Dans cette chronique, rien n’est en toc. Chaque vérité, cocasse ou sidérante, est décortiquée par un journaliste fouineur et (très) tatillon qui voit la curiosité comme un précieux défaut.
L’air de rien, on peut tout doucement commencer à admettre l’idée que l’été est fini mais que c’est pas grave parce qu’il y en aura un autre l’année prochaine. Et une fois de plus, on doit bien avouer qu’on s’est encore bien fait transpercer la chair par ces abominables créatures de Satan, alias les moustiques. Comme d’hab’, on a voulu de la chaleur et une peau hâlée, mais on a eu des vampires et un épiderme ravagé.
C’est chaque année la même chose, alors que, chaque année, la télé nous balance douze reportages par jour sur les moustiques qui, chaque année, sont de plus en plus nombreux à nous inoculer leurs maladies virales aux symptômes dignes d’un scénario Netflix. Mais notre réaction est toujours d’une bêtise stupéfiante: même pas peur.
Petite parenthèse. Ça fait belle lurette que j’ai trouvé la parade contre les moustiques, mais bien sûr, on ne m’écoute jamais. Néanmoins, allez, comme je sens que ça vous taraude, je vous en touche un mot rapidos. En fait, voilà, je pense qu’il faudrait simplement créer une Croix-Rouge dédiée aux moustiques eux-mêmes, où ils pourraient aller se chercher du sang dès qu’ils en ressentent le besoin, sans enquiquiner les humains.
Concrètement? Ils arrivent, ils prennent un ticket, ils s’inscrivent au guichet, puis ils attendent sereinement leur rendez-vous dans un joli couloir où je songe même à leur diffuser une agréable musique (1). Ensuite, hop, chacun à son tour, ils reçoivent une petite dose de sang pour apaiser leur soif. Et qui c’est, après ça, qui dort sur ses deux oreilles? A la fois les moustiques et les humains (même si je dois juste encore vérifier que les moustiques ont bien des oreilles, je vous tiens au courant) (2).
Bref. Chaque année, donc, nos vacances sont aspergées de citronnelle et autres armes de défense qui font bien marrer les moustiques. Et chaque année, on y retourne quand même. Pire, on pense déjà à y retourner alors qu’on vient à peine de revenir au bercail et que notre peau fouette encore le sang frais. La raison? Cette phrase immuable prononcée par la personne qui partage notre vie: «Chou, et si on réservait déjà nos prochaines vacances? J’ai lu dans Femmes d’Aujourd’hui que c’était hyper-important pour le moral de se projeter.»
Aussi, chers lecteurs assidus, pour que vous arrêtiez de faire indéfiniment la même erreur, je vous ai dégotté le plan parfait: réserver des vacances en Islande. Car figurez-vous que, là-bas, ce n’est pas du tout un hasard si les gens peuvent aller pêcher paisiblement des aiglefins à bord de leurs beaux chalutiers, profiter tranquillou des aurores boréales en écoutant Björk et se laisser pousser la barbe pour entretenir leur réputation de vikings grosses feignasses.
Non, si les Islandais sont aussi pépères, c’est parce que les moustiques n’ont pas encore atteint leur contrée. L’explication est simple: l’instabilité du climat, avec des incessantes périodes de gel et de dégel, empêche les moustiques d’achever leur cycle de reproduction.
Voilà, je pose ça là, vous en faites évidemment ce que vous voulez. Néanmoins, je vous suggère de ne pas trop traîner non plus pour réserver: avec le réchauffement climatique, il va sans dire que plusieurs espèces de moustiques sont déjà dans les starting-blocks afin de pourfendre de l’Islandais à tire-larigot. Parmi elles: le redoutable moustique requin, capable de transmettre à la fois le chikungunya, la peste, le choléra et le Covid long en une seule piqûre. Je peux vous dire qu’après cette invasion-là, même Ryanair n’osera plus y atterrir, autant être prévenu. Restera alors un seul souci à résoudre: «Chou, t’es sûre qu’il y a du soleil en Islande? Parce que dans Femmes d’Aujourd’hui, ils disent que la vitamine D est hyper-importante pour l’organisme.»
Nicolas Balmet
(1) J’ai d’ailleurs une théorie à ce sujet: si ça se trouve, depuis tout ce temps, c’est simplement le bruit de leur propre bzzz qui rend les moustiques si nerveux; à ma connaissance, on n’a jamais essayé de les calmer avec du Mozart ou du Maître Gims.
(2) Après une brève recherche, il s’avère que, non, les moustiques n’ont pas d’oreilles. Ce qui, au passage, anéantit le besoin de leur mettre de la musique dans les files d’attente, tant mieux, ça fait des coûts en moins.
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