Kathleen Wuyard-Jadot
Édito | À nos toutes dernières fois
Y a-t-il quelque chose d’antinomique à profiter des premières pages d’un magazine pour parler de dernières fois? Et bien, pas vraiment voyez-vous, car celles-ci font l’objet de plusieurs reportages dans ce numéro, et ont donc parfaitement leur place dans son introduction. Dans «La der des der», on rencontre ainsi la philosophe française Sophie Galabru, qui leur consacre son dernier livre, Nos Dernières fois. Défier la nostalgie. Et en profite pour pointer que les voyages sont souvent sujets à ce chagrin des départs, prenant en exemple la Fontaine de Trevi et la coutume qui veut qu’on y jette une pièce pour conjurer l’idée du dernier passage.
Un geste que je ne manquerai pas de répliquer dans la première fontaine que je croiserai à Düsseldorf, où je vous emmène juste ici d’ailleurs. Ce n’est ni la première fois que je la mets à l’honneur ici, ni que je la visite, d’ailleurs: depuis que je suis tombée sous son charme il y a sept ans, j’y vais en moyenne une fois par mois. Je suis donc bien placée pour vous affirmer que la répétition de destination, loin d’être monotone, est un excellent antidote à cette «peur des transitions» dont parle Julie Galabru. La ville est toujours là, vous aussi, et ce n’est pas seulement follement apaisant, cela procure aussi l’illusion d’y habiter un peu. Goûter à l’expérience de la vie d’expat’ sans renoncer au confort de son chez soi? En voilà une jolie manière de multiplier les premières fois…
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