Quelque 600.000 clients de Thomas Cook rapatriés, pour cause de faillite du voyagiste

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Le plus ancien voyagiste du monde, le britannique Thomas Cook, s’est déclaré lundi en faillite après avoir échoué au cours du week-end à trouver des fonds nécessaires pour sa survie, déclenchant le rapatriement sans précédent de ses quelque 600.000 clients en vacances dans le monde.

Les autorités britanniques notamment vont devoir organiser le retour de 150.000 de leurs ressortissants, deux fois plus que lors de la faillite de la compagnie aérienne Monarch il y a deux ans. Elles ont activé un plan d’urgence baptisé « Opération Matterhorn », du nom d’une campagne de bombardement américaine lors de la deuxième guerre mondiale.

« Le gouvernement et l’Autorité de l’aviation lancent l’opération de rapatriement la plus importante pour des civils de l’histoire en temps de paix », a fait valoir le département britannique des Transports dans un communiqué.

Le groupe a expliqué que « malgré des efforts considérables » au cours du week-end, « les discussions entre les différentes parties prenantes du groupe et de nouvelles sources de financements possibles n’ont pas débouché sur un accord. Le conseil d’administration a donc conclu qu’il n’avait d’autre choix que de prendre les mesures pour entrer en liquidation judiciaire avec effet immédiat ».

En parallèle, l’Autorité britannique de l’aviation civile (CAA) a affirmé que Thomas Cook « a cessé ses activités avec effet immédiat. Toutes les réservations Thomas Cook, vols et séjours, sont désormais annulées ».

Les cabinets AlixPartners et KPMG devraient être nommés administrateurs des différentes filiales du groupe.

Le patron du voyagiste, Peter Fankhauser, a souligné que « bien qu’un accord ait été déjà largement approuvé, une requête pour des fonds supplémentaires ces derniers jours a présenté une difficulté qui s’est révélée insurmontable ».

Le destin du voyagiste s’est en effet joué en quelques jours: des créanciers lui ont demandé la semaine dernière de trouver 200 millions de livres (227 millions d’euros) de financements supplémentaires pour qu’un plan de sauvetage déjà accepté de 900 millions de livres et mené par le chinois Fosun, premier actionnaire, soit validé. Des discussions marathon ont eu lieu tout le week-end, en vain. « C’est un profond regret pour le conseil d’administration et moi de ne pas avoir réussi. Je tiens à m’excuser auprès de nos millions de clients, nos milliers d’employés, fournisseurs et partenaires qui nous soutiennent depuis des années », ajoute-t-il, déplorant aussi un « jour profondément triste pour une entreprise pionnière du voyage organisé ».

Fosun, de son côté, s’est déclaré lundi « déçu que Thomas Cook Group n’ait pas été en mesure de trouver une solution viable pour sa proposition de recapitalisation ».

Né en 1841, le tour opérateur indépendant le plus vieux du monde, compte 22.000 employés dont 9.000 au Royaume-Uni qui vont pour la plupart se retrouver au chômage dès lundi.

Le voyagiste très lourdement endetté a vu son horizon s’assombrir ces dernières années à cause de la concurrence acharnée des sites internet de voyage à bas prix et de la frilosité de touristes inquiets du Brexit notamment.

Il avait annoncé une perte abyssale d’1,5 milliard de livres pour le premier semestre, pour un chiffre d’affaires de quelque 10 milliards.

– Avions spéciaux –

« Les clients qui sont à l’étranger doivent consulter le site www.thomascook.caa.co.uk et ne se rendre à l’aéroport que lorsqu’ils ont un vol alternatif confirmé », enjoint la CAA qui précise les numéros des lignes téléphoniques spéciales ouvertes pour aider les voyageurs (0300 303 2800 en Grande-Bretagne et Irlande, +44 1753 330 330 depuis l’étranger).

La CAA ajoute avoir sécurisé des avions spéciaux pour cette opération colossale qui devrait durer jusqu’au 6 octobre, même si certains touristes pourront rentrer par des vols commerciaux. Elle rappelle que les voyages organisés bénéficient de la garantie ATOL, qui découle d’une directive européenne.

Cette législation s’applique aux autres membres de l’UE, notamment la France et l’Allemagne qui ont de gros contingents de clients de Thomas Cook, et ces derniers devraient bénéficier de fonds de garantie locaux.

« Vu l’ampleur de la situation, quelques perturbations sont inévitables, mais la CAA va faire son possible pour ramener les gens chez eux aussi près de la date prévue que possible », que ce soit pour les gens couverts par ATOL ou non.

La CAA relève que les clients ayant acheté un séjour qu’ils n’ont pas encore utilisé auront droit à « un remboursement complet », et que ceux qui sont coincés à l’étranger pourront aussi recouvrer les frais encourrus sur place si leur retour est retardé.

La branche belge cherche à limiter l’impact sur ses clients et ses employés

Thomas Cook Belgique, avec les marques Thomas Cook et Neckermann, emploie 600 personnes et 700.000 clients partent en vacances via ce tour-opérateur. L’organisation belge « étudie actuellement les options possibles pour limiter l’impact de la faillite de Thomas Cook Group Plc à ses clients et ses employés », a-t-elle fait part vers 04h00 du matin lundi dans un communiqué de presse. Toutes les réservations de vols ou de vacances du voyagiste britannique ont en effet été annulées, a annoncé l’autorité britannique pour l’aviation civile après l’échec des négociations dans la nuit. Il est estimé que 10.000 Belges doivent être rapatriés. « Nous comprenons que cette situation soulève beaucoup de questions pour nos clients et nous faisons tout notre possible pour y répondre au mieux », poursuit le communiqué.

Les vacanciers qui ont réservé leur séjour chez Thomas Cook ou Neckermann sont protégés par le Fonds de Garantie, et ils peuvent toujours contacter Thomas Cook Belgique via leurs bureaux, le contact centre ou par chat, précise le communiqué. En matière d’emploi, la filiale belge affirme être en contact avec les partenaires sociaux et mettre « tout en ?uvre » pour guider ses collaborateurs « pendant ces temps difficiles ».

Active dans le pays depuis quarante ans, Thomas Cook Belgique précise être « toujours rentable avec une croissance continue depuis 2016 dans les voyages à forfait grâce à un réseau retail rentable associé à des ventes en ligne fortes (plus de 30 % des ventes) »

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