Nicolas Balmet

Chronique | Non, Einstein n’était pas un cancre à l’école (mais Stallone, oui)

Nicolas Balmet Journaliste

Dans cette chronique, rien n’est en toc. Chaque vérité, cocasse ou sidérante, est décortiquée par un journaliste fouineur et (très) tatillon qui voit la curiosité comme un précieux défaut.    

C’est une rumeur tenace: Albert Einstein, le physicien qui a bouleversé notre conception du temps et de l’espace avec sa fameuse théorie de la relativité, aurait été le pire des clampins sur les bancs d’école. Le genre d’élève à se retrouver avec le bonnet d’âne dans un coin de la classe tandis que ses camarades lui lancent des boulettes de papier puis lui font des croche-pieds dans les couloirs et le choisissent en dernier dans leur équipe de foot au cours de sport – enfin, c’est comme ça que j’imagine l’affreux quotidien d’un cancre, désolé, mes parents m’ont beaucoup lu Le Petit Nicolas quand j’étais gosse, j’ai peut-être des images un brin surannées dans la caboche. 

Bref, la réputation d’Einstein n’est pas terrible… mais elle est erronée. Sa prétendue médiocrité scolaire arrange bien tous ceux qui pensent qu’on peut très bien être un cornichon durant sa jeunesse mais néanmoins décrocher un prix Nobel. Une théorie réconfortante, surtout pour les parents ayant enfanté d’un(e) gamin(e) qui passe son temps à mater des vidéos sur YouTube plutôt qu’à réviser ses cours de physique-chimie. Hélas, mille fois hélas, Einstein n’avait rien d’un cornichon, et je peux vous garantir qu’il ne regardait pas de vidéos sur YouTube – pitié, ne me demandez pas d’expliquer comment je sais ça.

Non, Einstein fut très vite assez doué en mathématiques, il a lu Kant bien avant vous et moi, et il a intégré l’Ecole polytechnique de Zurich dès l’âge de 17 ans. Seulement voilà: le môme était légèrement indiscipliné car il avait du mal avec le système scolaire de l’époque, il était un brin solitaire, il ne s’intéressait absolument pas aux matières non-scientifiques comme la littérature, et il détestait apprendre par cœur tant il éprouvait un besoin fondamental de comprendre le pourquoi des choses. Autant dire que tout cela lui a valu une mauvaise réputation auprès de ses professeurs. De nos jours, on aurait eu vite fait de classer le petit Albert dans la catégorie des jeunes atteints de TDHA à tendance connard pénible. Or, on le sait aujourd’hui, son indocile attitude n’était rien d’autre que l’aube de son génie (oui, parfois, je fais des belles phrases, je pense que je vais même encadrer celle-ci, tiens).

Vous pouvez donc arrêter de lire toutes les inepties dont Internet a le secret: l’auteur de E=MC2 n’était certes pas un joyeux drille qui échangeait ses cartes Pokémon avec ses potes à la récré, mais ça allait. Aussi, si vous cherchez des gaillards qui étaient vraiment des ignorants à l’école mais qui ont malgré tout réussi dans la vie, je vous ai trouvé d’autres noms — ne me remerciez pas, je ne fais que mon métier. Premier exemple: Michel Drucker. Vous allez rire, mais l’animateur le plus impérissable de l’histoire de la télévision a quitté les bancs d’école à l’âge de 17 ans, sans même décrocher son bac. Vous me direz: ce n’était pas forcément évident, à l’époque, de faire ses devoirs en écrivant sur un parchemin avec une plume d’oie, mais quand même. 

Catherine Deneuve, elle aussi, a claqué la porte de son lycée avant le bac, tandis que Jacques Brel était décrit comme un élève «perturbateur et frondeur» ayant doublé sa 4e puis sa 6e avant de se faire renvoyer de son collège. Nicole Kidman? Elle a déserté l’école à 16 ans. Winston Churchill? Son père disait de lui que ses résultats scolaires étaient «une honte à l’intelligence». Jean Paul Gaultier? Au lieu de viser un diplôme, il préférait envoyer des croquis à Pierre Cardin. Vanessa Paradis? Joe le taxi a été sa vie, du rock au mambo. 

Mais l’Oscar de la meilleure célébrité qui était vouée à rater sa vie avant de devenir une sommité dans son domaine, c’est sans conteste Sylvester Stallone. J’espère que vous êtes assis: le gars a réussi à se faire virer de quatorze écoles différentes avant de prendre la sage décision de jeter l’éponge tout en débutant la musculation dès l’âge de 13 ans. La seule (petite) différence par rapport à Einstein, c’est qu’avec le temps, les muscles cérébraux de Stallone ont fini par se choper une légère élongation… sans doute à force de jouer à chat-bite avec son ami Trump.

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