Sans Notre-Dame, le tourisme religieux orphelin d’une étape majeure

L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui prive les groupes de pèlerins d’une étape incontournable dans leur tour religieux de France, voire d’Europe, contraint également les voyagistes spécialisés à trouver, pour leurs circuits, des alternatives à la hauteur.

« Notre-Dame figurait dans 95% de nos circuits. Les pèlerins, les chrétiens, sont vraiment déçus. Mais je pense que certains groupes souhaiteront toujours aller sur le site pour voir la cathédrale, même si on ne peut plus la visiter », indique à l’AFP Bao Tran Follain, qui s’occupe de la clientèle étrangère à l’agence Bipel, organisatrice de pèlerinages depuis 1990.

« En ce moment, on est en train de modifier nos programmes, en proposant par exemple de visiter à la place le Sacré-Coeur à Montmartre. Mais un de nos clients nous a déjà prévenu que le ticket du funiculaire serait à notre charge! », raconte la responsable de l’agence qui guide environ 2.500 clients par an, notamment en provenance d’Asie ou d’Amérique, dont le circuit en France est souvent combiné avec d’autres pays.

Avec le sanctuaire de Lourdes, la basilique Sainte-Thérèse de Lisieux ou encore le Mont Saint-Michel, la cathédrale de Notre-Dame érigée sur l’Ile de la Cité à Paris faisait partie des étapes obligées pour les groupes de pèlerins, notamment étrangers, qui parcourent l’Hexagone.

« Notre-Dame, c’est pour une visite, mais parfois aussi pour y célébrer une messe privée ou y faire chanter sa propre chorale, même si c’étaient des autorisations difficiles à obtenir. Ce type de groupes, en général, voyagent avec un prêtre », détaille pour l’AFP Pascale Juranville, gérante de l’agence de voyages Transgloble.

« Cela nous est aussi arrivé, mais plus rarement, que des groupes demandent à aller spécifiquement à Notre-Dame le seul jour du mois où la couronne d’épines est sortie », soit chaque premier vendredi du mois où la précieuse relique est présentée aux fidèles, précise Mme Juranville.

– entre curiosité et passion –

Selon la responsable, l’agence Transglobe qui accueille en France une vingtaine de groupes par an, principalement des germanophones, « beaucoup vont, je pense, demander la Sainte-Chapelle en susbtitution, mais c’est difficile à obtenir (en raison de l’affluence), et en plus le site est désacralisé donc il n’y a pas de messe ».

Pascale Juranville estime également que le chantier de reconstruction de la cathédrale « peut être l’objet de curiosité et de passion: le lieu, l’île de la Cité, reste magique, et j’imagine que ça va plutôt augmenter la curiosité et les intentions de prières ».

La cathédrale accueillait quelque 12 millions de visiteurs par an, avant l’incendie du 15 avril: « cela va susciter, malgré tout, un intérêt et réattirer des gens, même si ce n’est que pour voir la façade », confirme Alain Deblock, président du tour-opérateur Terralto.

Notre-Dame, « c’est incontournable pour un chrétien, mais également pour un non-chrétien: car si c’est un haut-lieu de la culture chrétienne, c’est aussi un grand lieu de tourisme tout court », résume-t-il.

« Cela va au-delà de la religion », renchérit Christian Mantei, président d’Atout France, l’agence de promotion du tourisme hexagonal à l’étranger.

« Le site attire aussi ceux qui aspirent à la spiritualité, et c’est un lieu qui concentre de l’histoire, du patrimoine et des références littéraires. Et il a toujours accueilli les pauvres et ceux qui étaient dans le besoin », met-il en avant.

La France compte plus de 50.000 édifices religieux – monastères, abbayes, églises, synagogues, mosquées, etc. – dont quelque 10.000 sont classés Monuments historiques protégés et sont ouverts au public.

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