Nicolas Balmet

Chronique | On a compilé les anecdotes les plus croustillantes sur le Palais Royal

Nicolas Balmet Journaliste

Dans cette chronique, rien n’est en toc. Chaque vérité, cocasse ou sidérante, est décortiquée par un journaliste fouineur et (très) tatillon qui voit la curiosité comme un précieux défaut.

Je dois vous faire un aveu qui, bien sûr, reste entre vous et moi. Je vis à Bruxelles depuis le premier jour de mon humble existence. C’est à Bruxelles que j’ai appris à rouler à vélo et que j’ai perdu mes premières dents (non, pas le même jour, j’apprenais vite). C’est à Bruxelles que j’ai bu mon premier Cécémel et que j’ai mangé mon premier américain-frites. C’est à Bruxelles que j’ai acheté mon premier tee-shirt Anarchy, que j’ai décapsulé ma première bière, que j’ai roulé mes premières clopes pelles bosses. Et c’est encore à Bruxelles que j’ai complètement oublié de visiter un jour… le Palais Royal.

Voilà, c’est dit. Comme c’est un fardeau difficile à porter, je vous saurais gré de ne pas me blâmer, surtout que j’ai une EXCELLENTE explication. Quelle explication? En fait, ça ne mérite peut-être pas des majuscules à «excellente», mais quand même. Disons que pendant longtemps, je n’ai pas porté la royauté dans mon cœur, et ne faites pas semblant de ne pas savoir pourquoi: je vous ai bien dit que j’avais un t-shirt Anarchy, ce qui signifie que je n’aimais pas trop les symboles liés au pouvoir, à l’autorité et tout ça. Je préférais mes potes, Bob Marley et les Pays-Bas, puisque vous voulez tout savoir. 

Au-delà de mon tempérament un brin rebelle, je crois aussi que mon allergie au Palais venait du fait que, durant ma croissance, la seule image que j’en avais, c’était ce moment suspendu où notre cher souverain apparaissait sur la télévision familiale pour y prononcer ses bons vœux sur fond de Brabançonne. Désolé, mais je pense que je n’étais pas fait pour ça. Le décor obsolète, le discours convenu et le rythme léthargique: absolument tout me repoussait dans cette scène, et à chaque fois, j’attendais avec impatience que ça se termine pour pouvoir regarder Quick & Flupke. 

Je vous rassure, aujourd’hui, je vais mieux. Et c’est logique: je suis moi-même devenu poussiéreux. La preuve, il m’arrive de rentrer dans une église en disant «waow, c’est beau», je connais les règles de la belote, j’ai déjà bu plusieurs fois de la gueuze et, il y a quelques années, j’ai même visité… les serres de Laeken. Autant dire que, l’air de rien, je me rapproche sérieusement du Palais Royal. Pour dire vrai, j’ai même commencé à me renseigner sur le lieu, histoire d’en pousser les grilles avec une maîtrise totale du sujet et, ainsi, impressionner ma fille de 7 ans qui, au début, sera forcément déçue de ne pas y apercevoir la reine des Neiges en train de faire des sculptures de glace dans le salon. 

J’ai donc déjà appris des MILLIARDS de choses, et vous savez que j’utilise les majuscules avec parcimonie. Le secret le mieux gardé du Palais Royal? La Salle des Glaces aux murs cuivrés et marbrés, où se trouve une œuvre d’art que la reine Paola a réclamée en 2002 à notre artiste national Jan Fabre. Une œuvre baptisée Ciel des Délices où vit plus d’un million de scarabées recouvrant lustre et plafond. Ce que notre reine ne savait pas, c’est que l’artiste allait en profiter pour glisser dans sa création quelques piques dédiées à Léopold II: pattes de girafes, poissons, mains coupées et crânes… faisant référence aux heures sombres du Congo colonialiste. Inutile de dire que je valide totalement l’effronterie de ce cher Jan Fabre, ce qui ne vous étonne plus guère depuis que vous connaissez mon passé de virulent révolutionnaire. 

Autre élément que j’ignorais en raison de mon snobisme envers la couronne: la présence de… passages secrets dans les souterrains du bâtiment. Où mènent ces chemins désormais à l’abandon? Vers le parc de Bruxelles situé juste en face, et plus précisément vers un complexe antiatomique bâti à la fin des années 1930 afin de protéger notre bon Roi et ses ministres au cas où des bombes viendraient à pleuvoir – en ce temps-là, on craignait même une sacrée drache. 

Il va sans dire que j’ai encore des anecdotes plein mes poches, mais je sens que vous avez désormais envie, vous aussi, d’aller faire un tour là-bas lors des journées portes ouvertes du Palais durant l’été. Je vous propose qu’on s’y retrouve pour faire la visite ensemble, je serai là vers 10h30, mais n’hésitez pas à commencer sans moi, il est possible que je sois scrupuleusement fouillé à l’entrée au vu de mes péchés de jeunesse, je savais bien que je finirais par les payer un jour.

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