Kate Moss, 50 ans d’un modèle impossible à répliquer

Kate Moss fête ses 50 ans et continue d'incarner un rêve inaccessible - Getty Images
Kathleen Wuyard-Jadot
Kathleen Wuyard-Jadot Journaliste

Ce 16 janvier, Kate Moss souffle ses cinquante bougies, et la multiplicité des hommages dédiés à ce cap attestent de la renommée de celle qui est passée depuis belle lurette du métier de mannequin au statut d’icône. Si Elle était The Body, Kate, elle, est La Muse, miroir aux alouettes de milliers de femmes prêtes à tout pour grappiller un peu de sa superbe.

Qu’il semble loin, le temps où, pour une femme, « cinquantenaire » rimait avec « rombière ». Pas si lointain que ça peut-être pour le commun des mortelles, mises sur voie de garage passé un certain âge, mais en ce qui concerne Kate Moss, tout juste quinqua, la distance entre l’image qu’elle renvoie et celle qu’on se fait d’une contemporaine de la reine Mathilde se mesure en années-lumière.

Pour Kate, point de brushing bouffant ni de jupes qui s’arrêtent sagement au genou. Dès ses débuts dans la mode à l’âge de 14 ans seulement, la native de Croydon n’a eu de cesse de se moquer de tous les clichés. Les tops de l’époque ont des airs de statues grecques, avec leurs silhouettes musclées et leurs chevelures luxuriantes? Kate, elle, est un oisillon d’un mètre 70 qui pèse 55 kilos tout mouillés.

Les 90s sont l’ère du fitness, de la beauté californienne sportive et bronzée? Miss Moss fume, boit et festoie, souvent jusqu’au lever du soleil, parfois, dit-on, avec l’aide de certaines substances illicites pour tenir. Qu’importe: aussi affranchie du qu’en-dira-t-on que des clichés auxquels on voudrait qu’elle corresponde, elle incarne une liberté irrésistible, le summum du cool, et devient très vite la grande soeur spirituelle de toute une génération qui ne rêve que d’une chose: lui ressembler.

Kate Moss, Johnny Depp et Iggy Pop rassemblés pour la sortie de ‘Kate: The Kate Moss Book’ en 1995. (Rose Hartman/Archive Photos/Getty Images)

Kate, miroir aux alouettes

Malheureusement, entre le rêve et la réalité, il y a un pas, et il est infranchissable. Pré-Kate, jamais Madame Tout-le-Monde n’aurait rêvé de marcher dans les pas de Naomi, Claudia ou Linda: même avec la meilleure volonté du monde, on ne se réveille pas un matin avec des jambes longues d’un mètre. Pas plus qu’il ne semble réaliste d’espérer se sculpter un ersatz de leurs silhouettes aux contours irréels, trop parfaits pour être vrais.

Mais la sexy souris de Croydon, elle, est bien réelle. Enfin, en apparence, du moins. Car qu’on ne s’y trompe pas, et nombreuses sont celles qui l’ont appris à leurs dépens: n’est pas Kate Moss qui veut. Si la belle est iconique, c’est parce qu’elle est unique, comme affranchie des règles qui régissent le quotidien des modestes humains.

Sa coupe garçonne iconique du début des années 2000? Sur n’importe qui d’autre, l’effet serait « je me suis emmêlé du chewing-gum dans les cheveux et il a fallu tout couper aux ciseaux de cuisine », mais Kate, elle, est un moineau sublime.

Kate Moss et sa coupe façon Jean Seberg en 2001 (Photo par Ron Galella, Ltd./Ron Galella Collection via Getty Images)

Son tatouage au creux des reins? Sur les autres, on appelle ça un tramp stamp et c’est considéré comme le summum de la vulgarité. Sur elle, c’est une oeuvre signée Lucian Freud. Craquer pour le fils de sa meilleure amie? Dans la vraie vie, c’est le scandale assuré, dans le monde de Moss, c’est 8 ans d’amour avec Nikolai von Bismarck et un couple photogénique à souhait.

Passé le cap de la trentaine, la moindre soirée un peu éméchée s’est traduite pour vous par une gueule de bois de 72h au moins et l’apparition instantanée de trois nouvelles rides? Kate, elle, a continué à brûler la chandelle par les deux bouts sans jamais faire mine de fondre, et, audace suprême a récemment réussi une reconversion qui échappe à la majorité d’entre nous: remplacer les cocktails par des tisanes et troquer les clopes pour des cristaux tout en restant coolissime. New age, nouvelle ère, quoi qu’elle fasse, cela devient directement désirable.

La vie en Moss

Kate Moss, éternel modèle, étoile inaccessible, grande soeur spirituelle de milliers de femmes? Grand seum, plutôt, car il n’y a pas que ses frasques qui sont impossibles à imiter sans s’y brûler les ailes: son corps, tellement différent des canons de beauté de l’époque qu’il a créé son propre idéal, est tout aussi inaccessible.

Peut-être, comme elle l’a répété, que « nothing tastes as good as skinny feels », mais même en s’affamant, et Dieu sait que certaines ont essayé, sa dégaine est impossible à répliquer. C’est qu’elle n’est pas tant maigre que menue, une brindille aux joues pleines qui lui confèrent une incroyable fraîcheur, même aux petites heures.

50 ans et toujours aussi magnétique. (Photo by Marc Piasecki/WireImage)

Kate ne fait pas d’effort, elle est, tout simplement, et essayer de lui ressembler est forcément voué à l’échec. Mais si c’était ça, justement, son secret, et ce qui explique pourquoi à 50 ans, après 36 ans sous le feu des projecteurs, sa lumière ne fait pas mine de se tamiser?

Qui rêve un impossible rêve brûle aussi d’une possible fièvre, chantait Brel: peu importent les chances, peu importe le temps quand on tente d’atteindre l’inaccessible étoile. Vouée à l’échec, cette quête s’inscrit sur la durée et la croyance qu’avec un peu plus de temps et de détermination, on pourra y arriver. Et si même on n’y arrive jamais, peut-être que ce qui importe n’est pas tant la destination que le voyage, douloureux parfois, pas toujours agréable, mais jamais ennuyeux quand on voit la vie en Moss.

Lire aussi:
Kate Moss, de supermodel et icône rock à prescriptrice bien-être
9 top models belges se réunissent pour (re)prendre la pose

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content