Chronique | Celui qui a donné son nom à la basket Stan Smith a été numéro un mondial de tennis (et il vit toujours)

Tennis Player
© Alex Moises, Unsplash
Nicolas Balmet
Nicolas Balmet Journaliste

Les baskets vraiment iconiques se comptent sur les orteils d’un seul pied. Comme ça, vite fait, sans demander d’aide à ChatGPT, j’ai envie de citer la Nike Air, la Converse All Star, la Reebok Pump et… la Stan Smith. Si vous en voyez d’autres (sans tricher, hein), n’hésitez pas à me contacter, je me ferai un plaisir de répondre à votre courrier dans les plus brefs délais – à condition, bien sûr, que vous me contactiez plus ou moins poliment, ce n’est pas la peine de dégainer des trucs du genre «Et les New Balance, abruti, c’est du pâté pour chiens?», on n’est pas sur Facebook ici.

La curiosité qui saute aux yeux dans cette minuscule liste de baskets mythiques? L’atterrante banalité de la Stan Smith. Alors que la Nike Air a affolé la planète avec sa bulle d’air, que la coolitude de la Converse a fait craquer Elvis Presley et James Dean, et que la petite pompe gonflant le talon de la Reebok a marqué à jamais les esprits… la Stan Smith, elle, n’avait rien de très spécial.

Et c’est normal: elle était façonnée pour les courts de tennis, à une époque où ce sport était encore plus pince-cul qu’aujourd’hui, avec des joueurs bien coiffés, des tenues blanches bien repassées et des casquettes bien ajustées. Personne n’était là pour la déconne: une escapade à Roland-Garros ressemblait plus à un afternoon tea chez Tante Léonie qu’à un concert de Patrick Sébastien.

C’est donc en cette ère un brin austère qu’est née la Stan Smith. Ou plutôt: la Robert Haillet. Car non seulement les facéties n’étaient pas de rigueur, mais en plus, Adidas a tenté de populariser une basket en l’appelant Robert, et ce n’est pas une blague. Robert Haillet, donc. Du nom d’un tennisman qui, dans les années 60, se débrouillait plutôt bien avec la petite balle jaune, mais sans non plus tout fracasser, et pour cause: il était français (petite parenthèse qui me semble utile: si vous êtes français et que vous me lisez, vous avez bien sûr le droit de m’insulter, c’est de bonne guerre, mais cependant, merci de jeter préalablement un œil au palmarès de vos compatriotes dans les grands tournois; sorry, mais c’est d’office moins bien que Justine Henin, et en plus, on est clairement meilleurs que vous en… euh… en heptathlon féminin).

Banale, peut-être. Mais la basket blanche d’Adidas fait néanmoins son petit bonhomme de chemin. Et c’est un tennisman… américain qui va la faire monter au filet. On est en 1971 lorsqu’un certain Stan Smith, 1,93 mètre, droitier, du signe du Sagittaire, devient numéro un mondial avec les baskets Robert Haillet à ses pieds. Le gaillard gravit les échelons du triomphe à toute berzingue: en deux saisons, il remporte à la fois la Coupe Davis, l’US Open et Wimbledon. Bien sûr, Adidas y voit l’occasion parfaite de redonner un petit coup de cirage à ses baskets en cuir. Hop: Robert est prié de quitter l’aventure et cette sentence est irrévocable: la basket prend le nom du vaillant Stan Smith. Un coup gagnant, assurément. Car près de cinq décennies plus tard, la Stan Smith reste une icône. Le genre d’icône qui figure sur toutes les étagères à chaussures des fans de sneakers. Le genre d’icône qui va tranquillement se vendre à plus de 40 millions d’exemplaires sur le globe, sans jamais subir le moindre revers (vous l’avez?) (ah ah) (revers) (alors qu’on parle de tennis) (je devrais faire du stand-up) (non?) (ok, non).

Très vite, la Stan Smith a rejoint ainsi la liste des superstars de la pop culture. Bien sûr, en cours de route, un paquet de célébrités lui filent un coup de pouce. Dans les années 1980, par exemple, le groupe de rap Run DMC s’affiche avec des Stan Smith tout en scandant une chanson baptisée… My Adidas. Une pub gratuite et fédératrice, qui a permis à la basket en cuir de s’imposer comme un emblème de la street culture. Son charme opère même sur tous les fronts: Jean-Jacques Goldman, Cara Delevingne, Kanye West ou Phoebe Philo ne quittent pas leur paire d’une semelle (allez, juste un sketch?) (s’il vous plaît). Quant au prince du chic Pharrell Williams, il signe en 2017 une collab’ avec Adidas qui, le temps d’une campagne, réunit Pharrell et Stan Smith lui-même. Car oui, ce cher Stan vit toujours, il a aujourd’hui 78 ans, et malgré le succès, on dit qu’il a toujours les pieds sur terre (battue) (un demi-sketch?).

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