Qui est le prince Philip, roi des gaffeurs, roc de la reine Elizabeth II et adepte des blagues pourries ?

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Aussi gaffeur et blagueur qu’Elizabeth II est réservée, le prince Philip, 95 ans, qui prendra sa retraite à l’automne, seconde depuis plus d’un demi-siècle, solidement et dans l’ombre, son épouse-souveraine.

Déjà en 2011, le duc d’Edimbourg avait estimé qu’il avait « accompli (s)a part » du travail aux côtés de la reine à la longévité sans précédent.

Philip, qui aura 96 ans le 10 juin, avait lui-même battu en 2009 le record de longévité des princes consorts britanniques détenu par Charlotte, épouse de George III. Parrain, président ou membre de plus de 780 organisations, il continuera une fois à la retraite à les soutenir mais ne jouera « plus de rôle actif en participant à des engagements », selon le Palais de Buckingham.

De souche allemande, Philip de Grèce et du Danemark est né à Corfou sur une table de cuisine le 10 juin 1921. A l’âge de 18 mois il est évacué dans un lit fait de cartons d’oranges à bord d’un navire britannique, avec ses parents et ses quatre soeurs aînées, alors que son oncle le roi de Grèce est déposé.

L’adieu à la marine

Il connaît ensuite une enfance solitaire et agitée, entre la France, l’Angleterre et l’Allemagne. Sa mère, dépressive, est hospitalisée puis entre dans les ordres, tandis que son père part s’installer à Monaco. Ses soeurs se marient quant à elles à des Allemands, dont l’un est un dignitaire nazi.

Recueilli par des parents, il suit une scolarité nomade, avant de rejoindre la Royal Navy et de prendre une part active dans la Seconde Guerre mondiale.

Photo officielle du couronnement d'Elizabeth, en juin 1953
Photo officielle du couronnement d’Elizabeth, en juin 1953© Wikicommons

Il a 18 ans lorsqu’il rencontre pour la première fois la jeune Elizabeth, qui n’en a que 13 mais tombe sous le charme du bel officier. Leur union est d’abord vue d’un mauvais oeil par les parents de la jeune princesse: Philip est un prince étranger, sans le sou et peu policé. Mais « Lilibet » l’adore et le mariage se fait le 20 novembre 1947 en l’abbaye de Westminster.

Le couple s’installe dans la foulée à Malte, où le prince Philip vient d’être muté. « Philip Mountbatten », titre qu’il a pris à ses noces, est fait commandant et compte bien continuer à poursuivre sa carrière navale.

La mort prématurée du roi George VI en 1952, qui propulse Elizabeth sur le trône, est pour lui un déchirement, selon ses proches. Il lui faut abandonner ses ambitions et devenir à jamais le second de sa femme, la reine.

« Mon roc »

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« Je ne sais pas combien de temps il va tenir, il est comme mis en bouteille », dira l’ex-roi de Yougoslavie. Il se résigne à marcher deux pas derrière son épouse, sans pouvoir jamais entièrement cacher sa frustration.

Ainsi, le jour où Churchill a conseillé que la famille prenne le nom de Windsor au lieu de celui de Mountbatten, Philip aurait hurlé: « je ne suis qu’une foutue amibe, ici! ». Mais cela n’ira pas au détriment de sa loyauté envers la reine. « Mon premier, second et ultime emploi est de ne jamais laisser tomber la reine », a-t-il dit.

Son tempérament fougueux et complètement opposé au « politiquement correct » lui font commettre des gaffes, parfois aux relents xénophobes. « Vous vous battez toujours à coups de lances? », demande-t-il à un Aborigène lors d’une visite en Australie en 2002. A un garçon de 13 ans qui lui confie son rêve de devenir astronaute, il lâche, en 2001: « tu es trop gros ».

Un langage peu protocolaire dont la reine ne lui tient pas rigueur, pas plus que ses sujets qui trouvent qu’il apporte un peu de légèreté à la monarchie et lui savent gré de sa constance auprès d’Elizabeth II.

Le meilleur hommage rendu à Philip vient d’ailleurs de son épouse elle-même, qui a déclaré: « c’est mon roc. Il a tout simplement été ma force et mon soutien ».

Le prince Philip est aussi spécialiste en blagues parfois de mauvais goût

Le prince Philip reste irrémédiablement associé aux blagues politiquement incorrectes et parfois de très mauvais goût – teintées de racisme ou de sexisme – qu’il a distillées au cours de ses engagements officiels:

– Inaugurant une plaque dans un stade de cricket à Londres: « Vous êtes sur le point de voir l’expert mondial des inaugurations de plaques ».

– A Malala Yousafzaï qui a survécu à une attaque des talibans contre un bus d’écolières en 2013: Les enfants « vont à l’école parce que leurs parents n’en veulent pas à la maison ».

– A l’approche de son 90e anniversaire en 2011: « Ca commence à tomber en morceaux ».

– A une jeune femme qui lui offre des fleurs, en 1984 au Kenya, il lance: « Merci Madame… Vous êtes bien une femme, n’est-ce-pas ? ».

– « Je me ferais arrêter si j’ouvrais la fermeture éclair de cette robe », s’amuse-t-il auprès d’un policier, en avisant une jeune femme blonde moulée dans une robe rouge zippée sur le devant, en 2012.

– Il brise le coeur de millions de ménagères en 1966 en assénant en public que « les femmes britanniques ne savent pas cuisiner ».

– « On dirait que vous êtes prêt à aller au lit ! », lance-t-il en 2003 au président nigérian Olusegun Obasanjo, vêtu d’une tenue traditionnelle.

– Après un concert de Tom Jones en 1969, il félicite, à sa manière, le chanteur: « Avec quoi vous gargarisez-vous? Des cailloux ? ».

– Lors d’un dîner à Rome en 2000, le Premier ministre italien Giuliano Amato lui propose du vin italien. Et le prince de répondre: « Que l’on m’apporte une bière. Je me fiche laquelle, mais que l’on m’apporte une bière ».

– « Ah, c’est vous qui conduisez cette voiture horrible ? On la voit souvent en allant au château de Windsor », lance-t-il au chanteur Elton John en 2001.

– « Ne restez pas trop longtemps, sinon vous allez avoir des yeux bridés », recommande-t-il à des étudiants britanniques en stage en Chine en 1986.

– A une troupe de danseurs noirs, il lâche en 2009: « Vous êtes tous de la même famille? ».

– « Vous vous battez toujours à coups de lances? », demande-t-il à un Aborigène lors d’une visite en Australie en 2002.

– « Donc, vous avez réussi à ne pas être mangé ? », lance-t-il en 1998 à un étudiant revenant d’un trek en Papouasie Nouvelle-Guinée.

– En 1994, à un riche habitant des îles Caïmans, il dit: « Vous descendez presque tous de pirates, non? ».

– A propos d’un compteur électrique vieux et défectueux lors d’une visite dans une usine écossaise, en 1999, il avance: « Il a sans doute été installé par un Indien ».

– « Mais comment faites-vous pour convaincre les gens du coin d’arrêter de boire le temps de passer leur permis ? », demande-t-il à un moniteur d’auto-école en Écosse en 1995.

– « Vous ne pouvez pas être ici depuis longtemps, vous n’êtes pas bedonnant! », lâche-t-il à un Britannique à Budapest en 1993.

– « Les Philippines doivent être à moitié vides, vous faites toutes fonctionner ici le NHS », le service de santé public britannique, décoche-t-il en 2013 à des infirmières philippines travaillant dans un hôpital au Royaume-Uni.

– Pendant la récession de 1981, il dit des chômeurs: « Je ne comprends pas: d’abord ils disent qu’ils veulent plus de loisirs, et maintenant ils se plaignent d’être sans emploi ».

– « Combien de personnes avez-vous fauché ce matin avec ce truc? », demande-t-il à une personne en fauteuil roulant, à Londres en 2012.

– L’orchestre d’une école de jeunes élèves handicapés l’accueille en musique au Pays de Galles en 1999. Il lance aux malentendants: « Sourds? Ca ne m’étonne pas que vous le soyez si vous écoutez ça souvent! ».

– « Tu ne pourras jamais voler là-dedans, tu es trop gros », affirme-t-il en 2001 à un adolescent de 13 ans qui rêve de devenir astronaute.

– Lors d’une visite au Canada en 1969: « Je déclare cette chose ouverte quelle qu’elle soit ».

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