Féministe et engagée | Alba Pregja: « La sororité implique de comprendre qu’il y a de la place pour nous toutes » (1/8)
Passée par les bancs de l’ULB et les bureaux du média international Politico, cette maman de deux enfants originaire d’Albanie déconstruit les croyances limitantes héritées du patriarcat, un cliché à la fois.
« C’est quand je suis tombée enceinte de mon premier enfant, une fille, que j’ai eu le déclic », se souvient Alba Pregja. Chez elle, le désir de prouver à sa petite Ella, 5 ans aujourd’hui, « que sa maman osait suivre ses rêves » mais aussi, qu’à son échelle, elle construisait « un monde meilleur pour elle » a débouché sur la création de Womade, un espace de coworking et d’incubation d’idées entièrement féminin.
Comme une forme d’exclusion inversée, dans un monde aux airs de boys club gigantesque ? Que du contraire : « A l’époque, il n’existait pas encore de lieu de ce type en Belgique, et expliquer mon projet n’a pas été simple parce que notre vision du monde est biaisée par des siècles de patriarcat. Plusieurs hommes ont déjà postulé pour rejoindre le coworking. Je ne dis jamais non et je les invite à visiter l’espace pour leur expliquer la synergie du projet. Ils peuvent louer l’espace et sont les bienvenus à nos événements, mais le coworking est réservé aux femmes. »
Un entre-soi positif et motivant
« Cet entre-soi est important parce qu’il renforce la synergie qu’il peut y avoir entre nous. Les femmes qui viennent travailler ici ne le font pas tant parce que c’est 100 % féminin que parce qu’elles aiment l’ambiance qui s’en dégage. On s’inscrit dans une forme d’entraide bienveillante et si une des coworkeuses célèbre un succès professionnel, ça motive toutes les autres qui n’ont pas encore réalisé leurs rêves et peuvent se nourrir de cette énergie. »
« Les femmes ont le devoir de s’engager »
Alba Pregja
Un changement de paradigme dont Alba reconnaît qu’il demande un peu d’effort à la mise en place. « Je regardais Cendrillon récemment avec ma fille, et ses demi-sœurs la cachent littéralement pour exister. C’est l’antithèse de la sororité : si une femme brille plus que les autres, cela ne veut pas dire que les autres n’existent pas. Pour moi, la sororité implique de comprendre qu’il y a de la place pour nous toutes », assure Alba. Qui s’étonne de rencontrer chez Womade des femmes « qui disent qu’elles ne sont pas féministes, comme si c’était un gros mot » : « Ça m’énerve, parce qu’il existe des différences de traitement selon le sexe, et il y a encore beaucoup de travail à faire pour les gommer.
Pour moi, les femmes ont toutes le devoir de s’engager pour bousculer ce statu quo, en fonction de l’énergie et du temps dont chacune dispose. »
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