La Côte d’Azur et ses dernières criques secrètes

De l’Estérel varois à la frontière italienne, la Côte d’Azur révèle une surprenante ribambelle de plages méconnues alternant sable et galets, eaux turquoise et émeraude. Voici nos cinq coups de coeur pour bronzer en solo.

De l’Estérel varois à la frontière italienne, la Côte d’Azur révèle une surprenante ribambelle de plages méconnues alternant sable et galets, eaux turquoise et émeraude. Voici nos cinq coups de coeur pour bronzer en solo.

La plus coquette
Plage des Anglais, Anthéor

Les reliefs acérés de l’Estérel témoignent ici d’épousailles forcées avec la mer, séparant ladite plage en deux par une falaise de lave tourmentée aux tons roses, orangés, violacés. Pour accéder à la première, sauvage en diable, se garer en face du n° 933 sur la Corniche, pousser la porte de la jolie grille bleue, la longer à gauche jusqu’au portail.

44 marches plus bas, un épais tapis de posidonies, une saine odeur d’iode et le murmure en boucle des galets roses roulés sur la grève – 4 mètres par 50, c’est peu mais suffisant au bonheur de Blaise, qui, au bout de la jetée, pêche son seau quotidien de menus éperlans : « Dans cette eau-là, on y voit comme en plein jour. » Face au n° 1023, l’autre anse, plus riante, cumule tous les fantasmes : villas perchées pile là où l’on finirait bien ses jours, jardins dégoulinant d’asters mauves et de coronilles jaunes embaumant le miel, semis d’îlots rouges comme autant de spots de plongée ou de méditation, frais glouglou d’une source cachée au pied de ses 38 marches de galets. De quoi prendre racine jusqu’au coucher du soleil.

Se loger, se restaurer: la Villa Matuzia, chambres d’hôte dans une villa 1930 (75 euros) et restaurant sous la tonnelle (menu du marché, 27 euros). 15, boulevard Sainte-Guitte, Agay, 04-94-82-79-95.

La plus haute en couleur

Port et crique du Poussaï, Agay

Ça commence par un pastis à la capitainerie d’Agay, avec Jean-Claude, président de l’Association des pêcheurs plaisanciers. On est ébahi par le contraste entre le cap de rhyolite vert irisé, l’eau turquoise et le rouge franc du proche îlot. « Longez les galets à fleur d’eau jusqu’au deuxième escalier. En cinq minutes, vous découvrirez notre autre merveille. » Un sentier serpentant entre lentisques, pins tordus comme des bonsaïs et agaves, et soudain un croissant de crique tapissé de galets roses, cerné d’hallucinants enchevêtrements de roches pourpres et vert-de-gris prolongeant leur palette sous les eaux cristallines.

Pour seul horizon, cet îlot de porphyre que le Dr Lutaud acquit en jouant aux cartes en 1912. Il y édifia une tour carrée dans le même roc rouge, s’autoproclama Auguste Ier, roi de l’île d’Or, y frappa monnaie et désigna son état-major au cours d’une mémorable java à la veille de la Première Guerre mondiale. Pour accéder à ce petit monde teinté de fantastique, il faut suivre la D 1098 vers Saint-Raphaël ; au rond-point de l’hôtel du Débarquement, descendre à gauche le boulevard du Sémaphore. Au bout se cache Agay, avec son petit port.

Se loger: la Villa mauresque, un splendide hôtel xixe siècle en front de mer, chambre double à partir de 165 euros). 1792, route de la Corniche, Boulouris (Saint-Raphaël), 04-94-83-02-42.

Se restaurer: le restaurant Agathos, une guinguette à prix doux. Plats, de 5 à 15 euros. Plage de la Baumette, Agay, 04-94-82-12-31.

La plus historique
Plage du Buse, Roquebrune-Cap-Martin
Commençons par le pire. Ici se noya, en août 1965, l’architecte Le Corbusier. Ce n’est pas faute d’avoir adoré cette échancrure étirant 350 mètres de rivage face au soleil levant, au point d’y avoir construit en 1952 son cabanon. Pour atteindre la plage du Buse, 101 marches, pas moins, filant sous le parking de la gare de Roquebrune jusqu’à la guinguette exotique de Dominique Javelle, lovée sous la pointe de Cabbé : un charmant bric-à-brac de palmes tressées, de jardinières à géraniums en galets et les plus chics toilettes de la Côte, cachées sous un figuier baigné d’une source retenant des poissons rouges.

A gauche file la longue plage de sable et de galets blancs, bordée du luxuriant parc entourant la Casa del Mare, où vécut l’actrice Silvana Mangano. Au bout de la baie aux eaux claires laissant affleurer quelques rocs de poudingue bouillonne un geyser d’eau douce. De là, un sentier s’élève vers le cabanon de « Corbu » et ses unités de camping colorées, collées à la villa 1930 de la designer Eileen Gray.

Se loger: hôtel les Deux Frères, le grand charme surplombant la Côte, chambre double à partir de 75 euros. Place des Deux-Frères, Roquebrune-Cap-Martin, 04-93-28-99-00.

Se restaurer: le Cabanon, pour un cari d’agneau ou des gambas au pastis. Plats de 9,70 à 24 euros. Plage du Buse, 04-93-28-95-56.

La plus confidentielle
La crique sans nom, Saint-Jean-Cap-Ferrat
En sillonnant la longue presqu’île, refuge verdoyant de milliardaires, nous avons hésité à décerner notre coup de coeur, sur la côte est, à l’anse des Fossettes, aux eaux émeraude. Mais comment passer sous silence, côté ouest, cette crique insoupçonnable que même Dominique Allari, l’un des derniers pêcheurs du Cap, n’a pas su nommer ? Pardon d’en décrire l’accès par le menu : dans le sud du Cap, à droite du phare, commence le sentier des Douaniers.

Ignorer tous ses accès à la mer avant de passer un portique de pierres sèches surmonté d’une grille. Là, guetter le long du grillage vert deux montants chaulés d’orange. Presque en face, au bout d’un parapet bas, se pencher pour repérer un passage de terre rouge plongeant à gauche, puis à droite, avant un court escalier taillé dans le roc. Entre microplage de galets gris et plate-forme surélevée, choisir sa meilleure scène pour hurler de joie face à la baie de Villefranche. Nul ne vous en tiendra rigueur, car nul ne vous entend.

Se loger : hôtel Royal Riviera, un palace dominant la mer, chambre double à partir de 185 euros). 3, avenue Jean-Monnet, Saint-Jean-Cap-Ferrat, 04-93-76-31-00.

Se restaurer : le Restaurant Passable. Plats de 16 à 35 euros. Saint-Jean-Cap-Ferrat, 04-93-76-06-17.

La plus jet-set
Plage de la Mala, Cap-d’Ail
« Confidentielle, notre plage ? Parlez-en aux Américains, ils adorent… » assure Jean Botticini, natif du Cap. Il a planté son luxueux restaurant au fond d’une longue crique en U couverte de galets blancs. Le chemin d’accès (un bon quart d’heure de marche en partant du parking Beaverbrook, dans le centre-ville, suivi de 153 marches) longe de somptueuses villas Belle Epoque. Devant celle des frères Lumière, édifiée en 1902, un panneau invite à admirer deux « oriels sur cul-de-lampe », sortes de bow-windows encadrant la façade. Toujours ça que les nantis de ce monde, cueillis au large sur leur yacht par le bateau-taxi du restaurant, ne connaîtront pas…

Une fois en bas, nous sommes tous égaux devant le chapelet de côtes mythiques s’égrenant d’Eze à Cap-Ferrat. Pavillon bleu, bien sûr, pour ses eaux, si pures qu’à deux pas de Monaco, squatté par l’algue taxifolia, les posidonies reviennent, et avec elles, daurades, rougets… S’élevant à droite, le superbe et facile sentier littoral (3,6 km) rejoint le port de Monaco.

Se loger: hôtel Cap Estel, un établissement de rêve sur une presqu’île privée, chambre double à partir de 430 euros). 1312, avenue Raymond-Poincaré, Eze-Bord-de-Mer, 04-93-76-29-29.

Se restaurer: la Réserve pour un bon poisson sauvage. Plats de 14 à 45 euros. Plage de la Mala, Cap-d’Ail, 04-93-78-21-56. Plus de renseignements et comité régional du tourisme de Côte d’Azur: 400, promenade des Anglais, Nice, 04-93-37-78-78

Marie-Amal Bizalion/Photos: Stéphanie Lavoué/Myop

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