On a visité le bureau semi-enterré de Nathalie Pollet

Le bureau de la graphiste Nathalie Pollet
La nature s’invite dans le bureau de Nathalie Pollet. Dedans, la chaleur du pin et du chêne bruts avec philodendron monstera deliciosa, dehors, le vert et le béton en guise de paysage propice à la concentration. © JAN VERLINDE
Anne-Françoise Moyson

Elle rêvait d’un pavillon professionnel pour Pam&Jenny, à portée de main, dans son jardin. Nathalie Pollet y a semi-enterré son studio de communication et de design graphique. Un bureau de 30 m2 sous un toit végétalisé à quelques mètres de sa maison, la meilleure définition du télétravail contemporain.

C’est un jardin ucclois retranché, avec un pavillon semi-enterré au toit végétalisé qui jouxte une maison ouvertement moderniste. Nathalie Pollet vit et travaille dans cet îlot de verdure qui pourrait passer pour sacré sans difficulté. Et parce qu’elle désirait y rester toute la journée, même pour bosser, elle y a planté son studio de communication et de design graphique qu’elle a baptisé Pam&Jenny. «Je n’avais tout simplement pas envie de quitter ma maison, mon jardin, mes animaux pour aller m’enfermer dans un bureau», dit-elle.

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Il lui faudra quatre ans pour concrétiser ce rêve, à cinq mètres à peine de son lieu de vie. En 2012, elle pose enfin son ordinateur dans ce pavillon flambant neuf, au milieu de son jardin, parfaitement orienté sud-ouest. Avec quelques lignes de conduite qui furent claires dès le départ: un volume parfaitement intégré dans le terrain en pente avec un toit vert pour minimiser son impact visuel. A ce brief, elle ajoutera la nécessité impérieuse d’une séparation plus que symbolique entre le privé et le professionnel. Du bureau, on ne voit donc pas la maison, de la maison, on n’aperçoit guère le bureau afin que le travail n’empiète sur l’intime, et inversement. Cela n’a dès lors rien d’une annexe mais tout d’un espace pro de 30 m2 qui vit sa vie en une belle indépendance. «Je n’y viens jamais en peignoir, précise la maîtresse de maison qui se sait chanceuse. Je m’habille, je me maquille pour venir au bureau, même si je suis seule. Il y a un vrai rituel de passage entre les deux.»

La chienne Lucy veille sur le lieu. En écho aux chaises Knoll, une Componibile d’Anna Castelli Ferrieri pour Kartell, classique du design italien daté de 1967. Sur le bureau, un portrait puissant de la propriétaire et de son dalmatien Cramique désormais au paradis des canidés, il est signé Laetitia Bica. De-ci de-là, au mur et sur les étagères, des objets chinés, une patère avec pieds de chevreuil, un sac Its my own, souvenir d’une expo au MAD dont Pam&Jenny imagina l’identité graphique, une boule à facettes, un reste d’une fiesta sans aucun doute dansante.
La chienne Lucy veille sur le lieu. En écho aux chaises Knoll, une Componibile d’Anna Castelli Ferrieri pour Kartell, classique du design italien daté de 1967. De-ci de-là, au mur et sur les étagères, des objets chinés, une patère avec pieds de chevreuil, un sac Its my own, souvenir d’une expo au MAD dont Pam&Jenny imagina l’identité graphique, une boule à facettes, un reste d’une fiesta sans aucun doute dansante. © JAN VERLINDE

Tout de bois vêtu

Nathalie Pollet a fait appel à la coopréative bruxelloise d’architectes L’Escaut, qui avait déjà pris soin de lui dessiner une demeure à sa mesure. En précisant d’emblée qu’elle désirait du bois à l’intérieur, «quelque chose d’assez brut», soit au mur et au plafond, du pin, au sol, des planches en chêne brut non traitées et dénichées dans la grange d’un vieux bûcheron ardennais. «Je voulais que le bureau soit très différent de l’habitation, commente-t-elle. Certes, il y a des objets qui passent de l’un à l’autre mais j’aime que ce soit une tout autre ambiance. Voilà pourquoi j’ai choisi ce bois brut. Et je trouvais que c’était logique par rapport à sa position dans le jardin, à son intégration, à son usage aussi.»

Sur le bureau, un portrait puissant de la propriétaire et de son dalmatien Cramique désormais au paradis des canidés, il est signé Laetitia Bica. © JAN VERLINDE

Pour tout chauffage, dans un souci d’économie, elle a choisi un poêle anglais, labellisé Stovax. Un petit modèle contemporain qu’elle peut alimenter avec les arbres morts de son jardin – pour l’heure, c’est du charme qui attend la prochaine flambée. Le fond de la vaste pièce lumineuse est tapissé d’une bibliothèque invisible, les livres, les archives et autres câbles sont camouflés derrière les portes en pin brut, tout est raccord.

Sur l’étagère, en pin toujours, la boss a posé une pochette de David Bowie, époque Pin Ups, comment renier ses amours de jeunesse? Elle y expose aussi des vases en céramique, qui datent des années 70 et sont allemands pour la plupart, un petit morceau de sa collection qu’elle chine depuis toujours. «Pour les couleurs, la matière, le côté un peu précieux de la finition, l’intemporel, je flashe sur des objets semi-kitsch semi-design, très vintage en tout cas.» Car Nathalie pratique ce sport qui consiste à trouver «des objets qui ont l’air improbable sur des brocantes mais qui placés dans un autre contexte prennent une autre ampleur».

© JAN VERLINDE

Joie et sérénité

En guise de bureaux, elle a posé deux planches en pin sur des tréteaux, il y a le sien et celui de Deborah Robbiano, graphiste full time chez Pam&Jenny avec qui elle partage également les déjeuners sur la terrasse – jamais devant l’ordinateur –, une certaine émulation intellectuelle, l’écoute de podcasts ou de playlist perso qui donnent le cœur à l’ouvrage… «Et parfois, on monte le son.»

Si le mobilier est simple, il est surtout choisi avec un goût très sûr qui privilégie la ligne et la fonctionnalité: une chaise de bureau Eames, une autre signée Herman Miller, une table ronde parfaite pour les réunions avec les clients qui aiment venir ici, des Knoll pour assises, qui se décomposent tant elles sont vieilles mais «tout peut être brut ici». Les luminaires sont signés Tom Dixon et, pour la paix des esprits, dès que le vent entre gentiment par la grande porte vitrée, on entend une clochette tintinnabuler. «Elle est en étain, vient d’un temple japonais et a un très beau son.» Tout ici est pensé et soigné pour œuvrer dans le calme, la sérénité, la concentration, voire la joie.

Nathalie Pollet
Nathalie Pollet © JAN VERLINDE

Nathalie Pollet

Elle est née à Ixelles en 1967 et a étudié le graphisme à Saint-Luc.

En 1999, elle a cofondé l’agence de graphisme Designlab. Onze ans plus tard, elle a lancé son studio de communication et de design graphique Pam&Jenny. Depuis 2012, celui-ci est installé dans son jardin ucclois.

En 2015, elle a façonné l’identité visuelle de la ville de Charleroi et en 2020, l’image de marque de Lille Métropole, Capitale mondiale du design.

pametjenny.be

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