Besoin d’un bol d’air frais en ville? On a testé le GR 12 Forest-Beersel pour vous
Sur les sentiers de Grande Randonnée, le voyage est à portée de main. D’autant qu’il existe en Belgique plus de 8 500 kilomètres jalonnés de balises rouge et blanc aux combinaisons infinies. Testé pour vous, le GR 12 Forest-Beersel ou le dépaysement au bout de la rue.
On l’appelle aussi « le sentier des capitales », parce qu’il a pris la liberté de relier Amsterdam à Paris en passant par Bruxelles. Ménageons notre peine, nul besoin de calculer le kilomètre effort, on n’est pas dans un raid montagne. Sur papier, on nous promet « des parcs, des petites routes méconnues chargées d’histoire et de folklore, des sentiers campagnards et sylvestres qui font le bonheur des marcheurs ». Et puisque nous sommes pour partie en territoire urbain, on nous prévient que les balises s’offrent des supports parfois incongrus, poubelles, bancs, bollards, va falloir ouvrir l’oeil.
Le GR 12 a l’excellente idée de passer par le bout de ma rue, à Forest, commune bruxelloise qui en dit long sur ce qu’elle fut au Moyen Age. Echauffement à grandes enjambées dans les allées mille fois parcourues de ses parcs – poumon vert que Léopold II offrit à son bon peuple. Faut-il être à ce point inattentive pour n’avoir jamais remarqué les rectangles blanc et rouge disséminés ici et là, comme des petits cailloux ?
L’aventure débute vraiment au pied du chemin du Crabbegat, sauvage sente à l’ombre des grands hêtres et d’une tour du XVIe siècle où, m’apprend le topo-guide, Charles De Coster installa son Thyl Ulenspiegel le temps d’une rencontre avec « des aveugles, des femmes d’Uccle et des frères de la bonne trogne ». Ça commence bien et ça sent le printemps à plein nez, les oiseaux ont répondu à l’appel. Ont-ils perçu le bouleversement ? Entendent-ils le même silence que les humains, qui leur laissent soudain plus de place à moins que ce soit notre oreille affinée par trop de confinement ? On se laisse porter par la cadence, les sens en éveil, le parfum d’une haie de troène suit avec entêtement la passante éblouie.
Aux croisements, on tâtonne encore, la piste n’est pas toujours un jeu d’enfant. A peine visible sur un panneau de signalisation « H », une balise, doublée de celle en forme de coquille du Camino de Santiago de Compostela. Les deux chemins se superposent, prennent la tangente parfois, se distancent, choisissent d’autres sentes, d’autres rues. Le Dieweg n’est pas loin, ni son cimetière désaffecté où la nature a repris pleinement ses droits, je repousse la visite, ce sera pour une autre fois – un voyage en soi.
À la gare d’Uccle Calvoet, la poubelle indique la direction : empruntez le tunnel tagué fort puissamment, revenez à l’air libre pour mieux tomber sur un mur de briques et un panonceau graphé par-dessus qu’on avait failli ne pas voir, « GR 12 Paris », c’est par-là. On laisse alors la ville derrière soi, en face, le Keyenbempt, qui cumule marais, potagers, prairies fleuries et bois où serpente un Geleytsbeek plutôt paresseux. Sous les pieds, des graviers de lave, de la terre, des pavés joliment désalignés, en ligne de mire, le moulin du Neckersgat, le dernier des Mohicans, mentionné dans les écrits dès 1384, respect.
Me suis perdue, je l’avoue, retour en arrière, jusqu’à la précédente balise. Saint Jacques m’a induite en erreur, qui poursuivait son petit bonhomme de chemin tout droit, il eut fallu que je prisse à gauche. Et comme j’ai loupé la croix de Saint-André qui me criait depuis l’écorce d’un frêne « tu te goures », je me suis vraiment fourvoyée si bien que ma cadence s’en est trouvée ralentie – ça finira par faire 5 heures au compteur. De toute façon, le temps s’est dilaté. Je me fais la promesse de lire Walden ou la vie dans les bois d’Henry David Thoreau.
Sur ces entrefaites, j’ai traversé Drogenbos. Et j’embrasse le monde depuis un talus de sable où les genets affichent un peu trop tôt leur intensité jaune miel. En contrebas, la voie de chemin de fer, comme endormie, qui mène à la gare, mon but ultime de ce jour, dans le soir qui frémit, les tours crénelées du château de Beersel. L’endroit serait parfait pour une nuit à la belle étoile. Allez, retour.
Pour aller + loin p>
Le GR 12 que nous avons testé n’est pas le seul à emprunter une portion urbaine du tentaculaire réseau de Grande Randonnée. Trois autres pistes à suivre depuis la capitale : p>
- Le GR 126 qui débute à Brussegem, passe par la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule avant de prendre la direction du sud vers la gare de Watermael-Boitsfort ou la Drève du Haras. Objectif à atteindre (ou pas) : Namur.
- Le GR 579 qui, lui, démarre de la cathédrale Saints-Michel-et- Gudule (où convergent d’ailleurs les trois itinéraires, attention aux panneaux directionnels), puis s’en va vers le Rouge Cloître, la Forêt de Soignes et la vallée de la Dyle. Destination finale : Liège.
- Il existe également un réseau de neuf randonnées spécifiques à Bruxelles, parcourant treize communes, qui sont rassemblées dans le topo-guide GR BRU.
Plus d’infos : grsentiers.org p>
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