Les adresses du designer belge Charles Kaisin à Marrakech

© MF Plissart

Escapade marrakchie en compagnie de Charles Kaisin, qui nous ouvre les portes de l’Almaha, l’hôtel somptueux qu’il vient de réaliser dans la Ville rouge, au pied du Haut Atlas. Le designer belge en profite pour nous glisser une poignée de ses adresses préférées.

« J’adore Marrakech. La chaleur des gens, leur hospitalité, la nourriture incroyable, les odeurs et les épices… On y ressent un brassage d’influences orientales et africaines que l’on ne retrouve pas ailleurs. Dès qu’on sort de la ville, ce sont des vergers, et des champs de menthe et d’oliviers à perte de vue, puis la vallée de l’Ourika, ses chutes d’eau, ses sommets enneigés, un paysage vraiment magnifique.  »

L'Almaha
L’Almaha© MF Plissart

En quelques mots, Charles Kaisin a planté le décor de sa dernière réalisation, qui figure parmi les plus somptueuses de sa faste carrière. Designer atypique, passé par le Royal College of Art de Londres, puis par les ateliers de références telles que Ron Arad ou Jean Nouvel, il est reconnu dans le monde entier pour sa capacité à sublimer les matériaux recyclés. Tout au long de son parcours sinueux, entre architecture, art et design, ses formes et concepts ont fait le bonheur de maisons belges (Delvaux, Val Saint Lambert, Pierre Marcolini ou Royal Boch) ou étrangères – il annonce d’ailleurs des nouvelles collaborations avec Hermès pour le début de 2016. Et l’on s’en voudrait de passer sous silence ses fameux dîners surréalistes, car Charles est un hôte de choix, et son plaisir de recevoir n’est sans doute pas étranger à son implication dans l’aventure Almaha. « Au départ, un ami m’avait simplement demandé un conseil, un avis, se rappelle-t-il. Et petit à petit, je me suis investi dans le projet : un riad, dans la Médina, à même pas dix minutes du centre, juste à côté des tombeaux des Sadiens dans la kasbah. » Quatre ans et un chantier de près de 4 000 m² plus tard, l’hôtel compte quatorze suites, chacune donnant sur une vaste cour intérieure, une sorte de grand patio transformable en plan d’eau.

L'Almaha
L’Almaha© MF Plissart

 » On a pris notre temps. Le maître des lieux voulait absolument conserver le style marrakchi, en ajoutant ma touche résolument contemporaine. Cela a été un véritable exercice d’équilibriste, périlleux mais passionnant. » Le trait d’union entre ces deux univers plutôt éloignés sera un poème de Baudelaire, L’invitation au voyage, et son célèbre mantra « luxe, calme et volupté ». « L’endroit se veut simple, presque minimal, mais avec plein de détails à observer, précise Charles Kaisin. On ne s’y sent pas à l’hôtel mais dans une maison familiale hors du temps, comme en visite chez un parent un peu éloigné. On a voulu privilégier l’authenticité, bien que l’établissement rencontre évidemment tous les standards de confort, terrasses, piscine, grand spa et service aux petits soins. »

Au rez-de-chaussée, Charles Kaisin a réinterprété l’une de ses plus fameuses créations, la table Arbre, pour laquelle il a récupéré de vieux abricotiers en guise de tuteurs à de nouvelles plantes. La propriété se veut d’ailleurs très verte, avec son toit-terrasse planté de plus de mille bougainvilliers et ses alcôves extérieures protégées par la végétation. Sous le plafond voûté du salon typique, avec grandes tables et banquettes « à la marocaine », Charles a revisité une autre de ses spécialités, le pixel art, en élaborant une fresque monumentale, « où sont disposés 27 000 pixels d’une quarantaine de couleurs, sous forme de coussins, posés sur la pointe, qui représentent à ma manière la place Djema’a el-Fna ». Clin d’oeil ludique aux grands enfants, l’hôtel cache en ses murs « au moins trois lieux secrets » et abrite une étonnante bibliothèque sur deux niveaux où « en guise de touche finale, on a matérialisé L’invitation au voyage, caractère par caractère, en pliant plus de mille livres de poche signés Proust, Mauriac, De Beauvoir ou Maupassant. C’était assez fou comme idée, mais la boucle était bouclée. »

Les adresses du designer belge Charles Kaisin à Marrakech
© MF Plissart

Almaha Marrakech, 55, Derb Ben Zina, La Kasbah, à 40040 Marrakech, Maroc. www.almahamarrakech.com

Les adresses de Charles Kaisin à Marrakech

LES BAINS DE MARRAKECH

« Les hammams traditionnels marocains ouverts au grand public sont tellement bon marché (à peu près un euro l’entrée) qu’ils pullulent de monde. Il y a encore des gens de la Médina qui n’ont pas de vraie salle d’eau chez eux, ces bains gardent donc aujourd’hui une fonction utilitaire et hygiénique. Moi, ça ne me gêne pas, j’aime d’ailleurs beaucoup l’un des plus anciens hammams de la ville, le Riad Zitoun, mais je ne le recommanderais pas aux touristes qui cherchent un spa « à l’occidentale « . Je leur conseillerais plutôt une excellente adresse, Les Bains de Marrakech, dont le très beau cadre est à la hauteur du service. »

Les adresses du designer belge Charles Kaisin à Marrakech
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Les Bains de Marrakech, 2, rue Derb Sedra, Bab Agnaou, Kasbah. www.lesbainsdemarrakech.com

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LES SOUKS

 » Ils sont indissociables de la vie traditionnelle. Bien sûr, on y va pour les échoppes, acheter un vase, un pot ou une écharpe, mais d’après moi, le principal est de s’y perdre. Et quand on s’intéresse à un objet, il faut marchander ; que celui qui n’en a pas envie passe son chemin. Le but n’est pas seulement d’obtenir l’article convoité à un tiers du prix, cela fait partie intégrante de la culture et de la communication du commerce marocain. Si on ne le fait pas, le vendeur sera peut-être heureux d’avoir vendu sa marchandise un peu plus cher, mais il sera déçu, il lui manquera quelque chose au niveau de la relation. »

Les adresses du designer belge Charles Kaisin à Marrakech
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LE JARDIN MAJORELLE

 » Difficile de ne pas citer la villa et le Jardin Majorelle d’Yves Saint Laurent et Pierre Bergé. C’est un grand classique incontournable de la ville, on le retrouve dans tous les guides, mais il faut absolument aller le voir. »

Jardin Majorelle, rue Yves Saint Laurent.

LE MARCHÉ AUX ROSES

 » Derrière le complexe résidentiel Marrakech Plaza et non loin de la poste centrale du Guéliz, il y a ce Marché aux roses. Les Marocains adorent les fleurs et la rose pousse très bien là-bas ; elle est résistante et s’adapte remarquablement au climat, on en retrouve par milliers ou centaines de milliers sur le marché. C’est là que vont s’approvisionner les hôtels ou même les particuliers, que l’on voit repartir avec d’énormes bouquets. »

Marché aux roses, rue Ibn Toumert.

Les adresses du designer belge Charles Kaisin à Marrakech
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AL FASSIA

 » Très différent d’El Yacout (lire par ailleurs), le restaurant Al Fassia se veut beaucoup plus familial – même si là aussi, c’est de la  » vraie » cuisine marocaine, mais il n’y a pas de menu imposé. En fait, il en existe deux, un dans le quartier du Guéliz (photo), l’autre en face des Jardins de l’Agdal – c’est plutôt celui-là que je fréquente – mais c’est toujours le même principe : des petites dames, habillées d’un tablier rose, qui, comme des mamans, te cuisinent et te servent l’authentique gastronomie traditionnelle, typique mais pleine de raffinement. »

Restaurant Al Fassia, 9, bis Zone Touristique de l’Aguedal, 2, route de l’Ourika. www.alfassia.com

Les adresses du designer belge Charles Kaisin à Marrakech
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LE YACOUT

 » Une institution en plein coeur de la Médina. On y sert une formule de menu unique, avec du bon vin et une succession de plats ; salades, tajines, couscous, c’est comme si l’on y déployait toute la gastronomie marocaine. J’y vais pour la cuisine, délicieuse, le cadre magnifique et la très belle terrasse panoramique, mais aussi pour la musique : on peut y écouter des musiciens gnawas et des chants soufi, une musique spirituelle aux harmonies étonnantes. Au début, on se demande un peu ce que c’est, mais on finit à tous les coups par être emporté. »

Le Yacout, 79, derb Sidi Ahmed Soussi, Bab Doukkala. www.daryacout.com

Les adresses du designer belge Charles Kaisin à Marrakech
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Les adresses du designer belge Charles Kaisin à Marrakech
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LA MEDERSA

 » Il y a énormément de choses à voir à Marrakech, mais selon moi, s’il fallait n’en choisir qu’une, ce serait la Medersa, une ancienne école coranique – on y remarque encore les petites chambres où étudiaient ses élèves – qui est devenue un musée assez récemment. C’est un lieu d’histoire, de savoir et de savoir-faire, on peut y apprécier le travail d’excellence de tous les arts et métiers locaux. Grâce à leur spiritualité, les artisans qui y ont oeuvré se sont vraiment sublimés. Leur travail est incroyable : bois, moucharabieh, zelliges ou bejmat, tout y est. On peut y passer une heure ou y rester tout un après-midi, à chacun de choisir son rythme. »

Medersa Ben Youssef, Kaat Benahid. www.medersa-ben-youssef.com

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