histoire débute par un pari un peu cinglé, lorsque le dénommé Johannes Badrutt, un soir d’automne 1864, assis dans le salon de l’hôtel Kulm qu’il a acheté quelques années plus tôt, se met à vanter les vertus de l’hiver suisse à quatre touristes anglais. Ces derniers, habitués aux ténèbres hivernales de leur glaciale Grande-Bretagne, n’en croient pas leurs oreilles quand Badrutt leur parle de  » paradis sur terre  » et de journées baignées de soleil.  » Revenez donc à Saint-Moritz en décembre prochain, lâche alors le patron aux Britanniques. Si vous ne vous amusez pas, je vous rembourse votre séjour ! « . Non seulement les gaillards sont revenus, mais une légende prétend qu’ils seraient restés… jusqu’à Pâques. Ainsi débute l’improbable histoire des sports d’hiver qui, au fil des années, gagne ses titres de noblesse grâce à l’imagination débordante d’un pionnier insatiable à qui l’on doit notamment la première piste de luge du monde, ou l’engouement des Helvètes pour le curling… importé par les visiteurs écossais.

C’est le fiston, Casper Badrutt, qui va ensuite polir le blason familial et, au passage, faire grimper la cote de la petite station des Grisons. En 1883, il met la main sur l’hôtel Beau Rivage, dont il confie le réagencement et l’agrandissement aux architectes suisses Chiodera et Tschudi, auteurs de nombreux bâtiments phares de Zurich. La rénovation est longue, car elle est peaufinée dans les moindres détails. Aussi, dès son ouverture en 1896, celui qui sera baptisé Badrutt’s Palace va très vite attirer les regards par le charme fou de ses apparats classieux. Alfred Hitchcock, Charlie Chaplin, Winston Churchill ou Greta Garbo seront parmi les premiers pensionnaires à conférer aux lieux une aura internationale. Bien d’autres suivront, éberlués par ses intérieurs raffinés, mais aussi ses plaisirs divers, entre les bals masqués, les courts de tennis indoor – du jamais vu en Europe -, l’immense complexe aquatique ou les cours de yoga donnés depuis les années… 1930.

Mais le plus dingue, c’est encore ce qu’il se passe à l’extérieur, soit un décor grandiose qui offre une vue imprenable sur les Alpes et leurs sommets aux neiges éternelles. Les pistes de ski sont juste à côté. Et puis, aux pieds de la bâtisse, le lac de Saint-Moritz est le jardin rêvé : en été, on fait de la barque sur ses eaux cristallines, tandis qu’en hiver, on s’y essaye au patin à glace. Aujourd’hui membre de l’association The Leading Hotels of the World, ce bijou sans saison a toujours réussi à séduire sa clientèle huppée par sa prestance, ses coups d’avance et même sa façon bien à lui d’accepter les extravagances. Car ici, les désirs sont des ordres. Entre le couple de jeunes époux qui a pu vivre un mariage blanc grâce aux canons à neige disposés autour de l’hôtel, un client qui a fait venir son plat de poisson préféré depuis Paris via un jet privé, ou un événement qui s’est transformé en  » pool party  » avec des otaries pataugeant dans la piscine, le mot  » impossible  » est clairement refoulé à l’entrée du palace. Au contraire de l’éléphant qui a surgi dans le hall principal par un beau jour de 1992, lorsqu’un homme s’est juré de surprendre sa femme pour son anniversaire…

Badrutt’s Palace, 27, via Serlas, à 7500 Saint-Moritz. www.badruttspalace.com A partir de 378 euros la nuit.

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