La mémoire dans la peau

Le 8 mai, en France, cimetières militaires, musées de l’armée et autres lieux mémoriaux, tous précieux témoins de l’Histoire, accueillent de nombreux visiteurs, désirant s’informer sur la seconde Guerre mondiale… tout comme sur la Première dont il ne reste désormais plus de témoins vivants… Ces événements tragiques ont en effet développé, dans l’Hexagone, un tourisme particulier générant un chiffre d’affaires important et suscitant chaque année de nouvelles initiatives. Avec la disparition progressive des acteurs des deux grands conflits du XXe siècle, il était temps de repenser les aspects et les vecteurs de la transmission de leur mémoire. De nouvelles idées ont ainsi vu le jour – sans oublier le développement de films, émissions de radio, publications, expositions – pour offrir tout un univers pédagogique. Les toutes dernières technologies de l’information et de la communication ont été également mises en oeuvre, notamment, dans le développement d’un site internet. Créé en 2004, il a pour vocation de renseigner les lieux de mémoire de notoriété internationale ou française. Tourné vers le monde éducatif aussi bien que le divertissement, il propose de nombreux reportages photographiques et donne des renseignements en répartissant équitablement les domaines : histoire, mémoire, tourisme et culture. En 2010, près de 2 millions de visites ont été enregistrées pour plus de 4 millions de pages consultées par des internautes issus de 150 pays. En 2014, le centenaire du début de la Première Guerre mondiale – et des manifestations qui s’étaleront sur quatre ans au gré des engagements des différents pays dans le conflit – ainsi que la commémoration du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie devraient booster ces chiffres. Catalogue des dernières nouveautés et des sites les plus visités.

Normandie : le D-Day.

Où ?

Le 6 juin 1944, les armées alliées s’engagent dans une bataille qui signera le début de la paix en Europe et la fin du joug nazi. Près de septante ans plus tard, la Normandie continue à être très marquée par cet affrontement. Les vestiges du débarquement, bien préservés, s’ouvrent largement aux visiteurs. Dans la région, on compte pas moins de 27 cimetières et 29 sites de mémoire accessibles au public. La majorité de ceux-ci se trouvent le long de la côte normande, près des plages du débarquement (Utah, Omaha, Golg, Juno et Sword) et dans les environs de Caen.

Les sites principaux ?

Arromanches 360 degrés : le cinéma qui projette Le prix de la liberté. Cette superproduction présentée sur 9 écrans réunis dans une salle circulaire mêle images d’archives filmées en juin 1944 par les correspondants de guerre et images actuelles tournées sur ces mêmes lieux rendus aujourd’hui à la paix. Elle a été vue par 330 000 personnes en 2011.

Le site Hillman, construit par les Allemands : un ensemble de blockhaus reliés par un réseau complexe de tranchées et, enfin, la Pointe du Hoc, probablement le lieu le plus marqué par les combats du débarquement. Le sol est encore aujourd’hui creusé de toutes parts par des impacts d’obus, qui rappellent la violence de l’attaque aérienne américaine. Les blockhaus éventrés témoignent eux aussi du carnage. On peut entrer dans certains de ceux-ci qui n’ont pas été détruits, ou pas totalement.

En 2012

Du 2 au 9 juin prochain, se déroule la sixième édition du D-Day Festival Normandy avec une multitude d’activités : bal de la Libération, pique-nique géant, défilé de véhicules militaires, Salon du livre de la Bataille de Normandie…

Programme : www.bayeux-bessin-tourisme.com

www.normandie-tourisme.fr

www.pro-normandie-tourisme.com

À faire

Sainte-Marie-du-Mont fut le tout premier village libéré par les troupes alliées. Pour donner la mesure des efforts fournis par les libérateurs, un passionné du D-Day vous emmène en balade dans une vieille Jeep d’époque, la Willys, robuste et maniable, qui fut produite à plus de 600 000 exemplaires uniquement pour le débarquement. Huit routes de mémoire répertoriées sont à sillonner, chacune portant sur une période de la chronologie de cette bataille.

www.normandiememoire.com

www.batterie-lehody.com

Colombey-les-Deux-Églises

Où ?

La Haute-Marne compte parmi les plus petits départements de France en terme de population. Mais le Mémorial Charles de Gaulle attire, lui, une foule de visiteurs venant essentiellement de Grande-Bretagne, de Belgique, des Pays-Bas et d’Allemagne.

Les sites principaux ?

245 000 hectares de forêts et de petites routes de campagne se révèlent propices à de belles escapades nature… Surgissant de nulle part, voici une immense croix de Lorraine de 44 mètres de hauteur. Nous sommes à Colombey-les-Deux-Églises, un petit village rendu célèbre par La Boisserie, résidence du général de Gaulle (1890-1970), le cimetière où il est enterré et un espace muséal de 4 000 m2 sur trois niveaux, inauguré en 2008. Le Mémorial Charles de Gaulle utilise les dernières technologies et est très didactique. De sa naissance à Lille, en passant par ses études militaires, les Première et Seconde Guerres mondiales, la guerre d’Algérie et Mai 68… il évoque la vie de ce personnage mythique qui fut aussi président de la république et qui a traversé quasi tout le XXe siècle.

À faire

L’office de tourisme de la Haute-Marne décline de nombreux séjours à thème, de deux jours, dont  » Retour vers le XXe siècle « . Au programme : visite du Mémorial Charles de Gaulle, La Boisserie et, pour conclure, dégustation de champagne chez un vigneron haut-marnais.

Hébergement : hôtel La Grange du Relais ** à Colombey. À partir de 80 euros par personne. 2 jours /1 nuit en demi pension (valable jusqu’à fin novembre).

D’autres découvertes sur www.tourisme-hautemarne.com

Le musée de la Grande Guerre

Où ?

À Meaux, non loin du théâtre des batailles de la Marne, s’est ouvert en novembre 2011 le dernier en date des musées consacrés à la Première Guerre mondiale. Privilégiant l’aspect humain, il déploie une collection de 50 000 objets et documents personnels sur une surface de 7 000 m2.

Les visites principales ?

Le musée de la Grande Guerre du Pays de Meaux propose une nouvelle approche du conflit. En expliquant comment 35 pays ont été plongé dans une telle déflagration, il s’agit aussi de rendre hommage à ces centaines de milliers d’hommes qui ont souffert, de part et d’autre, pour des causes aujourd’hui difficilement compréhensibles par nos sociétés. La Première Guerre mondiale a fait 22 millions de morts dont 13 millions de civils. Pour cette collection de 50 000 objets rassemblés par un passionné de cette période et rachetée par Meaux pour le musée, chaque chose raconte bien une histoire vécue…

www.museedelagrandeguerre.eu

Michelin

Quoi ?

En 1917, alors que l’issue de la Première Guerre mondiale est encore incertaine, André Michelin décide de lancer une collection bleu horizon – couleur des uniformes des Poilus – de Guides illustrés des Champs de bataille. Sur la jaquette il est rappelé que ces  » ouvrages doivent être à la fois un guide, un panorama, une Histoire.  » Vingt-neuf titres sortent, comptabilisant ensemble 3 500 pages de textes, près de 1 000 cartes et plans et plus de 4 500 illustrations. Dans les années 30, la collection disparaît. Alors que le centenaire de la Grande Guerre se profile, Michelin ressort six guides ayant pour ambition de présenter les nouvelles initiatives qui marqueront cet anniversaire mais aussi de mesurer l’évolution des sites et des paysages dans les régions marquées par la guerre. Des extraits des parutions d’époque et des illustrations contemporaines témoignent de ces changements.

À lire

Après Verdun et La Marne et la Champagne devraient paraître encore cette année quatre autres guides Michelin (L’Alsace et les Vosges ; Le chemin des dames ; La somme ; la Flandre et l’Artois). Chacun proposant 18 circuits de mémoire à découvrir en voiture. www.michelin-boutique.com

Et aussi…

Historial de la Grande Guerre de Péronne

Cette année, jusqu’au 25 novembre prochain, exposition sur le tourisme de mémoire britannique. Plus de 72 000 soldats britanniques et sud-africains ont disparu dans la Somme lors de la Première Guerre mondiale. Le mémorial de Thiepval qui fête son 80e anniversaire a été construit après-guerre pour ces « Missing of the Somme ». Depuis, plusieurs milliers de sujets de sa majesté s’y rendent chaque année en pèlerinage pour honorer la mémoire de ces soldats. Pour 2014, le thème de la musique pendant la Première Guerre mondiale sera exploré de mars à novembre.

Le cimetière américain de Suresnes

Suresnes est l’un des six cimetières américains de la Première Guerre mondiale en France. Il couvre près de 3 hectares et accueille la sépulture de 1 541 soldats américains et 24 inconnus décédés lors de la Seconde Guerre mondiale. La nécropole est située à proximité du mémorial du mont Valérien et offre un point de vue sur la Tour Eiffel, ce qui en fait un site unique.

123, boulevard Washington, à 92150 Suresnes.

Par Chantal Piret

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