Kathleen Wuyard
Libérées, ciselées: la gaine, nouvel outil de libération féminine ?
Il faut souffrir pour être belle. Très jeune, les femmes intègrent cette formule qui garantit de les transformer. Ce que l’adage ne précise pas, c’est que cette souffrance prend autant de formes qu’il y a d’injonctions cadenassant de ce qui est beau ou non.
Les courbes doivent être domptées, ce qui est déjà désagréable, mais à cette guerre menée contre sa chair, s’ajoutent d’autres douleurs. On pense à Bridget Jones, sommée de rentrer son ventre dans une culotte gainante, et à sa mortification quand, celle-ci ayant accompli sa mission, le personnage incarné par Hugh Grant la découvre avec stupéfaction.
A la meurtrissure des chairs s’accole la brûlure de la honte. Et pourtant, gaines et autres corsets font un retour en force. Version 2023, ils se réincarnent en version sexy, le beige faisant place au noir et à la dentelle, mais aussi en… «outil d’émancipation des femmes», rien que ça. Porté par le succès de la gamme Skins de Kim Kardashian, le marché du shapewear connaît un formidable essor.
Et d’après ses nombreuses adeptes, la gaine ne serait rien de moins qu’un accessoire essentiel de l’empowerment de la femme moderne, plus tant comprimée que sculptée. Libérées, ciselées ? Ces néo-outils de compression restent une forme d’oppression. A savoir si on choisit de la subir. A chacune sa douleur exquise.
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